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Publié le 21 juillet dans Le Monde
« Censure sur Twitter », dénonçait un communiqué du groupuscule d’extrême droite Génération identitaire mi-juillet, après que le réseau social a fermé les comptes de plusieurs figures du mouvement, dont son porte-parole, Romain Espino.
Début juillet, la plate-forme de vidéos Youtube avait également supprimé les chaînes de l’essayiste d’extrême droite Alain Soral, quelques semaines après celle de l’ex-humoriste Dieudonné. Une action qui fait suite à des mobilisations croissantes contre la haine en ligne, notamment la campagne « Stop hate for profit », qui ciblait les grandes marques pour leur demander de retirer leurs annonces des réseaux sociaux.
Chassées des grandes plates-formes, les diverses mouvances d’extrême droite se réfugient de plus en plus sur d’autres réseaux à la politique de modération plus souple. C’est le cas de Parler.com, réseau similaire à Twitter et plébiscité par l’extrême droite américaine. On y trouve désormais quelques centaines de comptes identitaires et nationalistes français. Plusieurs figures du Rassemblement national (RN), de Jean Messiha à l’eurodéputé Jérôme Rivière, y ont ouvert un compte ces derniers jours.
D’autres se réfugient sur BitChute, équivalent de Youtube, sur Vk, le Facebook russe, ou sur le réseau Gab, phare de l’alt-right américaine, à l’instar d’Alain Soral ou de l’activiste antisémite Boris Le Lay. « Dieudonné essaye de basculer sur Telegram depuis qu’il a perdu sa chaîne Youtube », note également Tristan Mendès-France, maître de conférences associé à l’université de Paris et spécialiste des cultures numériques.
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Pour lui, si ces nouveaux refuges de l’extrême droite mondiale « ne changent rien » pour le « cœur militant » de ces mouvements, voire amplifient la « sensation de cohésion et l’effet d’entraînement », le fait qu’ils quittent les grandes plates-formes « n’est pas une mauvaise chose » : « Leur toxicité est corrélée à leur visibilité. S’ils n’ont pas la chambre d’écho des grandes plates-formes, ils auront plus de mal. »
De fait, conclut-il, sur les nouvelles plates-formes, leur nombre d’abonnés est sans rapport avec les chiffres impressionnants qu’ils affichaient sur Youtube, Facebook ou Twitter. « Le roi est un peu nu et se découvre pour ce qu’il est vraiment, à savoir des groupuscules », estime l’universitaire. Dans le communiqué publié par Génération identitaire, le mouvement précisait ainsi que « chacun (des comptes supprimés) possédait environ 20 000 abonnés ».
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