Blog du Crif - Zemmour enchanteur ou bonimenteur ?

22 Octobre 2021 | 325 vue(s)
Catégorie(s) :
France
Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

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Actualité
Portrait de Jean Pierre Allali
ADIEU SHIMON
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29 Septembre 2016
Catégorie : Actualité

L'ancien président de l'État d'Israël, mon ami Shimon Peres, prix Nobel de la Paix 1994 est mort dans la nuit du 28 septembre 2016. Il avait 93 ans.

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Il est peut être temps de poser à ceux qui relaient les théories du complot - en particulier sur les réseaux sociaux - des questions déstabilisantes.

Dans une interview donné à Patrick Perotto de L'Est Républicain, je suis revenu sur l’un des défis des années à venir : combattre les idées de haine qui se répandent sur internet

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

Voici le discours que j'ai prononcé après le vote de l'assemblée générale du Crif.

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Opinion

Par Chloé Blum

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

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Zemmour adoubé par Le Pen (Jean-Marie) : la scène pourrait faire partie du registre des dernières blagues juives si l’enjeu n’était pas si grave. On imagine bien ce que le rapprochement du Kouign Amann avec la tafina peut générer de commentaires burlesques, mais quel plus bel exemple pour le creuset français que cette fusion inattendue.

Quel beau pays, la France, où l’huile peut se mélanger à l’eau, mais dans la scène présente, ce n’est plus Brecht qui tient la plume mais plutôt Déroulède avec Maurras en suppétif.

Serait-ce ça le dernier avatar du woke coco !

Il faut donc prendre Zemmour au sérieux puisque sa cote de popularité est en progression constante et qu’il cartonne semble-t-il dans les sondages. Le trouble que celui-ci engendre dépasse sa seule candidature éventuelle à la Présidence de la République. “C’est la première fois que ce vieux pays gallo-romain serait gouverné par un Juif“, déplorait en 1936, Xavier Vallat à propos de Blum. Les choses ont bien changé, car c’est à l’abri de son nom que le journaliste ratisse à la droite de la droite et se propose de sauver la France ? Sauver la France ! Rien que ça…

Quelles voix inspirent Zemmour ? Celles de Jeanne d’Arc qui lui assignaient aussi une mission salvatrice, au nom de sa foi, au nom de la France et de son roi. Bouter l’anglais hors de France tandis que Zemmour se propose de bouter l’arabe et l’islam hors de l’hexagone.

Un diagnostic simple. Une déploration multiple qui joue sur les peurs de l’époque

Son diagnostic est limpide : le malheur français aurait une raison simple, la présence dans les bagages des populations d’origine arabo musulmane, d’un islamisme conquérant et destructeur. Il serait en train de miner ce pays. Simultanément il propose de remettre d’autres pendules à l’heure : celle de la place des femmes, de leur statut, de leur liberté d’être, dans l’effondrement de la famille; celle de la responsabilité de Vatican II dans l’effondrement de l’héritage chrétien; celle du mariage pour tous dans l’effondrement de la virilité en Occident ; celle du Mac do dans l’effondrement des vertus culinaires françaises etc. etc.

Cette déploration multiple trouve un écho certain car elle sait jouer sur les peurs de l’époque, sur la crainte d’un avenir insaisissable, parsemé de menaces nouvelles, inconnues, dont le Covid est le plus spectaculaire signe symbolique.

Comment penser ce succès ? Voilà des années que les peurs planent sur nos têtes, comme dans le film de Bergman, L’œuf du serpent, et annoncent le pire. Les temps ont changé mais c’est à partir d’un registre de pensée identique à celui-ci que cet œuf risque d’éclore.

Or il y a eu plusieurs manières de penser cette étrange défaite qui vient, prophétisée par Zemmour, soit par le déni du réel entretenu par toutes les élites françaises depuis cinquante ans, soit par l’incantation conjuratoire, d’abord lepéniste, aujourd’hui zemmourienne.

Les avertissements n’avaient pas manqué

Pourtant les avertissements n’avaient pas manqué : Christopher Caldwell annonçait dès 2014 la mutation démographique et prédisait celle que l’islam allait imposer dans la société française. Une expert du renseignement français, Enyo, annonçait[1] simultanément les violences nées de cette confrontation dont le 11 septembre 2001 constitue le premier acte de guerre contre l’Occident. Pierre-André Taguieff analysait depuis longtemps cette nouvelle ligne de rupture que l’antisémitisme islamiste avait installée en France en prenant les Juifs pour cible première. Tout ceci est vrai, mais tout ceci ne saurait fonder le socle d’une refondation idéologique telle que Zemmour la rêve tant celle-ci est à l’opposé de l’esprit républicain, celui défendu par Marc Bloch.

En défendant Pétain, supposé protecteur des Juifs français, le féru d’histoire Zemmour oublie les mots du créateur des Annales : “Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims, ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la fédération“. Cette fête fondatrice de la République propose d’abord un principe avant d’être un système politique : celui de l’universalité du genre humain que Vichy avait contribué à détruire. En se soumettant à Hitler, Pétain et ses complices se sont soumis à la vision du monde proposée par les nazis.

Zemmour fait son miel de l’aveuglement des élites dirigeantes de droite et de gauche

Il y a une réalité de l’offensive islamiste et la France en a déjà payé le prix du sang. Ce prix est énorme. Faut-il pour autant lui opposer une vision maurassienne de la France, supposée seule capable de relever le défi imposé par Ben Laden, les Frères musulmans, l’Etat islamique ou le Califat d’Erdogan. Avoir les yeux grands ouverts sur cette menace ne saurait obéir à d’autres incantations symétriquement semblables. Zemmour fait son miel de l’aveuglement des élites dirigeantes, de droite et gauche dans ce pays à ne pas nommer le réel préférant les jeux politiciens reproduisant un pouvoir délibérément myope.

La gauche a eu une responsabilité écrasante dans ce déni, en ayant fait de l’antiracisme incantatoire sa dernière béquille idéologique, alors que dans le même temps Mitterrand faisait le choix de la promotion télévisuelle de JM Le Pen afin de mieux éroder la droite parlementaire. Chirac ne faisait pas mieux. En dénonçant le “bruit et l’odeur” de la cuisine des immigrés, il ne s’attaquait pas aux raisons de leur non-intégration tandis que leur nombre ne cessait de croitre.

En quelques années la mondialisation a imposé ses mécaniques mais aussi ses ravages. La nouvelle donne technologique marginalise tous ceux qui ne possèdent pas les moyens culturels et financiers de lui faire face. Par contre les Pandora papers nous apprennent que pour le bonheur de quelques-uns, les flux financiers occultes circulent plus vite que les remboursements de la sécurité sociale. Le déclassement social des laissés pour compte a construit cette France périphérique où s’affrontent désormais ethnies, tribus ou gangs. Les “masses” (comme on disait) se sont évaporées et le prolétariat des cités cherche dans les sourates de nouvelles raisons d’espérer. Les territoires que la République a perdus, sont d’abord, en France, ceux de la relégation. Ce que les bobos de gauche n’ont pas compris, c’est que la bonne conscience est insuffisante pour harmoniser le monde et les “quartiers” (comme dit la nov langue inclusive). Quant au peuple, il reste à réinventer.

Aujourd’hui le solde de ces politiques est limpide : d’une part une population d’origine arabo musulmane sensible aux sirènes de l’islam radical cultivant un séparatisme culturel et d’autre part la pensée magique de Zemmour. Comment compte-t-il reconstruire cet archipel français à la dérive ? En mettant en œuvre quelle politique ? En développant quel rapport à l’idée européenne ? En promouvant quelle politique migratoire ? En alignant la France sur la Hongrie ? Le super patriotisme selon Zemmour développe trop de zones d’ombre favorisant une dislocation encore plus grande. A l’abri de son nom, il légitime la parole de ceux qui auraient été ravis de le rafler au Veld’hiv.

Est-ce cela le dernier mot que la France attend ?

 

Jacques Tarnero

1. Anatomie d’un désastre: L’Occident, l’islam et la guerre au XXIe siècle Broché. Enyo. Denoël. 2009

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