Lu dans la presse
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Publié le 28 Octobre 2019

France/Laïcité - Ce qu'a dit Emmanuel Macron sur la laïcité

Pressé de s'exprimer sur la laïcité, le chef de l'État s'est étonné, sur RTL, de la grande confusion qui règne sur ce sujet. Il a promis des annonces.

Publié le 28 octobre dans Le Point

Emmanuel Macron n'a de cesse de le répéter : la radicalisation, le communautarisme et les rapports entre l'islam et la République sont trois sujets distincts qu'il ne faut en aucun cas confondre, sous peine d'ajouter de la tension à l'ambiance électrique du moment. Dans une interview donnée à nos confrères de RTL, le président de la République a longuement détaillé sa vision des choses et prévoit de faire prochainement quelques annonces. S'il ne s'agit pas là de la prise de parole solennelle sur la laïcité qu'attendaient certains membres de sa majorité, cet entretien lui permet toutefois de rappeler les principes qui guident son action.

Il entend rester « maître des horloges » et refuse de s'exprimer sur la laïcité sous le coup de l'émotion ou de la pression médiatique : « Il faut le faire au bon moment. J'ai parlé un bon nombre de fois de laïcité comme candidat, comme président. Les gens savent très bien ce que je pense, mais, à chaque fois quand le pays s'embrase, on dit qu'il faut que le président parle de laïcité. »

"On confond les sujets, on ne me demande pas de parler de laïcité, on veut que je parle d'islam."

Le niveau de tension atteint depuis la sortie de Julien Odoul contre une femme portant le voile lors d'une sortie scolaire l'inciterait même plutôt à se taire, « je serais moi-même complice d'une espèce de confusion collective », affirme-t-il, tout en dénonçant un débat aux termes mal circonscrits : « On confond les sujets, on ne me demande pas de parler de laïcité, on veut que je parle d'islam… » a-t-il confié à nos confrères.

Le président de la République est aussi revenu sur cette « société de la vigilance » qu'il a appelée de ses vœux au lendemain de l'attentat de la préfecture de police de Paris, une notion qui a suscité de nombreux reproches. Pour Emmanuel Macron, cette société de la vigilance « ne consiste pas à soupçonner tout le monde et n'importe quoi, mais à construire les réflexes de savoir comment et pourquoi quelqu'un se radicalise. C'est à chaque fois évidemment une composante religieuse, c'est un terrorisme islamiste, il faut savoir nommer les choses, mais ça n'est pas que ça. Il y a aussi derrière de la déconstruction personnelle, souvent des troubles psychiatriques qui viennent s'ajouter à cela. »

"Le communautarisme, ça n'est pas le terrorisme."

Il a aussi défendu son bilan et la discrétion volontaire avec laquelle les actions sont menées sur le terrain de la lutte contre le terrorisme : « C'est très confidentiel, mais le ministre a commencé à en révéler les choses », précise-t-il, « on a utilisé des moyens, y compris judiciaires, que la loi de lutte contre le terrorisme nous permettait, on a dissous des associations, on a fermé des écoles – ce qu'on dit trop peu – quand il y avait des risques sur le sujet. »

Emmanuel Macron a aussi insisté sur les actions menées par l'État contre le communautarisme : « Il y a une deuxième lutte essentielle, que je ne confonds pas avec la première, qui est la lutte contre le communautarisme. Le communautarisme, ça n'est pas le terrorisme, beaucoup de gens là aussi confondent, mais c'est le fait que, dans certains endroits de notre République, il y a un séparatisme qui s'est installé, c'est-à-dire la volonté de ne plus vivre ensemble, de ne plus être dans la République, et au nom d'une religion, l'islam, en la dévoyant, de dire : “Je crois en un islam politique et donc nous allons vivre selon ses règles qui ne sont pas celles de la République”. »

Mieux organiser l'islam de France

Pour étayer ses propos, Emmanuel Macron cite « des études qui montrent que ce phénomène n'est pas marginal, et nous-mêmes, nous le constatons sur le terrain ». Il promet de se montrer « intraitable » dans cette « lutte contre le communautarisme, contre l'islam politique », et confie avoir commencé à mettre en place des instruments. « Nous avons durci les choses [avec la dissolution de certaines] associations qui ne respectaient pas les règles de la République », a-t-il dit. Le président a aussi expliqué qu'il devrait annoncer un ensemble de mesures pour lutter contre le communautarisme, « ce qui veut dire dissoudre, encore davantage, ce qui veut dire interdire certaines pratiques qui se sont installées et qui ne sont pas conformes aux lois de la République ».

Dernier point abordé lors de cette longue interview, la question de l'organisation de l'islam de France, « une religion qui a une histoire particulière parce qu'elle s'est développée dans notre pays après la loi de 1905 ». Emmanuel Macron défend sa méthode et sa volonté de vouloir mieux organiser les choses. « Il y a tout un travail lent, patient, que j'ai monté depuis dix-huit mois, avec des ministres compétents en lien avec le CFCM [Conseil français du culte musulman, NDLR]. Je m'apprête à voir les représentants français du culte musulman, je vais continuer ce travail, mais il doit d'abord se faire à bas bruit parce qu'on a souvent échoué, il faut voir comment nos concitoyens dont la religion est l'islam peuvent vivre tranquillement leur religion en respectant absolument toutes les lois de la République. »

 

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