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Avant d’aborder la crise d’hystérie déclenchée par la vidéo «L’Innocence des musulmans», un premier rappel, d’ordre sémantique, s’impose : le terme «islamophobie» fut inventé par des mollahs iraniens pour délégitimer ceux qui s’opposaient au régime islamiste mis en place par Khomeiny. Il est, depuis, utilisé par les partisans d’un islam fondamentaliste pour stigmatiser ceux qui les combattent, qui seraient ainsi des racistes et des ennemis de l’islam. Nous n’employons donc jamais ce terme appartenant au bagage idéologique des islamistes. Leur tour de passe-passe a cependant en partie réussi puisque, en France, la gauche des idiots utiles (à la haine de la démocratie) l’a repris à son compte. C’est ainsi que, pas plus tard que samedi dernier, notre amie Caroline Fourest a encore été agressée et interdite de parole, cette fois à la fête de l’Humanité, par une poignée d’islamo-gauchistes au prétexte qu’elle serait «islamophobe». On ne peut que déplorer qu’une partie de la presse française, dont Libération, ait également fait usage de ce mot après l’ignoble assassinat à Benghazi de l’ambassadeur américain en Libye.
Deuxième rappel, d’ordre historico-juridique cette fois : l’exécution après torture du chevalier de la Barre remonte à 1766. Il avait été condamné pour blasphème. Il a depuis été réhabilité et une rue de Paris porte même son nom. La France est laïque depuis 1905 et il y est parfaitement licite de dire tout le mal que l’on veut de n’importe quelle religion. Les catholiques en savent quelque chose. On a parfaitement le droit ici, Dieu merci, d’être bouffeur de curé, de rabbin ou d’imam.
Et maintenant aux faits. On ne sait toujours pas exactement qui a fabriqué et mis en ligne la courte vidéo originellement titrée «Innocence of Muslims» (on sait quand même que ce n’est pas un «israélo-américain» comme cela s’est dit avec fort peu d’innocence) ni précisément pourquoi. Et à vrai dire on s’en fiche un peu. Elle est à ranger aux côtés des innombrables livres, pamphlets, dessins ou films qui ridiculisent les religions. Certains sont drôles et subtils, d’autres crétins et balourds, certains simplement potaches. L’essentiel est qu’ils puissent exister. Ce qui mérite notre attention est la réaction haineuse d’une partie du monde musulman. Nous disons bien «d’une partie». Ce n’est même qu’une toute petite partie, une partie infime des adeptes de l’islam qui manifeste depuis quelques jours. Un suivi attentif du nombre d’excités qui sont descendus dans la rue de par le monde montre que, en comptant large, ils sont au maximum quelques centaines de milliers. En France leur tentative de rassemblement ce samedi 15 septembre, n’a pas été suivie par plus de 300 personnes (ce qui est toutefois déjà trop et constitue un signe inquiétant d’offensive publique des salafistes et assimilés).
Cet isolement de l’ultra-minorité d’imbéciles agités qui se prétendent, au Pakistan, au Soudan, en Tunisie ou en Egypte, offensés par la vidéo, cet isolement fait honneur à la grande majorité des musulmans : ils ne se sont pas laissés piéger par les fous furieux fondamentalistes. La violence des abrutis salafistes qui ont assassiné l’ami Christopher Stevens et trois autres membres du personnel diplomatique américain à Benghazi, les incendies et pillages de représentations occidentales ne reflètent pas le soi-disant «embrasement du monde arabo-musulman» comme le laissaient entendre certains titres fallacieux choisis par une presse réagissant à la va-vite. Les gouvernements arabes issus des révolutions, même dominés par les Frères musulmans, comme au Caire ou à Tunis, ont réagi avec une saine fermeté contre leurs extrémistes. Quant aux dirigeants libyens, ils s’honorent d’avoir déclenché enquête et arrestations visant les auteurs du quadruple assassinat de Benghazi.
A ceux des fidèles qui se sentiraient tellement agressés par «Innocence of Muslims» nous demandons pourquoi ils ne manifestent pas quand leurs coreligionnaires en chair et en os se font massacrer par dizaines de milliers en Syrie. Comment se fait-il qu’aucune ambassade syrienne n’ait été attaquée dans le monde musulman pour protester contre le régime criminel de Bachar al-Assad ? D’où vient que Poutine ait pu allègrement tuer en masse les Tchétchènes, eux aussi musulmans, sans susciter alors d’autre colère que celle des défenseurs des droits de l’homme ? Pourquoi Omar el-Béchir peut-il exterminer dans une indifférence presque générale des centaines de milliers de musulmans noirs africains au Darfour ? La vie humaine serait-elle donc moins sacrée que le Coran et le Prophète ?
Nous sommes de ceux qui se refusent à penser que l’islam se réduit à ses extrémistes. Nous avons toujours dénoncé sa manipulation à des fins politiques, comme l’Iran des mollahs fanatiques vient à nouveau de s’y employer : en relevant de 500 000 dollars la prime accordée à qui assassinerait Salman Rushdie au nom de la fatwa lancée contre lui en 1989 par Khomeiny, Téhéran ne cherche qu’à se placer dans la course au leadership sur le monde musulman, sa position étant fragilisée par son soutien au gang des tueurs de Damas. La combine est cousue de fil blanc. Le régime islamiste iranien se trompe s’il prend les musulmans pour des imbéciles naïfs, en d’autres termes pour des innocents.