Crédits photo : ©Aymeric Guillonneau
Chers amis,
« Je suis un arbre de Judée dans la forêt de France. »
Ce sont les mots de l'un des plus grands écrivains de langue française, Albert Cohen dans une lettre adressée à une autre grande conscience, Joseph Kessel. Peut-on trouver aujourd’hui, en plantant ensemble cet arbre à la mémoire d’Ilan Halimi, plus belle définition de l’identité juive française ?
Cet olivier porte en lui à la fois cette fidélité aux racines juives et cet enracinement profond dans les valeurs, la culture, la terre de France.
Planter un arbre, c’est un geste porteur de sens. C’est aujourd'hui, ici à Saint-Ouen, à la fois un acte de mémoire, un acte de résistance, un acte d’espérance.
C’est dire que la vie l’emportera sur la barbarie.
Chers amis,
Il y a mille manières de lutter contre l’antisémitisme. Planter cet arbre en est une.
Mais, chère Valérie Pecresse, refuser d'accorder une subvention à un festival qui accueille un groupe prônant la haine et soutenant le Hamas et le Hezbollah, en est une autre. Au nom des institutions juives de France, bravo pour votre fermeté républicaine !
Conditionner les aides publiques à l'enseignement supérieur, y compris à des institutions prestigieuses comme Sciences Po, à un engagement clair contre la haine et les discriminations : c’est encore une manière de lutter et vous l’avez fait. Et, avec la démarche décisive de Luis Vassy, le nouveau directeur de Sciences Po, vous avez ainsi contribué â faire reculer l'antisemitisme !
Chère Valérie Pecresse, chers amis,
Vos actions sont le témoignage de cette réalité complexe, que je dis ce soir devant vous, comme je le dis à mes amis américains ou israéliens : il y a de l'antisémitisme en France mais la France n'est pas un pays antisémite.
Il y a en France, j'en suis convaincu des gardes-fous politiques, institutionnels, culturels qui empêcheront notre pays de devenir un pays antisémite. Mais qui peut garantir aujourd’hui que la France ne deviendra jamais un pays antisioniste, où dominerait une haine d'Israël décomplexée ?
Car l’Histoire en témoigne : c’est la haine d’Israël qui a chassé les Juifs d’Afrique du Nord. Comme ce sont les politiques antisionistes après guerre qui ont chassé les Juifs des pays du bloc soviétique !
Mais planter un arbre, c’est aussi convoquer la République elle-même. Qui se souvient que dans les années qui ont suivi la Révolution, les communes de France ont planté des milliers d'arbres de la Liberté.
Depuis 1789, l’arbre de la Liberté accompagne l’histoire de France et L’arbre que nous plantons aujourd’hui à la mémoire d’Ilan vient renouveler ce symbole profondément républicain dans notre paysage commun.
Victor Hugo écrivait : « Soyez comme l’arbre, changez vos feuilles, mais jamais vos racines. » C’est à cela que nous invite cet arbre : rester fidèles à nos racines, nos idéaux républicains tout en tendant nos branches vers l’avenir, vers la lumière, vers la fraternité.
Puisse cet olivier être, pour celles et ceux qui passeront ici, un rappel de la mémoire d’Ilan Halimi, et un engagement vivant de notre République à ne jamais céder devant l’antisémitisme comme devant n'importe quelle haine.
Merci encore à la région Ile de France de ce geste. Longue vie aux Juifs de France, longue vie à la République !
Yonathan Arfi, président du Crif
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