Blog du Crif - Lire "Tout passe", de Vassili Grossman, aujourd'hui

28 Mars 2022 | 208 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

Pages

Actualité

Pages

Opinion

Pages

Vassili Grossman est connu pour être l’auteur d’un des chefs d’œuvre de la littérature du XX ème siècle, Vie et destin. Il est également l’auteur de Tout passe, son dernier écrit à mi chemin entre essai historique et roman, où l’on suit Yvan le personnage principal au retour de trente années passées dans un goulag.

 

Pourquoi lire Tout passe aujourd’hui ?

Vassili Grossman qui est reconnu comme un des grands auteurs de la littérature russe, est né dans une famille juive d’Ukraine entre Lviv et Kiev et a vécu une partie de sa vie à Odessa. Lire l’œuvre de Vassili Grossman, c’est croiser des personnages historiques réels et des personnages imaginaires et se plonger dans le récit de la bataille de Stalingrad, du complot des blouses blanches, du système concentrationnaire soviétique, de la Shoah par balles et de l’antisémitisme stalinien.

Dès 1943, dans le texte L’Ukraine sans les juifs, il dénonce les massacres perpétrés contre les juifs ukrainiens par les nazis assistés des autorités locales.

C’est dans Tout passe que Grossman fait relater par une ancienne paysanne les horreurs de l’Holodomor, « l’extermination par la faim » organisée en 1932 par Staline en Ukraine, qui a fait plusieurs millions de victimes (entre 2,5 et 5 millions).

Cet épisode de l’histoire soviétique a été occulté de l’histoire officielle jusqu’en 1991. En 2006, l’Ukraine devenue indépendante qualifie l’Holodomor de génocide. En 2008, le Parlement européen reconnaît l’Holodomor comme crime contre l’humanité.

Il faut lire aujourd’hui Tout passe pour ne pas oublier cet épisode terrible de l’histoire de l’Ukraine, et pour tenter de comprendre par la plume d’un immense écrivain, l’histoire complexe de ce pays. 

Aujourd’hui et depuis plus d’un mois, les Ukrainiens en écrivent avec héroïsme une nouvelle page. La ville de Marioupol assiégée par l’agresseur russe depuis 3 semaines, ne cesse d’être bombardée. La ville est quasi sans électricité, sans eau et sans nourriture. L’initiative du Président Emmanuel Macron de mise en place d’un couloir humanitaire est vitale. A défaut, Marioupol deviendra une ville martyre.

Lisons aujourd’hui Vassili Grossman qui fait dire à Yvan dans Tout passe :

« Il n’y a qu’une force qui persiste, qui se développe, qui vive, et cette force, elle réside dans la liberté. Vivre, cela signifie être un homme libre… Un jour, liberté et Russie ne feront qu’un. »

Patricia Sitruk