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Publié le 15 juillet sur le site de France Info
C’est l’un des artistes contemporains français les plus cotés, habitué à exposer dans les plus prestigieux musées et galeries dans le monde. Mais cet été, Gérard Garouste a choisi d’accrocher ses toiles dans un petit village de Haute-Loire. Et par n’importe lequel, le Chambon-sur-Lignon, distingué (avec les communes voisines) du titre de Juste parmi les nations pour avoir accueilli et protégé des milliers de juifs durant la Seconde guerre. Cette exposition exceptionnelle regroupe une sélection d’œuvres qui entrent en résonance avec l’histoire du village mais aussi avec celle de l’artiste.
L’école des Prophètes
Tout est parti d’une visite à Tence en septembre dernier, à Istor dans le hameau de Chaumargeais, avec son épouse Élisabeth et la maire du Chambon Éliane Wauquiez-Motte. Converti au Judaïsme, Gérard Garouste, familier du Talmud, découvrait l’histoire de ces jeunes intellectuels juifs qui avaient fondé ici durant quelques mois L’école des Prophètes qui a contribué au renouveau du judaïsme français. Après la guerre, elle est devenue l’école juive d’Orsay à Paris, haut lieu culturel animé par des penseurs intéressés par l’éthique et la philosophie juives.
Il découvre aussi l’histoire du Chambon, de Tence, du Mazet-Saint-Voy... Tous ces villages et hameaux du plateau Vivarais-Lignon où les habitants, en majorité des Protestants, dont l’inconscient collectif gardait en mémoire les persécutions qu’ils ont subies eux-aussi à cause de leur religion, refusèrent la collaboration, décidèrent de résister par tous les moyens et surtout d’accueillir des Juifs, dont beaucoup d’enfants, menacés de déportation vers les camps de la mort. Le Plateau allait devenir la montagne-refuge comme l’ont surnommé les historiens.
Une oeuvre créée pour l'exposition
L’idée d’une exposition faisant le lien entre cette histoire et l’œuvre de Garouste, fortement inspirée par la tradition talmudique, l’horreur de la Shoah et son histoire personnelle, était née. Elle a tout naturellement trouvé sa place au sein du Lieu de Mémoire, musée ouvert en 2013, qui retrace l’histoire des habitants du Plateau et de leurs actes de résistance face à nazisme. Pour l’occasion, il a réalisé une œuvre originale baptisée Le Sablier ou l’âkédat d’Yitshak.