Commémoration des victimes de Vichy et Justes de France au Camp des Milles

 
En ce dimanche 17 juillet 2016, et devant les drapeaux en berne, la cérémonie débuta par une minute de silence en hommage aux victimes de l’attentat de Nice du jeudi 14 juillet et à leurs familles. 
 
Puis les noms de la centaine d’enfants et d’adolescents juifs déportés en 1942 du Camp des Milles vers Auschwitz résonnèrent comme témoignage de la barbarie du régime de Vichy complice du nazisme.
 
Ces noms furent suivis de la lecture par Bruno Benjamin, nouveau Président du CRIF Marseille Provence, de la lettre de Pierre Masse à Pétain, dénonçant les lois anti-juives promulguées par Vichy en octobre 1940, puis par la lecture par Bernard Agai, Président de la Communauté Juive d’Aix-en-Provence, de la lettre écrite à Pierre Laval par la fille de George Mandel suite à l’assassinat de son père le 1er juillet 1944 à Paris. 
 
Mais face à l’engrenage du pire, la résistance de chacun est possible, comme le rappela la lecture des noms des « Justes parmi les nations » ayant œuvré pour les internés du Camp des Milles, par Florianne Devès-Lambert, qui reçut en mars dernier au camp des Milles la médaille de Justes à titre posthume pour ses grands-parents. 
 
Prenant alors la parole, Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation souligna l’importance du triple lien fondamental entre les déportations de Vichy et les attentats terroristes : « D’abord l’horreur, y compris contre des enfants, à Nice aussi : Brodie 11 ans, Yannis 7 ans, Yannis 4 ans, Mehdi 12 ans, Amie 12 ans, Kylian 4 ans, d’autres encore inconnus… Puis il y a cette cause commune profonde : l’extrémisme identitaire (religieux, nationaliste ou politique), dont la radicalisation n’est qu’un des processus, et qui conduit au rejet de l’Autre et à la violence raciste. [...] Et enfin il y a la capacité des hommes à réagir, à  résister, comme le montrèrent les Justes mais aussi les actes justes de tous ceux qui, lors des attentats, ouvrent leur portes ou apportent leur aide ». 
 
Il termina son discours en citant un passage de La Nuit d’Elie Wiesel, à qui il rendit un hommage vibrant en soulignant combien, malgré son histoire douloureuse, il avait su garder espoir en la transmission et en l’éducation, y compris dans son soutien à la démarche d’éducation citoyenne de la Fondation du camp des Milles : « L’oubli signifierait danger et insulte. Oublier les morts serait les tuer une deuxième fois. Et si les tueurs et leurs complices exceptés, nul n’est responsable de leur première mort, nouvelle le sommes de la seconde ».
 
Le Sous-Préfet d’Aix-en-Provence, Monsieur Serge Gouteyron lut alors un message du Secrétaire d’État auprès du Ministre de la Défense chargé des anciens combattants : « A l’heure où les rescapés de l’horreur sont de moins en moins nombreux à pouvoir témoigner, à l’heure encore où certains nationalismes ressurgissent, la transmission de la mémoire est plus que jamais un impératif. Il s’agit d’un devoir moral envers ceux qui ont perdu leur vie et ceux qui ont résisté. Il s’agit aussi d’une nécessité pour l’avenir car la barbarie ne meurt jamais ».