Président du Crif, un militant juif et citoyen
Crédit photo : ©Leah Marciano
Jeudi 3 juillet 2025 s’est tenu le 39e Dîner annuel du Crif, en présence du Premier ministre, François Bayrou. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.
Paris, le 3 juillet 2025,
Mesdames et messieurs,
Faut-il demander à nos enfants de baisser la voix quand ils parlent des Juifs ou d’Israël dans le métro ? C’est la question dont nous débattons avec Arielle, mon épouse, depuis le 7-Octobre. Faut-il se résoudre à retirer la mezouza de nos portes, à dissimuler son étoile de David ? C’est le dilemme auquel font face les familles juives de notre pays.
Je refuse qu’en France les Juifs aient à choisir entre leurs affinités et leur sérénité, entre leur identité et leur sécurité !
Il y a dix ans, face au retour de l’antisémitisme, Robert Badinter témoignait : « Au soir de ma vie, je retrouve, hurlés par des fanatiques, les mêmes mots que je voyais, enfant, inscrits à la craie sur les murs de mon lycée parisien : Mort aux Juifs ! ».
Chers amis,
Ce n’est pas la première fois que je viens m’exprimer devant vous, dans l’amitié républicaine de notre dîner. Cette année encore, pour les Français juifs, l’heure est à l’inquiétude, parfois à la peur, toujours à la mobilisation. Cette année encore, plus qu’auparavant, le monde apparaît incertain. Et, cette année encore, je veux faire appel à notre esprit républicain de résistance.
Il en est qui finissent par douter de tout et de tous. La démocratie vaut-t-elle encore la peine qu’on se mobilise ? Notre pays, la France, peut-il conjurer le déclassement qu’on lui promet ? Les Français s’interrogent : sommes-nous encore capables de faire Nation ? Le doute, je le disais, c’est aussi celui des Français juifs : auront-ils toujours une place en France ?
Et ces doutes sont renforcés par la violence. La violence des clivages idéologiques. La violence du terrorisme et de l’islamisme. La violence des chocs économiques. La violence antisémite, mais aussi celle de toutes les haines qui minent la société. La violence, partout dans le monde, brandie par des régimes autoritaires conquérants.
Mais pour que la violence cesse, il ne suffit pas de la déplorer, il faut aussi savoir se battre. C’est à la fois une leçon de l’histoire juive et l’esprit de la République. L’antidote à la violence du monde c’est l’action et l’engagement collectif : Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place.
Pour les Français juifs, la confiance en l’avenir est sans doute le bien le plus précieux mis en péril par le déferlement d’antisémitisme depuis le 7-Octobre. L’obsession dans le débat public autour des Juifs, du Proche-Orient ou de l’antisémitisme, la progression de l’islamisme, la fureur des foules chauffées à blanc par La France insoumise (LFI), la montée inexorable des populismes dans toute l’Europe, ont réveillé pour les Juifs des doutes et des questions que chacun pensait réservées au passé.
Cet antisémitisme d’atmosphère, c’est par exemple le mur de rejet social auquel sont confrontés les enfants juifs dans des écoles de la République, quand 16 % des élèves de 11 à 18 ans en France, assument refuser d’être amis avec un élève juif !
Et qui pense ici qu’un juif, identifiable par une kippa ou un simple pin’s jaune comme celui que je porte, aurait pu prendre part en toute sérénité à la liesse populaire après la victoire du Paris Saint-Germain ?
Comment imaginer qu’une jeune fille de douze ans soit violée sur fond d’assignation au conflit à Gaza ? Que deux synagogues soient incendiées à Rouen et La-Grand-Motte ? Qu’un rabbin soit agressé physiquement à deux reprises à quelques jours d’intervalle ? Le rabbin Elie Lemmel est à nos côtés ce soir, je vous demande de le saluer. Comme le rabbin Engelberg d’Orléans, agressé quelques semaines avant lui, j’admire sa dignité.
Comment accepter aussi que le groupe de hip hop irlandais, Kneecap, dont les chanteurs ont récemment hurlé « Vive le Hamas, vive le Hezbollah ! » lors d’un concert au Royaume-Uni puisse se produire cet été à Rock-en-Seine ?
Dans notre époque, la sémantique-même est devenue une ligne de front. Il y a quarante ans, nous étions traités de « sales Juifs », il y a vingt ans de « sales sionistes » et aujourd’hui de « génocidaires ». Faut-il, pour alléger les consciences européennes, tenter sans cesse de nazifier l’État refuge des rescapés de la Shoah ? Faut-il, pour mieux accabler Israël, travestir l’Histoire, galvauder la mémoire de l’extermination des Juifs d’Europe ?
Mais je le dis avec gravité devant vous : l’accusation de génocide est aussi une réactivation sécularisée de l’accusation millénaire de peuple déicide. Dans les deux cas, il s’agit d’un mensonge et d’une essentialisation des Juifs, tous coupables du sacrilège ultime : celui d’assassiner Dieu quand la valeur suprême était la religion, celui d’exterminer un peuple quand nos sociétés, à raison, célèbrent les Droits de l’Homme.
Il a fallu des hommes de courage dans le dialogue judéo-chrétien pour désamorcer, avec Vatican II et Nostra Aetate, l’accusation de peuple déicide. Ne laissons pas, sous nos yeux, se poser sur le peuple juif l’étiquette infamante de génocidaires vouée à légitimer violences et persécutions pendant des générations à venir. C’est notre responsabilité historique.
Monsieur le Premier ministre,
« La France est la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur », disait l’historien Marc Bloch, héros de la Résistance, dont la dépouille rejoindra bientôt le Panthéon. « Je suis un arbre de Judée dans la forêt française » répondait Albert Cohen, petit enfant juif né à Corfou devenu l’un des plus grands écrivains de notre langue. Ces mots disent mieux que de longs discours l’enracinement des Juifs dans la culture de notre pays.
Cet enracinement c’est aussi la lampe à huile, ornée d’une menora sculptée, datée du 1er siècle de notre ère, et retrouvée à Orgon dans les Bouches-du-Rhône. C’est la sagesse de Rachi au 11e siècle, le courage des 37 000 poilus Juifs combattants de la Grande guerre, la beauté de la « Maison sublime » à Rouen, le sens de la justice de René Cassin ou la dignité de Simone Veil. Mais ce sont aussi les grandes figures de notre temps, comme Pierre Nora ou le professeur Baulieu, né Blum, disparus il y a peu à et à qui je veux rendre hommage ce soir.
Les Juifs vivaient en France, avant même que la France ne soit la France. Leur contribution à l’histoire de France, puis à la République, ne sont plus à prouver. C’est aussi ces noces bimillénaires qui seront célébrées le 9 octobre lorsque la dépouille de Robert Badinter franchira le seuil du Panthéon.
Mesdames, messieurs,
Quand les réseaux sociaux cultivent les passions tristes des Français, les discours de nos responsables politiques peuvent apaiser ou hystériser le débat public. Ils sont trop nombreux, ces élus qui choisissent d’attiser le feu en alimentant les outrances et les raccourcis coupables.
Parmi eux, il en est un au populisme mondain et à la faconde inimitable. Invité incongru de la fête de l’Humanité, servile avec les dictatures et les pétro-monarchies mais intransigeant avec les démocraties, Dominique de Villepin est devenu un Mélenchon des beaux quartiers. Comment un ancien Premier ministre peut-il ignorer que son discours sur le contrôle des médias ou sur la finance, quelles que soient ses intentions, résonne pour beaucoup comme une rhétorique complotiste ou antisémite ? Mesdames et messieurs les élus : comme le dit le titre de son livre, vous avez « Le pouvoir de dire non » au projet proposé par Dominique de Villepin.
Dans un autre style, Jean-Luc Mélenchon, lui, poursuit inlassablement son travail d’hystérisation du débat public en réduisant Gaza à un slogan électoral. Face aux critiques, le chef de La France Insoumise n’a qu’une seule ligne de défense : nous sommes tous d’extrême droite, cette extrême droite dont il est devenu le plus puissant carburant dans les urnes.
Avec lui, Rima Hassan, Thomas Portes, David Guiraud, Aymeric Caron et quelques autres... ont en commun d’être de faux amis des Palestiniens et de vrais ennemis de la République. Faux ami des Palestiniens, tant pour eux leur détresse n’a qu’une fonction, celle de vilipender l’État juif. Au fond, ils ne craignent pas un génocide : une part d’eux-mêmes l’espère, pour mieux accabler Israël et stigmatiser les Juifs, accusés de complicité ! Vrais ennemis de la République en revanche qu’ils sacrifient sur l’autel du communautarisme assumé et du clientélisme décomplexé.
Je le redis ce soir : notre priorité politique doit être de rendre résiduelle l’influence politique de La France insoumise !
Face à LFI, la réaction peut et doit venir de la gauche. La gauche française doit se démélenchoniser comme la gauche anglaise s’est décorbynisée ! Le refus d’Olivier Faure d’exclure aujourd’hui explicitement toute alliance avec LFI est une faute morale. Pourquoi la gauche républicaine s’autorise-t-elle avec LFI ce que la droite républicaine s’interdit, à raison, avec le Rassemblement National (RN) ?
Chers amis,
L’esprit du judaïsme et le génie de la République ont en partage de croire aux vertus du volontarisme, à la possibilité d’agir pour rendre la société meilleure.
Face à l’islamisme, les politiques ont la responsabilité d’éveiller les consciences, sans alarmisme mais avec lucidité. La publication par le ministère de l’Intérieur du rapport sur les Frères musulmans va à nos yeux dans le bon sens.
L’islamisme est un totalitarisme qui menace tous les Français, à commencer par les nombreux Français musulmans qui rejettent l’intégrisme. Je le répète cette année comme l’an passé : Al Jazeera et sa déclinaison en ligne AJ+ sont des acteurs anti-républicains dont l’agenda islamiste et indigéniste devrait largement justifier leur interdiction. Récemment interdits en Jordanie, pourquoi les Frères musulmans sont-ils autorisés en France ? Les démocraties aussi ont le droit et le devoir de se défendre.
Soyons clairs : s’il y a de l’antisémitisme en France, la France n’est pas un pays antisémite. J’en prends pour preuve l’engagement des pouvoirs publics à travers l’organisation des Assises de la lutte contre l'antisémitisme, si nécessaires, l’adoption d’une loi pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme au sein de l’Université, ou celles en cours visant à lutter contre l’antisionisme ou devant donner le grade de général à Alfred Dreyfus. Merci aux élus et aux pouvoirs publics qui, face à l’antisémitisme et à toutes les haines, veillent à mettre à jour notre arsenal législatif.
Mais, les mentalités, surtout, doivent changer. Face au flot de la haine en ligne, le Crif plaide pour une amende forfaitaire systématique pour les auteurs de propos racistes, antisémites, homophobes… sur les réseaux sociaux. Pourquoi reçoit-on une amende pour le téléchargement illégal d’un film ou pour un excès de vitesse et pas pour un propos haineux en ligne ? Il ne doit pas y avoir davantage d’impunité sur les autoroutes de l’information que sur celles de notre pays ! Nous lancerons à la rentrée une campagne de sensibilisation sur ce sujet de salut public.
Être républicain c’est aussi mener un combat implacable contre le racisme : mes pensées vont ce soir à Aboubakar Sissé, et à Hichem Miraoui, tous deux victimes de meurtres racistes, inspirés par des idéologies haineuses. Les Français d’origine maghrébine ou de confession musulmane doivent savoir qu’ils ne sont pas seuls. Les entrepreneurs identitaires de tous bords trouveront toujours face à eux des républicains déterminés.
Chers amis,
Les guerres, partout, menacent quand elles ne sèment pas déjà désolation et destruction. Sur notre continent, l’Ukraine continue d’être la cible de l’appétit impérialiste de Vladimir Poutine. À l’autre bout du monde, Taïwan est sans cesse rappelé à son isolement par les bruits de botte de la Chine. Au Soudan, un violent conflit fait des centaines de milliers de victimes, dans l’indifférence de tous.
Parmi les victimes de ces violents tourments du monde, nous pensons ce soir en particulier aux 1200 femmes, hommes et enfants assassinés le 7 octobre 2023 en Israël, et aux otages toujours retenus par le Hamas à Gaza, comme nous pensons aux victimes civiles palestiniennes de cette guerre.
Une de ces otages israéliennes revenues de l’enfer des tunnels du Hamas, Shoshan Haran, est parmi nous ce soir. Avec vous, je veux lui dire notre soutien et notre affection ! Mais surtout, avec elle, avec vous, je veux appeler à la libération des 50 otages encore retenus par le Hamas. Notre liberté à tous ici ne peut être complète sans leur libération là-bas !
Chers amis,
Certains, y compris au sein de l’Assemblée nationale, font aux Juifs un procès en inhumanité : nous serions insensibles, parce que Juifs, à la détresse des populations civiles palestiniennes. Je veux répondre avec fermeté : parce que nous sommes juifs, parce que nous sommes Français, nous sommes sensibles à la détresse de TOUTES les populations civiles, israéliennes comme palestiniennes, y compris donc les civils de Gaza jetés dans la guerre par le Hamas. Nous saluons la reprise de la distribution d’aide alimentaire, tellement nécessaire dans ces heures difficiles pour les civils. Mais dire cela ne nous empêchera jamais de dire que la cause d’Israël est juste dans cette guerre qu’il n’a pas choisie.
En 1967, Israël rompait en six jours l’étau qui le menaçait, de l’Égypte à la Syrie, de la Jordanie au Liban. En 2025, douze jours auront été nécessaires pour désamorcer, au moins quelques temps, une autre menace existentielle, celle du nucléaire iranien. Mais ces douze jours auront aussi été suffisants pour démontrer les positions erratiques de certaines diplomaties européennes, dont, à mon grand regret, celle de notre pays.
Comment peut-on le vendredi, affirmer à raison son soutien aux frappes contre la menace nucléaire iranienne et le dimanche refuser que soient exposées au Bourget les moyens qui ont permis de mener cette opération ?
Comment notre pays peut-il d’un côté – et c’est tout à son honneur ! – intercepter des drones ou missiles iraniens, et de l’autre appeler à des négociations avec les mollahs, qui persécutent les femmes iraniennes ?
Bien-sûr, les voies de la diplomatie sont précieuses. Mais quand elles échouent, les démocraties savent qu’elles n’ont jamais le droit d’être les plus faibles. Quand il faut se battre pour la paix, je préfère la fulgurance d’un André Malraux dans Les noyers de l’Altenburg « Que la victoire demeure avec ceux qui auront fait la guerre sans l’aimer ! ».
Car oui, le propre des démocraties n’est pas de renoncer à se défendre. C’est de savoir, quand il le faut, faire la guerre sans l’aimer, dans des conditions toujours difficiles, toujours discutables. C’est la vocation de l’armée française, pour laquelle toutes les synagogues de France prient chaque samedi. Comme c’est la vocation de celle d’Israël et de toutes les démocraties.
Ensemble, espérons que cette guerre et son lot de désolation prennent fin le plus rapidement possible, avec la libération des otages.
Si nous sommes tous attachés à une solution juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, respectueuse des droits de chacun, 78 % des Français rejettent aujourd’hui toute reconnaissance d’un État palestinien avant la libération des otages et la reddition du Hamas.
51 % considèrent que cela renforcerait le Hamas. Le Hamas a assassiné 49 Français auxquels un poignant hommage national a été rendu dans la cour des Invalides. Pourquoi, quelles que soient nos intentions louables, risquer d’offrir à une organisation terroriste l’opportunité de revendiquer une victoire symbolique ?
Le Crif représente la communauté juive de France dans de nombreuses réunions internationales. Lorsque la critique est juste, je l’accepte mais quand il m’arrive d’entendre des mots outranciers sur la France, y compris lorsqu’ils viennent d’Israéliens, j’en suis moi-même blessé et je veille à toujours les corriger. Rien ne justifie jamais l’outrance.
Défense des démocraties. Ambition. Lucidité. Pragmatisme. Courage. C’est à ce prix que la voix de la France peut et doit porter encore plus loin.
Chers amis,
La confiance dans la République ne se décrète pas : elle se construit pas à pas, elle se transmet, jour après jour.
Ferdinand Buisson, l’un des plus ardents défenseurs de l’école républicaine, rappelait que « l’école est l’institution par laquelle une République se fonde mais aussi se réinvente elle-même. »
Monsieur le Premier ministre,
Ce soir je partage avec vous le vœu que l’école soit toujours la fabrique des citoyens, l’atelier de l’émancipation, le creuset de l’esprit critique.
Qu’ainsi l’école puisse mieux lutter contre l’antisémitisme, contre le racisme, l’homophobie, comme toutes les haines.
Qu’elle soit fidèle à la mémoire des professeurs Jonathan Sandler, Samuel Paty et Dominique Bernard.
L’éducation, disait Emmanuel Levinas, « consiste avant tout à donner le sens de l’altérité. L’humain commence avec le souci de l’autre ». Le regard sur le fait juif doit changer : il faut le normaliser. Il est temps que la part juive de l’histoire de France, la longue présence juive dans notre pays, soit mieux enseignée, et qu’elle ne se résume pas à l’histoire de l’antisémitisme, de l’Affaire Dreyfus ou de la Shoah.
Monsieur le Premier ministre,
Lors de notre rencontre, vous m’aviez confié votre volonté farouche de ne jamais vous adresser aux Français par catégorie. Permettez-moi de vous dire qu’ici nous partageons avec vous l’idée qu’il n’y a en France qu’une seule communauté politique, c’est la communauté de destin qui unit tous les Français dans la République !
Le judaïsme est un universalisme. Notre dîner n’est-il pas l’illustration de la plus belle définition du judaïsme, donnée à la fin du 19e siècle par le rabbin et philosophe, Elie Benamozegh ? « Le judaïsme, c’est l’universalisme comme fin et le particularisme comme moyen ».
Ici, les craintes, les aspirations, les espoirs des Français juifs traduisent les craintes, les aspirations, les espoirs de tous les Français. Œuvrer contre l’antisémitisme, comme lutter contre le poison de toutes les haines, c’est toujours rassembler les Français autour de leurs valeurs essentielles.
Monsieur le Premier ministre,
Comme vous, je suis lassé d’entendre que seules les pensées radicales pourraient aujourd’hui mobiliser les foules, que la victoire de l’extrême droite serait inéluctable : en France, j’en suis convaincu, celles et ceux qui aspirent à une République forte, laïque et universaliste, constituent le collectif le plus puissant du pays.
N’en déplaise aux populistes, face à l’antisémitisme et aux outrances de l’extrême gauche, face à l’appétit sage et patient de l’extrême droite, la République n’a pas dit son dernier mot.
Aux citoyens engagés qui se sentent seuls, notre dîner rappelle que nous, les républicains solitaires, sommes les plus nombreux !
Chers amis,
Comme les fondateurs du Crif en 1943 dans la clandestinité de la Résistance,
Comme le Grand rabbin Abraham Bloch, mort sur le front en 1914 après avoir porté une croix à un soldat catholique agonisant,
Comme Lucien Herr dans sa bibliothèque de l’École Normale Supérieure d’où il mène le combat pour Dreyfus,
Comme la tragédienne Rachel, firmament du théâtre parisien au 19e siècle,
Comme le 27 septembre 1791 à l’Assemblée constituante lors du décret d’émancipation des Juifs de France,
Comme les Juifs de Bayonne, premiers chocolatiers de France au 16e siècle,
Comme Rachi, ses vignes et ses livres, au tournant du premier millénaire à Troyes,
Comme les Juifs de Provence il y a vingt siècles à Orgon,
Nous sommes là et je veux croire que demain, nous serons là !
Monsieur le Premier ministre,
Redonner aux Français juifs confiance dans l’avenir, c’est restaurer la confiance pour tous les Français, en la France et en la République !
Je vous remercie.
Yonathan Arfi, président du Crif