- English
- Français
Publié le 7 mars dans Le Parisien
« Le procès le plus important du pays ». Aux yeux de Tim Walz, le gouverneur de l'Etat du Minnesota, la portée historique de l'événement ne fait guère de doute. Ce lundi s'ouvre à Minneapolis, aux Etats-Unis, le procès de Derek Chauvin, policier de 44 ans accusé d'avoir tué George Floyd, le 25 mai dernier. Le supplice de cet Afro-Américain de 46 ans a été saisi par les téléphones de nombreux témoins qui ont assisté, effrayés, à son agonie.
Pendant 8 minutes et 46 secondes, l'officier de police a maintenu son genou sur le cou de sa victime pendant que deux de ses collègues l'aidaient à le maintenir au sol et qu'un quatrième tentait d'écarter les curieux. « I can't breathe (Je ne peux pas respirer) », ne cesse de répéter le père de famille lors de cette séquence insoutenable. « Tu vas me tuer, mec », annonce-t-il, tristement prémonitoire.
Un colosse devenu martyr
A 21h25, son décès est prononcé. La police avait été appelée moins d'une heure et demie plus tôt, les employés de l'épicerie suspectant le natif de Houston (Texas) d'avoir utilisé… un faux billet de 20 dollars.
La mort de George Floyd a bouleversé l'Amérique, provoquant des manifestations dans tout le pays qui ont parfois viré à l'émeute. Dans le monde entier, les images des derniers souffles de ce colosse de près de 2 m ont fait de lui le martyr des violences policières et du racisme. « Nous voulons la justice », ont hurlé les manifestants. L'heure est venue.
La procédure judiciaire a été scindée en deux. Dans un premier temps, Derek Chauvin, incarcéré fin mai puis libéré en octobre dernier après le paiement d'une caution d'1 million de dollars (850 000 €), comparaît seul pour meurtre au second degré et homicide involontaire. Compte tenu des contraintes sanitaires, le juge a décidé que ses trois collègues — Thomas Lane, Alexander Kueng et Tou Thao —, poursuivis pour complicité, seraient jugés en août.
Le bureau du procureur de l'Etat avait réclamé un procès commun : pour la cohérence du traitement de l'affaire mais aussi sans doute par calcul, les trois officiers étant plutôt enclins à charger leur collègue en cas de comparution commune.
Le Crif vous propose aussi :