Blog du Crif - Affaire Sarah Halimi : Les derniers jours de mon pays ?

23 Avril 2021 | 341 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Lundi 20 novembre, j'ai rencontré le Président français Emmanuel Macron à Paris, accompagné d'une délégation du Congrès Juif Européen (EJC).

La semaine dernière, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) proposait dans sa newsletter et sur ses réseaux sociaux un contenu qui a fait polémique.

Mon discours prononcé au dîner du Crif Grenoble-Dauphiné, le 22 octobre 2017.

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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

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Opinion

Fausses rumeurs, photos ou vidéos truquées… les fausses informations, ou fake news, inondent le net. La désinformation va parfois plus loin, prenant la forme de théories à l’apparence scientifique.

L'exposition CHAGALL, LISSITZKY, MALÉVITCH...L'AVANT-GARDE RUSSE À VITEBSK (1918-1922) est à découvrir juqu'au 16 juillet 2018 au Centre Pompidou.

Scoop : l’appel au boycott est illégal en France

 

Et vous, comment définiriez-vous l’humour juif ?

Pour vous donner le goût des vacances, le Crif vous fait voyager et lance sur ses réseaux la campagne "Juifs du Monde". Ensemble, partons à la découverte des populations juives du monde, de leurs histoires et de leurs traditions. Aujourd’hui, embarquement immédiat pour Hong Kong !

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Retranscription de la chronique de Patrick Klugman, avocat et ancien Président de l'UEJF, pour RCJ

J’ai appris que la famille Halimi souhaitait poursuivre son combat judiciaire en Israël. La loi pénale israélienne s’est effectivement dotée d’une compétence pour connaître des crimes commis à l’étranger notamment lorsqu’ils ont eu pour effet de porter atteinte à la vie d’une personne de confession juive.

Je ressens cette annonce comme un  deuil supplémentaire.

Évidemment, je pense à Herzl qui fonde le projet de l’Etat juif en assistant comme journaliste à la dégradation du capitaine Dreyfus dans la cour des invalides. Je pense aussi à cette belle phrase de Blum, en 1946, je crois, où il affirme soutenir la création d’une patrie pour les juifs qui n’auraient pas eu la chance comme lui de la trouver dans leur pays de naissance.

Je pense après Léon Blum que  les idéaux originels du sionisme et ceux de la République ne sont pas éloignés et même convergents. Voilà qu’une famille désespérée de n’avoir pu obtenir justice en France se tourne vers Israël pour connaître d’une affaire qui s’est déroulée en France et où toutes les parties sont françaises. 

Nous en serions là dans le  premier pays émancipateur des juifs en Europe ?

J’entends la désolation qui sous-tend cette démarche.. La justice a manqué dans cette affaire et c’est un crime dans le crime.

Mais, je ne peux souscrire à cette forme de justice qui n’en serait pas une : juger un homme par hypothèse absent de son procès (la France n’extrade pas ses nationaux) dans une langue qu’il ignore, dans un pays dans lequel il n’a commis aucune infraction. Une telle justice ne réparerait pas une injustice. Peut-être même l’aggraverait-elle. Et puis, quel apaisement pour la famille, quel éclaircissement nouveau sur l’affaire cela pourrait-il donner? On nous parle ici du respect  du droit international mais son premier principe -  non bis in idem – consiste pour une juridiction à respecter les décisions de justice rendues dans un autre pays.

Cependant, le meurtre impuni de Sarah Halimi est une tâche de plus. Une beance supplémentaire pour la France que je vois par ailleurs  y compris par sa justice, sombrer, sombrer de toute part. Au sens propre, j’ai l’impression de vivre éveillé les derniers jours de mon pays, du pays qui m’a nourri et dans lequel j’ai grandi. La France c’est pas rien. C’est pas un territoire, c’est un idéal.  Un pays plus grand que lui même. Qui s’est donné une déclaration des droits de l’homme en préambule de sa constitution. Un pays qui offre à chacun sa chance et à tous, l’éducation et la santé. Qu’en reste—t-il quand la justice n’est ni dite ni intelligible dans son silence ?

L’affaire Halimi en tant que telle est un naufrage judiciaire. Remise dans le contexte de la montée continue en nombre et en intensité de la violence contre les français juifs depuis 20 ans, elle est un naufrage tout court. Le crime est sordide et pour des raisons mille fois commentées, il restera sans le pansement fut-il symbolique, d’une réponse pénale, c’est à dire de sa prise en charge par la collectivité.

Je pense que l’affaire Halimi est un drame en France et demeurera un drame pour la France.

Patrick Klugman