Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Ce qu'est le Hamas

11 Octobre 2023 | 186 vue(s)
Catégorie(s) :
Israël

Chronique de Bruno Halioua, diffusée sur Radio J, lundi 12 février à 9h20.

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Le terme de rafidites ‒ ceux qui rejettent ‒ est une insulte des sunnites à l’égard des chiites, lesquels rejettent les trois califes successeurs de Mahomet, Abu Bakr, Omar et Othman, qui précèdent le califat de Ali. L’attaque du Hamas a enthousiasmé les mollahs iraniens ‒ il faut entendre le Parlement iranien chanter « mort à Israël et à l’Amérique » ‒, mais a placé certains extrémistes sunnites dans un dilemme quasiment cornélien. Comment ne pas se réjouir de l’humiliation qui vient d’être infligée à la verrue sioniste, mais comment se satisfaire du fait que les hérétiques chiites iraniens en tirent gloire ? Une seule solution, soutenir de son sang le combat des frères sunnites du Hamas, membres de la confrérie des Frères Musulmans, et faire ainsi de leur victoire une victoire sunnite…

Et les prêches, relevés ces jours-ci par Memri, l’organisation de surveillance des médias islamiques, s’accompagnent des rappels classiques des traîtrises des Juifs à l’égard de Mahomet ainsi que du fameux hadith sur l’extermination des Juifs dans lequel les arbres qui se mettent à parler disent au croyant le jour du jugement « Musulman un Juif essaie de se cacher derrière moi, tue-le. » Depuis 1988, ce hadith décore (article 7) la charte du Hamas.

 

Nombreux experts en islamologie avec un faible pour le Hamas ont expliqué que cette charte n’en était pas vraiment une, qu’elle n’avait jamais été ratifiée par un vote (comme si le Hamas s’intéressait aux votes), que son auteur était un marginal d’ailleurs inconnu, que le Hamas avait élaboré une autre charte depuis 2017 et qu’il ne pouvait pas être antisémite puisque les Arabes eux-mêmes… etc. De fait, dans le tissu d’inepties et d’accusations grotesques que recouvre la charte du Hamas, aucun article n’est autant cité dans les mosquées salafistes que le hadith qui appelle à l’extermination des Juifs. 

 

À ceux qui veulent faire du Hamas un mouvement de libération nationale, émanation sociale du désespoir d’un peuple, il faut rappeler qu’il s’agit d’un mouvement religieux, déclinaison locale des Frères Musulmans dans leur version la plus violente, la plus judéophobe et la plus anti-américaine, matrice de Al-Qaida, celle de Sayyid Qutb. Dans la nébuleuse des extrémismes sunnites, les Frères Musulmans sont ceux qui gardent les meilleures relations avec les chiites, car dans sa jeunesse Khomeini était un admirateur de Hassan el Banna, le créateur de la confrérie. Ce qui explique les alliances actuelles…

 

Il ne s’agit pas d’une discussion académique. Les atrocités du Hamas dont on a eu avant hier un exemple terrifiant ne sont pas les raptus de colère d’une jeunesse exaspérée, comme certains veulent le faire croire. Ce sont avant tout les conséquences d’un mépris abyssal pour l’être humain qui n’honore pas Dieu comme il faut, de même que le nazisme a un mépris abyssal pour l’être humain qui n’est pas de la race qu’il faut. C’est la profondeur de ce mépris qui valorise les horreurs dont le Hamas nous a gratifié et elle est d’autant plus alléchante qu’elle se prétend d’origine divine. Les images qui nous révulsent sont pour le Hamas des prospectus publicitaires. Puisque Allah le veut…

 

Au dire de certains spécialistes, tel le général Amidror, qui fut longtemps conseiller de Netanyahou et qui reconnaît sa propre responsabilité, la politique sécuritaire israélienne de ces dernières années s’est fondée sur une grave erreur d’appréciation : croire que le Hamas allait se banaliser et devenir un parti avec lequel on pouvait passer des accords. C’est faux : le Hamas est resté un mouvement religieux fanatique, dont la haine envers Israël est le ciment, la drogue et la raison d’être. Aucun accommodement possible. 

Il nous faut l’expliquer, encore et encore, autour de nous, même si de telles conclusions heurtent l’humanisme confortable de beaucoup de nos concitoyens, et parfois de nous-mêmes…

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif

 

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