Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier – Les mots et les mensonges de la Flottille de Gaza

12 June 2025 | 288 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion
Stéphanie Dassa's picture
Documentaire Sauver Auschwitz
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23 January 2017
Catégorie : Opinion

"Sauver Auschwitz ?" un documentaire diffusé le 24 janvier à 22h40 sur Arte 

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Je n’avais pas l’intention d’épiloguer sur ce bateau pour Gaza qui a défrayé la chronique jusqu’à son arraisonnement par la marine israélienne, car la mise en scène en était vraiment trop grossière. De plus, l’intervention israélienne s’est effectuée sans le moindre accroc. Il y a quinze ans, l’arrivée des commandos israéliens sur le bateau turc Mavi Marmara avait provoqué dix morts et une rupture des relations d’Israël avec la Turquie qui ne s’est jamais plus véritablement amendée.

Ici, au lieu du paquebot qu’était le Mavi Marmara, on avait affaire à un petit voilier de plaisance, bateau amiral et seul représentant en réalité de cette soi-disant flottille de la liberté. Il faut lire les messages grandiloquents où Rima Hassan et ses amis écrivaient qu’ils n’avaient pas peur de la mort. Au lieu du martyre, ils ont obtenu des sandwiches, la marine israélienne a elle aussi fait quelques progrès dans la société du spectacle dans laquelle nous baignons.
Clap de fin d’une partie achevée dans un ridicule que les commentaires de Jean-Luc Mélenchon sur l’héroïsme des militants rendaient encore plus grotesque ? Malheureusement, ce n’est pas sûr.
En écoutant Greta Thunberg prétendre qu’elle avait été « kidnappée », j’ai compris que l’affaire n’était pas terminée. Car « kidnapper » c’est le mot qu’on a utilisé, cette fois à juste titre, pour ceux qui ont été enlevés le 7-Octobre, dont certains ont été assassinés et dont d’autres croupissent depuis plus de 600 jours dans les tunnels du Hamas. Le regard épouvanté de Shiri Bibas comparé au calme des militantes de la flottille dit tout. Ces dernières savaient, au rebours de leurs déclarations sur la barbarie d’Israël, que rien de grave ne leur arriverait. Cela n’a pas empêché Greta Thunberg de se plaindre dès son retour à Stockholm, où elle avait été expédiée illico après avoir signé un document où elle reconnaissait avoir commis une infraction en violant le blocus, ce qui justifiait son expulsion. Nul doute que Rima Hassan, qui, avec les deux tiers des participants à la flottille, a refusé de signer ce document et est donc en prison le temps de l’enquête administrative, nous présentera un festival à charge contre son kidnapping et contre la police israélienne.

Le terme de kidnapping a été repris par Manuel Bompard et ses collègues de LFI. C’est la mise en équivalence avec l’enlèvement des Israéliens. Plus encore, si Greta Thunberg a été « kidnappée » le 9 juin 2025, cela signifie au fond que 251 personnes ne l’ont pas été le 7 octobre 2023. Je me demande si leurs avocats ne vont pas qualifier d’entrave à la liberté d’opinion la proposition qui a été faite par les autorités israéliennes de visionner un film sur le 7-Octobre, aux douze militants arrêtés qui ont courageusement refusé, pour ne pas mettre en risque leur droit à l’aveuglement.

Dans cette guerre, les mêmes mots peuvent servir aussi bien de brûlots que d’extincteurs.

Il y a d’autres mots dont le sens risque d’être carbonisé. Si Rima Hassan n’est pas expulsée au plus vite, ses amis vont la présenter comme une otage. On devine les fulminations de Mélenchon et les tweets de Marion Aubry, celle qui avait refusé au Parlement européen de soutenir l’admirable Boualem Sansal, otage du gouvernement algérien. C’est mettre en regard des situations qui n’ont rien de commun, un exercice dans lequel les communicants pro-Hamas sont des maîtres, comme en témoignent les usages actuels des mots génocide, extermination et famine. Bien sûr la députée européenne qui est une imposture en elle-même, puisqu’elle se présente comme une réfugiée palestinienne alors qu’elle est surtout la fille d’une syrienne qui a fui son pays pour échapper à son mari, lui-même technicien militaire pour le régime syrien, va dès sa sortie soigner son image factice d’héroïne indomptable.
Dans ce jeu de faux-semblants notons que le bateau apportait à Gaza une aide minuscule, d’ailleurs distribuée par les Israéliens après leur saisie de la cargaison. De fait, les militants humanitaires auraient été bien en peine d’effectuer de façon sécurisée la moindre distribution alimentaire s’ils avaient pu accoster. Pour eux tout se termine donc assez bien, même si les Israéliens ne leur ont pas concédé une posture de résistants, mais plutôt de losers, ce qui aux yeux de Mélenchon comme à ceux de Trump, est une tare impardonnable.

Notons aussi que le Soudan, où la famine est dramatique, ne bénéficie d’aucune indignation internationale et que la diabolisation d’Israël permet de minimiser la responsabilité massive du Hamas dans la mauvaise distribution de l’aide passée sous l’égide de l’ONU, cette ONU qui n’est jamais en panne de compromission avec l’organisation terroriste palestinienne, comme le confirment des documents récemment présentés.

Après l’arraisonnement du Mavi Marmara, une commission d’enquête, la Commission Palmer, fut mise en place par le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki Moon. Elle conclut que le blocus naval imposé par Israël était légal au regard du droit international, et que, en situation de guerre, un pays a le droit de contrôler, inspecter et capturer les navires suspectés de violer un blocus, même sur haute mer. Ce qui met à mal une autre distorsion langagière appliquée à Israël, l’accusation de piraterie.

Un membre de la fameuse « flottille », le brésilien Thiago Avila, avait présenté Nasrallah, le leader défunt du Hezbollah, comme un martyr source d’inspiration pour les peuples, et une autre, l’allemande Yasemin Acar, avait posté une vidéo où elle dansait de joie en apprenant que des missiles iraniens bombardaient Israël. Quant à Rima Hassan, elle avait, entre autres, accusé Israël de la mort des enfants Bibas. Il est difficile de croire que le désir de venir en aide aux déshérités de Gaza ait été la seule motivation de tous les passagers du bateau Madleen.

Cela montre que c’est finalement le mot humanitaire lui-même qui a été dévoyé dans cette randonnée médiatique, dont l’organisateur en coulisse est un vieux briscard du Hamas, le palestino-britannique Zaher Birawi, fondateur de la Coalition de la flottille de la liberté. C’est cette fondation qui avait affrété le Mavi Marmara : quelques humanitaires avaient alors servi de vitrine pour masquer le noyau de passagers lourdement militarisés. Quinze ans plus tard, le casting médiatique a un peu changé, mais la finalité demeure : diaboliser Israël…

 

 

Richard Prasquier, président d'honneur du Crif 

 

 

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