Tribune
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Publié le 18 Juin 2013

Le nouveau Président-élu à la tête de la République Islamique d'Iran affirme une transparence en matière de nucléaire, démentie par l'AIEA, et accuse Israël de tous les maux

Par Hélène Keller-Lind

 

C'est devant un mur de micros qu'Hassan Rohani, qui vient d'être élu à la présidence de l'Iran a présenté son administration étiquetée « Prudence et Espoir ». 

Au cours d'un discours-fleuve, il prononçait toutefois quelques contrevérités de taille, concernant le nucléaire et le terrorisme, et les accusations habituelles contre l’État hébreu. Mais reconnaissait qu'il lui faudra redresser l'économie du pays, un geste attendu en interne alors que les sanctions imposées par les Occidentaux la mettent à mal.

 

Le temps des illusions n'aura été que très court

 

Il n'aura finalement que très peu de temps pour que le Président élu à la tête de la République islamique d'Iran le 15 juin, réputé « modéré »,  ne donne raison à ceux qui incitaient à la plus grande prudence le concernant. « Ne nous berçons pas d'illusions », commentait Benyamin Netanyahou dès l'annonce des résultats des élections présidentielles, rappelant que celui qui décide en Iran, c'est le Guide Suprême Ali Khamenei...http://www.desinfos.com/spip.php?article36458

 

Celui qui entrera en fonctions en août prochain et a été le représentant du Guide suprême, le réel décisionnaire en Iran, entre 1989 et 2005 et avait ensuite participé pendant les seize années suivantes aux négociations portant sur le nucléaire iranien. Il rappelle être parvenu à un accord sur ce point en 2005 avec Jacques Chirac, accord accepté par l'Allemagne, mais « la Grande-Bretagne, poussée par les États-Unis, n'avait pas coopéré et ce travail était resté inachevé ». C'est à un accord similaire auquel il souhaite parvenir aujourd'hui, selon l'agence de presse Fars News qui maintient que le programme nucléaire iranien n'est destiné qu'à produire de l'électricité... http://english.farsnews.com/newstext.php?nn=9203183862

 

Lors d'une conférence de presse couverte par d'innombrables médias, Hassan Rohani, affirmait aux Iraniens : « votre Administration de Prudence et d'Espoir tiendra sa promesse de sauver l'économie, de relancer la moralité et d'échanger de manière constructive avec le monde grâce à une politique modérée ». http://www.presstv.ir/detail/2013/06/17/309475/rohani-vows-constructive-interaction/ Belles paroles, paroles que ses interlocuteurs souhaitent entendre à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Iran, mais invalidées par le reste de ses déclarations.

 

Des sanctions injustes et cruelles ne profitant qu'à Israël

 

En effet, évoquant les sanctions adoptées par l'Occident et l'ONU pour tenter de persuader l'Iran de renoncer à sa course à la bombe atomique, il les qualifiait « d'injustes et cruelles, portant tort aux deux parties et ne servant que les intérêts d'Israël », selon l'agence de presse iranienne Fars News qui rapporte une partie des déclarations du Président-élu http://english.farsnews.com/newstext.php?nn=9203183858. Hassan Rohani évoquant les économies occidentales fragilisées et le tort que leur portent, selon lui, ces mesures.On notera que le site iranien de Press RV qui rapporte également le contenu de la conférence de presse au cours de laquelle s'exprimait Hassan Rohani omettait la référence à Israël..

 

Une transparence alléguée démentie par dix ans de dérobades, d'inspections interdites et de photos satellites

 

Par ailleurs, Hassan Rohani s'entête à parler de la transparence de l'Iran en matière de nucléaire. Or, le 15 mai dernier, soit la veille de l'annonce de la victoire de Hassan Rohani, Herman Nackaerts,

directeur adjoint de l'AIEA, agence onusienne à l'énergie atomique, déclarait dans un communiqué à l'issue de rencontres avec des responsables iraniens : « nous avons eu des discussions intensives aujourd'hui, mais n'avons pu finaliser l'approche structurée du document que nous négocions depuis un an et demi maintenant. Nous restons fermement engagés à poursuivre le dialogue. Cependant nous reconnaissons que nos meilleurs efforts n'ont pas réussi à ce jour ». Il notait qu'aucune date n'a encore été fixée pour un nouveau rendez-vous... http://www.iaea.org/newscenter/mediaadvisory/2013/ma201311.html

 

Depuis 2003 ce sont une dizaine de résolutions de l'AIEA qui sont restées lettre morte http://www.iaea.org/newscenter/focus/iaeairan/iaea_resolutions.shtml l'Iran étant passé maître au petit jeu du chat et de la souris et ayant pu construire son programme d'armement nucléaire en jouant la montre...Un Rapport détaillé de fin 2012 étant éloquent sur ce point http://www.desinfos.com/spip.php?page=article&id_article=32589

 

Des inspecteurs de l'AIEA ont été interdits de certains sites militaires iraniens où des travaux suspects ont pourtant été détectés par des images satellites... En août 2012 celles-ci montraient que l'Iran poursuivait vraisemblablement ses activités nucléaires militaires...http://www.desinfos.com/spip.php?page=article&id_article=32516

 

En mai dernier des images satellites montraient que de l'asphalte avait été coulé sur une partie du site de Parchin où de grands travaux de déplacement de terre ou de nivelage ont été entrepris.Ce qui rendrait la détection de tout matériau nucléaire très difficile, selon l'ISIS – Institut pour la Science et la Sécurité internationale – qui publiait des photos à l'appui de ses études http://isis-online.org/isis-reports/detail/iran-laying-asphalt-at-the-suspect-parchin-site/ Une transparence relative, on le voit...

 

http://isis-online.org/uploads/isis-reports/images/parchin_paving_15april2013_-_annotated.jpg

 

http://isis-online.org/uploads/isis-reports/images/parchin_test_site_17Jan2013_-_annotated2.jpg

 

L'Iran, sponsor du terrorisme dans le monde, notamment via le Hezbollah, très actif en Syrie, serait opposé à la terreur...

 

Alors qu'il est de notoriété publique que l'Iran arme, entraîne et finance le Hezbollah, organisation chiite libanaise  terroriste, qui participe activement aux combats en Syrie, interrogé sur ce pays, le nouveau Président déclarait que « celui qui décidera en fin de compte du sort de la Syrie est la nation syrienne, » ajoutant « nous sommes opposés au terrorisme, à la guerre civile et au fait que d'autres pays veuillent intervenir dans les affaires internes syriennes » http://www.presstv.ir/detail/2013/06/17/309475/rohani-vows-constructive-interaction/ Déclaration angélique démentie, elle aussi, par les faits.

 

D'ailleurs, lors d'une récente interview accordée à Al-Manar, la télévision du Parti de Dieu, Bashar al-Assad déclarait : « la question est de savoir pourquoi le Hezbollah est déployé sur les frontières à l’intérieur du Liban ou à l’intérieur de la Syrie.La réponse est que notre bataille est livrée contre l’ennemi israélien et ses mandataires à l’intérieur de la Syrie ou à l’intérieur du Liban » http://www.desinfos.com/spip.php?article36182