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Cet ensemble s’intitule Death. Rappelons ici que Shibli veut montrer « quelques moyens de représentation des martyrs et des détenus » dans Naplouse et comment les familles ou la société palestinienne entretiennent la mémoire des terroristes qui ont été tués lors d’attentats-suicide perpétrés en Israël. Mais, ce qui est incroyable dans cet article, c’est la réaction du Musée. Hallucinant.
Selon France 24, le musée du Jeu de Paume souhaite rester discret sur le sujet, pour ne pas alimenter davantage la polémique. Le Musée spécifie cependant que les légendes ont été rédigées entièrement par Ahlam Shibli, à la demande de l’artiste, et qu’elles font partie intégrante de l’œuvre. Étrange commentaire. D’abord, on comprend que les commissaires du Musée soient embarrassés. Et pour cause, on le serait à moins. Par ailleurs, comment aurait-il été possible que le Musée rédige les légendes ? Le scandale eut été encore plus grand. Bref, ce n’est pas une explication. Tout juste, un tour de passe-passe. Le musée rappelle qu’un texte de présentation, rédigé par les commissaires de l’exposition, remet ces photographies et ces légendes en contexte, selon France 24. La photographie d’Ahlam « suspend l’autonomie de l’image et fait basculer celle-ci dans un régime qui ne l’utilise plus dans un but informatif », estiment ainsi les commissaires. Le travail de la photographe « évite une obsession historique propre à ce médium, celle de fournir des preuves à tout prix. Ses images refusent d’expliquer le conflit ».
Les commissaires font siennes les explications tordues de la photographe palestinienne. Car il s’agit d’éviter à tout prix de rappeler le contexte historique et les drames qui ont été occasionnés par ces multiples attentats. Combien de bus israéliens éventrés ? Combien de magasins ou de restaurants israéliens calcinés ? Combien d’enfants israéliens assassinés ? Combien de rues déchiquetées ? Le commentaire des commissaires est invraisemblable. Il faut « éviter une obsession historique », disent-ils. Par contre, il ne faut (surtout) pas éviter de faire l’apologie de ces terroristes, terroristes glorifiés par la société palestinienne, rappelons-le ici. Ce sont des « martyrs », qui ont été tués en témoignage de leur foi ou de leur cause, selon Shibli. Une cause sacralisée par cette photographe. Et les kamikazes se trouvent donc légitimés, les attentats sont justifiés, les victimes sont oubliées. Et cette soi-disant « œuvre » n’est qu’une « œuvre » de basse propagande.
L’art peut interpeller et être subversif. Il questionne en Israël aussi. Mais l’exposition au Musée du Jeu de Paume ne répond pas à ces critères. Cette série de photographie est une entreprise de propagande peu conforme à la neutralité d’un établissement public et culturel.
Notes :