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Sur le web, où Giuliano recrutait aussi des combattants, on trouve assez d’éléments pour dresser le portrait numérique d’un djihadiste connecté.
Sur sa page Facebook, le jeune homme a mis cette citation la bannière : “ Comment peut-on affronter un ennemi qui, quand il regarde dans le canon du fusil, y voit le paradis”: Ce sont les mots d’un général russe qui parle des moudjahidin de la Tchétchénie.
Détour par la Tchétchénie
Apparemment, il s'est rapproché, il y a plusieurs mois, d’un groupe de guerriers djihadistes tchétchènes. C’est à leurs côtés qu’il serait mort à Quasyr, aux portes d’Alep. Sa photo de profil est le logo du Kavkaz Center, un réseau de militants de Grozny qui lutte pour l’instauration d’une République islamique dans le Caucase.
Plus bas sur sa page, on tombe sur ses films préférés : Trainspoting, Scarface, Lord of War.. Son idole de préadolescence était King, le personnage du jeu vidéo Tekken.
Une chaine Youtube
On y trouve aussi un film sur la vie du prophète et des photos spirituelles, comme celle d'un aigle volant devant un arc-en-ciel, des citations en Arabes à la gloire d’Allah ou des images de ses idoles actuelles comme Abd Allah Yusuf al-Azam, un fondamentaliste qui a inspiré Ben Laden.
Sur YouTube, il a posté de nombreuses vidéos où il prêche l’Islam. L’une d’entre elles est consacrée à l’affaire des caricatures des "criminels" de Charlie Hebdo. Ci-dessous, il s’adresse directement à Mario Monti, le président du Conseil de l’époque, pour lui demander de rappeler toutes les troupes italiennes d’Afghanistan.
Pour lui, “la démocratie n’est qu’un concept hypocrite”, “la crise financière une conséquence directe de la guerre en Afghanistan”, et les villes italiennes ne sont plus que des “conglomérats de salles de jeux, de bordels chinois et d’usuriers”.
De Facebook au Jihad
La toile fait remonter des indices qui montrent encore une fois que les réseaux sociaux, les groupes de discussions, et les vidéos, raccourcissent la distance ente un ordinateur et les champs de bataille du Jihad. Il suffirait presque de se rendre sur Facebook pour rejoindre le front syrien.
C’est d’ailleurs sur internet que Giuliano Ibrahim Delnevo recrutait, d’après les premières hypothèses suivies par l'enquête. Il aurait embrigadé dans son voyage en Syrie un autre italien converti et trois Maghrébins.
Un phénomène limité en Europe
Certes, en Europe, le web recrutement reste limité. Une cinquantaine d’Italiens, dont beaucoup d’origine syrienne, seraient allés sur le front, selon des sources locales, citées par l’agence de presse italienne Ansa. Mais cette méthode illustre une évolution profonde où l'endoctrinement ne se fait plus dans les mosquées, autour d’un réseau structuré, mais sur les réseaux sociaux et les groupes de discussions.