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Intervenue le 5 septembre 2013 dans les Yvelines, en région parisienne, cette affaire est venue illustrer un phénomène qui, depuis le début de la guerre en Syrie, inquiète au plus haut point les services spécialisés : le départ de centaines de jeunes musulmans français pour cette zone de conflit. Un phénomène qualifié « d'exponentiel » par un membre de la communauté du renseignement auditionné en mai dernier par la Commission d'enquête parlementaire sur le fonctionnement des services secrets français, présidée par le député d'Europe Écologie Les Verts, Christophe Cavard. Des sources officieuses estiment à quelque « trois cents personnes » le nombre de djihadistes français combattant dans les rangs de la frange islamiste de la rébellion syrienne. « Depuis le début de la guerre nous avons une dizaine de départs par mois », témoigne sous couvert d'anonymat un policier antiterroriste français. Une trentaine d'entre eux font l'objet d'une procédure judiciaire, selon le pôle antiterroriste du parquet de Paris. L'Allemagne et surtout la Belgique sont également confrontées au même phénomène. Dans ce dernier pays, des parents désespérés se sont même organisés en plusieurs associations pour essayer de retrouver leurs« enfants » égarés sur ces terres de djihad où certains d'entre eux y laisseront leur vie.
« Merah de demain » ?
« L'attrait pour la Syrie s'explique aussi en partie par le fait qu'il s'agit d'une terre de djihad qu'il est aisé de rallier depuis l'Europe. La plupart des candidats djihadistes prennent un vol pour Istanbul puis rejoignent en car ou en voiture la frontière syrienne, dénuée de contrôles efficaces », précise le rapport des parlementaires français. Cette facilité explique le peu de préparation - voire d'endoctrinement - nécessaire pour ce voyage pas comme les autres. Les enquêteurs ajoutent aussi l'absence de repères et un « ennui certain » dans lequel vivent ces jeunes banlieusards qui succombent aux sirènes d'un djihad qui, ici, prend les formes d'une escapade potache à l'insu des parents. Mais ce qui tétanise les policiers, c'est le retour de ces jeunes dans l'Hexagone. Peuvent-ils reprendre une vie normale après s'être formés, voire radicalisés, sur le théâtre du conflit syrien ? Leurs craintes sont partagées par les représentants de la communauté musulmane en France qui, à l'instar du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, mettent en garde contre les « Merah de demain ». « À tout moment, ces hommes peuvent être amenés à tenter de commettre des attentats sur notre territoire », assène un responsable antiterroriste français.