Tribune
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Publié le 4 Avril 2014

Le Front National et le chômage, main dans la main?

Par Pierre-Adrien Hanania, Étudiant en Sciences Politiques à l'Université de Potsdam, publié dans le Huffington Post le 4 avril 2014

Observation de la corrélation entre le taux de chômage et le score de l'extrême droite aux municipales depuis 2008

Bien des billets ont été écrits au sujet du Front national, de ses succès et de ses candidats. L'objet de cet article est d'étudier la possible corrélation entre le chômage et le score des listes frontistes dans le cadre des municipales de 2014.

À Béziers, où le taux de chômage en 2013 était de 16,2%, soit plus élevé que le taux moyen français (10,6%), Robert Ménard a remporté un grand succès avec près de 49% des suffrages exprimés au premier tour des élections municipales de 2014. Au même moment, à Forbach, Florian Philippot a créé la surprise en terminant en tête au premier tour. A noter que le chômage y est de 12,9% en 2012. À Fréjus enfin, le Front national a gagné sa plus importante mairie en termes de population, le chômage y est, en 2013, de 12,9%. Ces exemples confortent cette possible corrélation entre le chômage et les résultats des listes d'extrême droite.

L'analyse[1] qui suit se base sur un panel constitué des 255 villes françaises de plus de 30 000 habitants. Parmi ces villes, l'Insee livre les chiffres du chômage par zones d'emploi pour 123 d'entre elles. En 2008, le Front national présente une liste dans 33 de ces 123 villes. En 2014, des listes frontistes se sont présentées dans 105 villes sur les 123 initiales, soulignant ainsi la multiplication des listes FN dans les communes de France.

Quand le chômage est élevé, le Front National est à vos côtés :

C'est la première corrélation à observer à partir du panel des 123 villes dont les chiffres du chômage sont accessibles : en 2008 et dans les 17 d'entre elles avec le chômage le plus bas (jusqu'à 5,1%), le FN était présent uniquement à Mâcon, où il n'a obtenu que 3,2% au premier tour. À l'opposé, dans les 17 villes avec le taux de chômage le plus élevé (jusqu'à 13,6%), les frontistes ont présenté 7 listes (avec un score moyen de 9,2% au premier tour). Des 33 listes déposées cette année-là, près de 20% sont déposées dans les 13% des villes avec le taux de chômage le plus élevé. 3% de leurs listes sont déposées dans les 13% des villes avec le taux de chômage le moins élevé.

La multiplication des listes FN en 2014 pouvait insuffler l'idée que cette corrélation se soit atténuée. Si les chiffres ne sont pas les mêmes, les tendances restent cependant. En effet, dans les 15 villes avec le chômage le plus bas (jusqu'à 8,4%), 11 villes présentent une liste FN. Le parti y obtient un score moyen de 11,30%. Dans les 15 villes où le chômage est le plus haut et où le FN présente systématiquement une liste candidate, il réalise des scores d'environ 20%, soit presque deux fois plus.

Une corrélation constante et à l'intensité stable:

On observe ainsi que plus le chômage est élevé, plus le FN s'ancre électoralement ; de surcroît, le score du parti semble être plus élevé quand le chômage est lui aussi élevé. Pour le mesurer, il convient de comparer en premier lieu le score du FN et le taux de chômage des (33 en 2008 et 105 en 2014) villes de plus de 30 000 habitants, dans lesquelles le FN s'est présenté lors des deux dernières élections municipales. En second lieu de comparer, pour les 33 villes où le FN se présentait en 2008 et 2014, la progression du chômage avec la progression du score frontiste… Lire la suite.

La corrélation s'avère là aussi coh