Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Vladimir Kara-Mourza

20 Avril 2023 | 91 vue(s)
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Actualité

L’Amitié judéo-chrétienne de France - dont plusieurs militants du Crif sont membres du Comité Directeur - a tenu dimanche 29 janvier son Conseil national, l’occasion pour nous de donner quelques nouvelles du front du dialogue.

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Un livre de Victoria Klem

Suite au vote le 16 décembre 2016 du conseil municipal de Clermont-Ferrand au vœu présenté par les groupes communistes, Front de gauche et Europe écologie, vœu relatif au boycott des produits israéliens fabriqués dans « les territoires palestiniens occupés », le Maire de Clermont-Ferrand a fait paraître dans le journal local la Montagne un communiqué. La présidente du CRIF Auvergne-Rhône- Alpes lui répond…

Au lendemain des déclarations du ministre israélien de la défense, lundi 26 décembre, qualifiant la conférence de paix sur le Proche-Orient qui doit se tenir prochainement à Paris de nouveau « procès Dreyfus », le Crif a condamné des propos « maladroits ».

 
 
 

J'ai répondu aux questions d'Olivier Lerner dimanche 4 décembre lors de notre Convention Nationale

Halte à la discrimination d'Israel, le CRIF proteste suite à la décision d'étiqueter les produits israeliens. 

Suite à l'annonce de l'adoption de la directive de l'E.U sur l'étiquetage des produits israéliens le Crif a réagit à travers un communiqué, j'ai voulu dénoncer la décision française et l'obessession israelienne.

J'ai répondu aux questions de Sputnik news.

« Si on parlait de la France ? Français, juifs et citoyens » : c’est le thème de la 7e Convention nationale du Crif le dimanche 4 décembre au Palais des Congrès de Paris.

C’est une étonnante indifférence qui entoure la mise en lambeaux de la ville d’Alep en Syrie.

Donald Trump est un excentrique narcissique qui au cours de sa campagne électorale a fait du mensonge une arme redoutable.

Réflexion d’un professeur d’histoire-géographie sur l’abstention de la France au vote de la résolution adoptée par le comité du patrimoine mondial de l’Unesco niant tous liens entre les Juifs et les lieux saints de Jérusalem.

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Opinion

Fausses rumeurs, photos ou vidéos truquées… les fausses informations, ou fake news, inondent le net. La désinformation va parfois plus loin, prenant la forme de théories à l’apparence scientifique.

L'exposition CHAGALL, LISSITZKY, MALÉVITCH...L'AVANT-GARDE RUSSE À VITEBSK (1918-1922) est à découvrir juqu'au 16 juillet 2018 au Centre Pompidou.

Scoop : l’appel au boycott est illégal en France

 

Et vous, comment définiriez-vous l’humour juif ?

Pour vous donner le goût des vacances, le Crif vous fait voyager et lance sur ses réseaux la campagne "Juifs du Monde". Ensemble, partons à la découverte des populations juives du monde, de leurs histoires et de leurs traditions. Aujourd’hui, embarquement immédiat pour Hong Kong !

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Il a 41 ans, il est Russe orthodoxe, mais son nom, qui signifie « prince noir », témoigne d’une ascendance tartare. Son père était déjà un défenseur des droits de l’homme et sa mère, dit-on, est juive. Emprisonné depuis un an, il vient d’être condamné à Moscou à 25 ans de régime carcéral sévère pour haute trahison, donc, à terme, vraisemblablement à la mort, chez cet homme déjà handicapé par une neuropathie périphérique, séquelle non pas d’une, mais de deux tentatives d’empoisonnement, en 2015 et en 2017, et qui a déjà perdu 20kg en prison.

Vladimir Kara-Mourza avait été arrêté en avril de l’an dernier pour désobéissance à la police et dissémination de calomnies sur l’armée russe. Puis, sans argument nouveau, on y a ajouté la rubrique de haute trahison, ce qui a donné un prétexte à l’extrême sévérité de la peine.

 

Son épouse, Evguenia, que j’ai rencontrée au gala d’UN Watch où Vladimir Kara-Mourza était honoré, est réfugiée aux États-Unis avec leurs trois enfants.  Elle explique aujourd’hui que son mari, à qui ses amis avaient conseillé de partir, ne se sentait pas le droit moral de protester de l’extérieur en abandonnant ceux qui luttaient contre la dictature à l’intérieur de la Russie. Evguenia reprend les mises en garde de son époux contre les tentations d’apaisement : « Satisfaire les dictateurs ne mène jamais à rien. Poutine attaquera de nouveau. Et si ce n’est pas l’Ukraine, la fois prochaine, ce sera la Moldavie ou un autre pays ».

 

Kara-Mourza est un militant de toujours de la démocratie parlementaire, longtemps journaliste dans le monde anglophone, proche du chef de l’opposition politique, Boris Nemtsov, qui fut assassiné près du Kremlin en février 2015. Il a contribué à l’adoption par le Congrès américain d’une loi, dite « loi Magnistky » en l’honneur de ce juriste russe qui, pour avoir dévoilé un réseau de fraude fiscale impliquant les plus hauts niveaux de la société fut arrêté, condamné, torturé et laissé à agoniser en prison. La fermeté de Vladimir Kara-Mourza avait tellement impressionné à l’époque le Sénateur John Mc Cain que ce dernier, sachant  sa mort prochaine,  avait demandé qu’il  soit l’un des porteurs de son cercueil.

À son procès, il a non seulement refusé de plaider coupable, mais, depuis la cage où il était enfermé, il prononça à l’issue du verdict quelques phrases admirables qui ont pu être retranscrites et diffusées. Son seul regret, disait-il entre autres, était de ne pas être parvenu à convaincre un nombre suffisant de ses concitoyens du danger que représentait Poutine pour son pays et pour le monde.

 

La détermination de Kara-Mourza évoque celle, plus spectaculaire médiatiquement, de Alexeï Navalny, lui aussi emprisonné, mais pour une durée théoriquement nettement moins longue. Alors qu’on a pu extraire des éléments nationalistes dans le discours de Navalny et l’attaquer sur ce thème, cela n’a jamais été le cas avec Kara-Mourza. 

Celui-ci fait penser à un autre prisonnier indompté, Natan Sharansky, incarcéré entre 1979 et 1986. La comparaison n’est pas fortuite. Vladimir Kara-Mourza, dans sa jeunesse, est allé en Israël interviewer Sharansky. De plus, son avocat a dit après le procès que son livre de chevet en prison était l’ouvrage de Sharansky  sur son expérience pénitentiaire,  Fear no evil, « Je n’aurai pas peur » (d’après les paroles d’un Psaume). Un des messages forts de ce livre est « rien de ce que les autres me font ne peut m’humilier, mais je pourrais éventuellement m’humilier moi-même si je n’agissais pas de façon digne ». C’est une règle de vie exigeante, soigneusement respectée.

Interrogé à l’issue du procès de Vladimir Kara-Mourza, Natan Sharansky a souligné que dans les années 80, le KGB d’Andropov et le régime soviétique lui-même n’avaient plus tout à fait le caractère impitoyable qu’ils avaient revêtu à l’époque de Staline. Malheureusement, ajoute-t-il, « Je crois que peu à peu on se dirige en Russie vers la terreur des années 30 ».

Ce sont là des paroles qu’il convient de méditer. Pour ceux qui renvoient dos à dos Russie et Ukraine, et pour ceux qui osent dire, comme je l’ai entendu, que au fond, et contrairement aux Occidentaux, ni les Russes, ni les Chinois, ni les Iraniens n’ont jamais colonisé d’autres peuples, il faut qu’ils assument que les modèles nationaux de ces pays, Staline, Mao et Khomeini figurent parmi les grands assassins de leur siècle.

Honneur par contraste à l’homme inconnu qui tente d’arrêter un char sur la place Tien an Men, honneur à la manifestante anonyme iranienne, honneur à Vladimir Kara-Mourza, héros d’une liberté dont, dans nos pays privilégiés, nous risquons d’oublier le goût.

 

Richard Prasquier, Président d'honneur du Crif 

 

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