Tribune
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Publié le 7 Novembre 2013

Le masque de Marine Le Pen

Par Bernard-Henri Levy

 

C'est une histoire bien édifiante.

 

Voilà des mois, sinon des années, qu'on s'emploie, ici et ailleurs, à montrer que Marine Le Pen n'a pas tant changé qu'elle le prétend.

 

On décrypte ses propositions, son programme.

 

On expose ses amitiés, ou ses liens, avec les partis représentants de l'extrême droite européenne.

 

On rappelle qu'elle n'a jamais pris ses distances avec le style, le parler cru, les provocations antisémites de son ex-président de père.

 

Or voici qu'en vingt secondes, face à un journaliste d'Europe 1, Thomas Sotto, qui ne lui tendait même pas de piège, elle déchire elle-même le voile et se tire une balle dans le pied.

Le scénario est simple comme bonjour.

 

La France vient d'accueillir quatre de ses otages, retenus depuis trois ans par les islamistes d'Aqmi.

 

C'est un moment, non de consensus, mais d'émotion et de bonheur partagés comme les nations démocratiques en vivent, grâce au ciel, quelquefois.

 

Le temps des questions, peut-être des débats, viendra - mais l'heure, à cet instant, est à la solidarité avec des familles éprouvées et dont la joie, mêlée de larmes, bouleverse le pays tout entier.

 

Et voici donc Mme Le Pen qui, au lieu de partager cette émotion, au lieu de se réjouir, comme nous tous, de voir le pays qu'elle prétend aimer récupérer quatre de ses enfants, au lieu de se demander, comme la responsable politique qu'elle essaie désespérément de devenir, dans quel état de détresse physique, psychologique, morale, on sort d'une telle saison en enfer, prononce une phrase bizarre, une toute petite phrase, mais très bizarre, où il est question de la taille de leur barbe, du style de leur couvre-chef, et non de la joie, mais du "malaise" qu'elle dit avoir ressenti en les voyant revenir à la vieLire la suite.