Yonathan Arfi

Le nouveau Président du Crif, un militant juif et citoyen

Cérémonie du 80ème anniversaire du soulèvement du Ghetto de Varsovie - Discours du Président du Crif

20 Avril 2023 | 148 vue(s)
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Actualité

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

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Comment les réseaux sociaux sont passés de l'effroi à la solidarité sans précédent avec les telavivim

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Les femmes, Daech et le Djihad
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19 Novembre 2015
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« Une femme retranchée dans l’appartement, qui a activé son gilet explosif au début de l’assaut, est morte »

Vendredi soir en l'espace de moins d'une heure, la France a connu le plus grave attentat jamais perpétré sur son territoire. En l’espace d’une trentaine de minutes, des terroristes ont attaqué la capitale à 7 endroits avec une minutie et une détermination macabres. 129 morts, 350 blessés dont 100 dans un état très grave. Les chiffres donnent le tournis. Moins de 48 heures après cette nuit d’horreur, n’en déplaise à certains, il est juste le temps de pleurer.

Des visages sur nos morts
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14 Novembre 2015
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Les réseaux sociaux se sont mobilisés pour retrouver les personnes portées disparues, ceux dont nous n’avions pas de nouvelles. Les Amis, les familles, les anonymes partagent descriptions, photos et espoir.

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#JeNaiPasPeur
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14 Octobre 2015
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8H30. Au moment où les employés de la mairie qui font la circulation rangent leurs gilets jaunes, dans les classes, les écoliers ouvrent livres et cahiers. Alors que les hommes sortent de l’office du matin, croisant ceux qui distribuent l’édition du jour du quotidien Israël Hayom, les lycéens patientent à l’arrêt de bus, smartphone en main. Si le rideau de fer des boutiques est encore fermé pour une demi-heure, le cafetier lui prépare déjà son 17e café afour. Voilà à quoi ressemble la vie matinale à Raanana, petite ville près de Tel-Aviv. Et puis hier, mardi, tout a basculé.

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13 Octobre 2015
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Il est temps d'affirmer haut et fort que les islamistes veulent tuer des juifs !

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L'Europe doit se mobilier pour le sort des réfugiés

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12 Août 2015
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La ville blanche sera à l'honneur demain sur les berges de Paris Plage

Pages

Mercredi 19 avril une foule dense s’est réunie sur le parvis du Mémorial de la Shoah pour participer à la Commémoration du 80ème anniversaire du soulèvement du Ghetto de Varsovie organisée par le Crif avec le soutien actif de sa commission du Souvenir, présidée par le Dr Bruno Halioua.

 

 

Mesdames et Messieurs, chers amis,

Il y a mille façons de résister.

Le 18 septembre 1946, dans les ruines du Ghetto de Varsovie, on fait des fouilles. Des fouilles quasi archéologiques. On soulève des kilos de gravats, on ventile, on sonde le sol et, surtout, on espère chercher au bon endroit.

Que cherche-t-on ? Un homme le sait. Il sait que c’est ici, au 68 rue Nowopliki, que sont cachés des documents de très grande valeur. Cet homme c’est Hersh Wasser. Et s’il sait que c’est ici, c’est parce que c’est lui et son ami qui ont choisi ensemble, dans le plus grand secret, cette adresse pour les enfouir, après les déportations massives du 22 juillet 1942.  Jadis se trouvait ici une école élémentaire, l’école Ber Borochov. Ces documents, ils les ont confiés, à Israël Liechtenstein, le directeur de l’école.

Le complice du secret d’Hersh Wasser, c’est l’historien Emanuel Ringelbum, un homme dont le nom a traversé l’anonymat du plus grand crime de l’Histoire, la Shoah. Et le trésor que l’on recherche ce matin-là ce sont les archives secrètes du collectif clandestin qu’il a constitué dans le Ghetto de Varsovie ; le groupe Oneg Shabbos dont tous les membres, sauf deux, ont suivi le destin tragique des Juifs du Ghetto : massivement déportés et immédiatement mis à mort à Treblinka.

Alors soudain, quand Hersh Wasser entend un choc contre de la tôle, il sait que l’intuition d’Emanuel Ringelblum était la bonne : les traces des ultimes moments des Juifs du Ghetto sortiront des entrailles de la terre et deviendront un témoignage et une preuve, destinés au monde entier. Ce jour-là, une boîte est retrouvée. C’est le premier lot d’archives de l’Oneg Shabbos. Si Hersh Wasser n’était pas parvenu à s’évader du convoi qui l’emmenait mourir à Treblinka, il est fort probable que ces archives ne fussent jamais retrouvées. Double miracle : la survie de Wasser et la conservation des archives.

Une deuxième partie des archives est enterrée dans deux gros bidons de lait en février 1943, à la même adresse. Elles seront retrouvées par hasard par des maçons polonais en décembre 1950.

Un troisième lot d’archives ne fut jamais retrouvé : enterré le 4 avril 1943 au 34 de la rue Swietojerska il était consacré à la résistance juive.

Si divers ghettos ont compilé des archives clandestines, l’Oneg Shabbos fut, selon l’historien Samuel D. Kassow, l’entreprise la plus importante. Emanuel Ringelblum organise et conceptualise les archives, il encourage à écrire. De ses archives il fait un centre de résistance civile, animé par la conviction qu’il faut relier l’histoire des souffrances singulières endurées par les Juifs à l’histoire universelle. Il tente dans un ultime sursaut de ne pas les couper du monde encore un peu plus qu’ils ne l’étaient déjà. Il tente non pas d’écrire l’histoire des Juifs mais bien d’écrire celle des Juifs dans l’Histoire.

« Ce que nous avons été incapables de crier et de hurler à l’adresse du monde, nous l’avons enfoui dans la terre » écrit en août 1942 David Graeber, 19 ans. Écrire était bien évidemment un acte de résistance, mais pas seulement. Les membres d’Oneg Shabbos accomplissent aussi la plus noble des missions en restituant des éléments de leur vie aux Juifs du Ghetto : qui ils étaient, leurs noms, leurs familles, leurs engagements, tout ce qui fait l’existence et le souvenir que chacun laisse après son passage sur terre.

Consigner par écrit, c’est aussi donner la preuve du crime. Dans le second lot d’archives, un document est intitulé « La dernière étape de la déportation c’est la mort ». Il ne laisse aucun doute sur la connaissance que les victimes du projet nazi avaient du destin immédiat qui les attendait.

Le 19 avril 1943 est un lundi. Au matin, ce jour-là Emanuel Ringelblum a vu Israël Liechtenstein rue Nalewki. Après leur entrevue, Liechtenstein a tenté de rejoindre sa planque ; personne ne l’a jamais revu. Un peu plus tard, la même journée, à l’intérieur du Ghetto, l’Organisation Juive de Combat menée par son chef Mordechaï Anielewicz lançait l’offensive, soutenue par tous les groupes de la jeunesse juive.

La suite de cette histoire, nous l’avons commémorée ici chaque année. Cette révolte était héroïque par son audace et parce que ce cri était un baroud d’honneur. Nous en avons gardé un enseignement, celui de la dignité. Il s’agissait ainsi de redonner un sens à cette vie qui se terminait dans une profonde absurdité, une existence où la mort se profilait dans un « pourquoi ? » auquel personne n’a jamais pu apporter de réponse.

« Personne ne sortira d’ici vivant » avait dit Arié Wilner. Il y en eut, quelques-uns : Marek Edelman, Simha Rotten alias « Kacik », Antek Zuckerman, entre autres... Et ils ont respecté leur promesse de témoigner.

80 ans jour pour jour après le début du soulèvement, il nous faut prolonger leur récit et réaffirmer que, non, aucun juif ne s’est laissé assassiner sans résister d’une manière ou d’une autre. Non, les Juifs ne se sont pas laissé conduire docilement à la mort. Mais surtout que, si le monde l’avait voulu, si le monde n’avait pas abandonné les Juifs, alors le pire ne serait pas survenu.

 

 

La question n’est pas de savoir ce que chacun de nous aurait fait là-bas, il y a 80 ans. Mais plutôt ce que chacun peut faire ici et maintenant. De la résistance visionnaire des membres d’Oneg Shabbos, de celle héroïque des insurgés qui ont fait face, trois semaines durant, à la plus puissante armée du monde, retenons la leçon que les voies du renoncement nous serons toujours interdites.

À l’heure où l’antisémitisme renaît de ses cendres, loin – heureusement – du paroxysme de la Shoah, mais loin aussi, – malheureusement –, de la sérénité à laquelle les Juifs de notre pays devraient pouvoir prétendre, refusons la fatalité.

Restons vigilants et combatifs face aux perversions de l’Histoire qui font qu’aujourd’hui, on en arrive à reprocher aux Juifs de s’accaparer le statut de victimes… comme si la Shoah avait été un privilège. Alain Finkielkraut avait eu cette formule : « De quoi les Juifs sont-ils coupables ? d’Auschwitz ». Après avoir hurlé des siècles durant aux Juifs de rentrer chez eux en Palestine, on reproche aujourd’hui à l’État d’Israël sa simple existence. Alors que les Juifs ont été aux premiers rangs des combats pour l’égalité et la diversité dans notre pays, s’est développé un antisémitisme parmi des victimes de racisme. Alors que l’on reprochait aux Juifs d’être en marge de la société, l’antisémitisme complotiste leur reproche aujourd’hui d’être au cœur du pouvoir. Voilà l’Histoire qui s’écrit sous nos yeux.

Gustawa Jarecka, membre de l’Oneg Shabbos écrivait à propos de leur démarche : « La chronique doit être lancée comme une pierre sous la roue de l’Histoire afin de l’arrêter ».

Dans son sillage, gardons précieusement l’espérance que tôt ou tard notre message sera entendu pour ce qu’il est : un cri d’alerte universel pour modifier le cours de l’Histoire.

Je vous remercie.

 

Yonathan Arfi, Président du Crif