Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Un clivage générationnel

11 Décembre 2023 | 145 vue(s)
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Actualité

« Si on parlait de la France ? Français, juifs et citoyens » : c’est le thème de la 7e Convention nationale du Crif le dimanche 4 décembre au Palais des Congrès de Paris.

C’est une étonnante indifférence qui entoure la mise en lambeaux de la ville d’Alep en Syrie.

Donald Trump est un excentrique narcissique qui au cours de sa campagne électorale a fait du mensonge une arme redoutable.

Réflexion d’un professeur d’histoire-géographie sur l’abstention de la France au vote de la résolution adoptée par le comité du patrimoine mondial de l’Unesco niant tous liens entre les Juifs et les lieux saints de Jérusalem.

Vendredi 21 octobre j'étais l'invité témoin du journal de Radio J peu après le vote abérrant à l'Unesco d'une résolution sur Jérusalem

FOR JERUSALEM NO VOICE MUST MISS
FOR JERUSALEM NONE OF US CAN REMAIN SILENT

POUR JERUSALEM PAS UNE VOIX NE DOIT MANQUER
POUR JERUSALEM AUCUN D’ENTRE NOUS NE PEUT SE TAIRE
 

 

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Portrait de Jean Pierre Allali
ADIEU SHIMON
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29 Septembre 2016
Catégorie : Actualité

L'ancien président de l'État d'Israël, mon ami Shimon Peres, prix Nobel de la Paix 1994 est mort dans la nuit du 28 septembre 2016. Il avait 93 ans.

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

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Opinion

Par Chloé Blum

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Dans un grand hôpital parisien, une fresque appelant à décoloniser la médecine avec ciblage de médecins considérés comme Juifs : le motif antisémite est peu douteux. Plainte de l’Assistance Publique et condamnation unanime par les syndicats de médecins. Silence des syndicats d’étudiants en médecine. 

Dans une récente enquête effectuée par l’AMIF (Association des Médecins Israélites de France), plus de la moitié des étudiants en médecine juifs ont été récemment l’objet d’actes antisémites (remarques véhiculant des stéréotypes, injures, plus rarement menaces). Les auteurs sont presque toujours d’autres étudiants, et la fréquence de ces actes est d’autant plus grande que l’étudiant est plus jeune. Ne tournons pas autour du pot : le déclencheur de ces « actes antisémites » qui ont explosé récemment, c’est la guerre à Gaza. 

Cela ne signifie pas que c’est la seule cause car l’antisémitisme est un formidable outil de recyclage. Des vieilles accusations, il sait faire du neuf : le meurtre rituel devient l’assassinat d’enfants, ou, plus sophistiqué, le prélèvement d’organes ; l’empoisonnement des puits se transmue en diffusion de virus, Sida puis Covid. Sans compter les intemporels sur le pouvoir occulte ou le complot juif.

Le 26 novembre  à Sciences Po a lieu une manifestation pro-palestinienne, l’UEJF (Union des Étudiants juifs de France) s’associe à la minute de silence pour les victimes des bombardements de Gaza. Quand les étudiants juifs demandent une autre minute de silence pour les victimes du 7 octobre, on leur répond par un refus haineux. 

À Harvard, Stanford et ailleurs, dans les universités où se forment les élites américaines et dont les frais d’écolage considérables impliquent que les familles fassent rarement partie des damnés de la terre, les débordements ont été stupéfiants, les réponses des autorités administratives minables et la sacro-sainte liberté d’opinion académique a servi de vecteur à la haine contre Israël. 

 

Une étude sur la perception de l’antisémitisme par les Juifs et les non-Juifs dans les « colleges » américains, effectuée par l’ADL (Antidefamation League) et Hillel International (organisation destinée aux étudiants juifs) a été publiée le 29 novembre 2023. Plus de 3 000 étudiants, dont plus de 500 Juifs interrogés sur près de 700 campus universitaires, l’enquête effectuée en août 2023 analysait l’évolution par rapport à une étude analogue de 2021. Mais les massacres du 7 octobre ont judicieusement conduit à répéter le questionnaire au début de novembre.

 

Cette étude montre que les événements antisémites qui avaient déjà nettement augmenté depuis 2021, ont flambé entre août et novembre : 75 % des étudiants juifs en ont été le témoin ou la victime ; deux étudiants juifs sur trois se sentaient émotionnellement en danger en novembre contre un sur trois en août. 

 

Si on la compare aux sondages dans les autres strates de la population américaine, cette enquête confirme l’existence d’un clivage générationnel. On peut dire qu’il est incarné par le soutien sans fard de Greta Thunberg au Hamas. Mais quel rapport entre la planète verte des écologistes et la planète verte et noire des djihadistes ?

 

« Prolétaires de tous les pays , unissez-vous », est-il écrit sur la pierre tombale de Karl Marx. « Opprimés de toutes les causes, unissez-vous » serait le slogan de l’intersectionalité des luttes.

 

Encore faut-il être un opprimé estampillé. Si les Palestiniens sont les opprimés modèles, les Ouïgours, les Rohingyas, les Tibétains, les Roms, les Yezidis et les Kurdes, pour ne citer qu’eux, n’ont pas droit à ce statut. Mais certains défenseurs de causes plus absconses peuvent se légitimer en participant à la défense des causes bannières. C’est ainsi que les Poler Bears, une association de « pole dancing » deviennent des opprimés acceptables en cosignant, comme quarante autres associations disparates, le manifeste pour la Palestine des étudiants de la Brown University, un membre de la prestigieuse Ivy League. 

Intersectionnalité oblige, les LGBT et les féministes manifestent pour le Hamas. Ils ont une ombre d’inquiétude sur le sort que celui-ci leur réserverait, mais ils déploient d’autant plus de bonne volonté à son égard que eux-mêmes habitent loin de Gaza. Quant aux étudiants blancs (dire plutôt les « porteurs du privilège blanc »), ils se doivent de faire (partiellement ) pardonner leur couleur de peau en utilisant ce privilège pour défendre la cause des « racisés ».

 

Les étudiants américains d’aujourd’hui ne sont plus marquée par le 11 septembre. Ils ne connaissent de la guerre que les images peu glorieuses d’engagements pour des motifs peu compréhensibles, effectués par des soldats américains de métier surarmés contre des populations pauvres parmi les pauvres. Ces étudiants se considèrent eux-mêmes opprimés par les mois de confinement du Covid, l’essoufflement des perspectives économiques alors que les inégalités croissent autour d’eux. Les médias mettent en exergue toutes les images d’injustice, les réseaux sociaux s’enflamment d’explications complotistes et simplistes, le réchauffement climatique fait des jeunes des victimes désignées pour le futur et la notion de démocratie n’a pas de valeur pour qui ignore ce qu’est une dictature.

 

Ces jeunes, le wokisme avec sa prétendue fraternité des luttes qui masque mal sa profonde intolérance, les manipule, trop heureux de lutter contre le petit Goliath israélien en pavant la voie sans même le savoir à la destruction du grand Goliath américain, celui qui, malgré ses défauts, leur accorde une liberté qu’ils ne trouveront jamais dans les régimes dont ils font la promotion avec une légèreté déconcertante. 

Et dans ce combat, comme si souvent, les Juifs sont le canari dans la mine…

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif

 

 

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