Francis Kalifat

Ancien président

Ma rencontre avec Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France

26 February 2018 | 228 vue(s)
Catégorie(s) :
Actualité

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Pages

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

L'entretien a débuté par une large introduction sur la nécessité de cette rencontre et le contexte dans laquelle elle intervient. 

"Nous avons été profondément choqués par le vote de la loi polonaise visant à criminaliser toute référence à la responsabilité polonaise pour les crimes commis par le régime nazi pendant la Shoah" ai-je déclaré. J'ai néanmoins précisé que le Crif comprenait parfaitement que la dénomination "Camp de la mort polonais" ne correspondait pas à la réalité historique en ajoutant qu'il s'agissait de camps d'extermination nazi installés en Pologne. En revanche, j'ai insisté sur la gravité de la décision récente de criminaliser tout propos qui indiquerait une responsabilité ou une co-responsabilité des Polonais dans les crimes de la Shoah.

Je suis également revenu sur les propos du Premier ministre polonais à Munich, lesquels ont situé la responsabilité de la Shoah sur les Juifs eux-mêmes. "Ces propos sont blessantes, inacceptables et totalement contraires à la vérité historique" ai-je assuré avant de poursuivre "Cela revient à faire des victimes les bourreaux".

Monsieur Tomasz Młynarski a expliqué qu'à l'occasion d'un entretien avec le journal allemand Die Welt, le Premier ministre avait pu revenir ses déclarations, qu'il estime avoir été sorties de leur contexte. J'ai alors insisté sur le caractère inacceptable de ces propos quel qu'en soit le contexte et expliuait qu'ils devaient être retirés.

 
L'Ambassadeur a rappelé qu'il trouvait absolument inacceptable sur le plan humain et religieux l'existence de la Shoah. Il déplore que les camps de la mort se soient trouvés en Pologne, alors occupée par le régime nazi du troisième Reich tout en précisant que la Pologne avait payé un prix très lourd. 

Cette rencontre a été l'occasion de rappeler la longue histoire des Juifs de Pologne, vieille de 1000 ans, ainsi que le contexte d'antisémitisme profondément ancré dans la période d'avant-guerre en Pologne. J'ai invité à se souvenir que la communauté juive polonaise avant la Shoah était forte de 3 millions de personnes, et que sa quasi-totalité avait été exterminée par les nazis.

j'ai encore ajouté que par cette loi, c'est une partie de l'histoire de la Shoah qui est remise en cause et que la grandeur d'un pays réside aussi dans sa capacité à regarder son histoire tant dans sa part de lumière que dans sa part d'ombre. J'ai aussi insisté sur la nécessité de laisser les historiens travailler librement sur le sujet. 

Monsieur l'Ambassadeur a profité de la rencontre pour exposer le projet d'organiser dans les mois à venir deux manifestations culturelles : une exposition sur 1000 ans de vie juive en Pologne, et un événement autour des racines polonaises juives de l'Etat d'Israël. 

En conclusion de l'entretien, Tomasz Młynarski a manifesté une volonté d'apaisement. J'ai rappelé que le message du Crif sur la nouvelle loi demeurait clair et sans ambiguïté et qu'il était souhaitable que l'examen de la loi par le tribunal constitutionnel apporte les éclaircissements et les correctifs indispensables à l'apaisement souhaité.  

 
David-Olivier Kaminski, membre du Bureau exécutif du Crif et Robert Ejnes, Directeur exécutif du Crif, ont également assisté à la rencontre.

Le Crif vous propose :