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Published on 11 September 2019

Discriminations/Homophobie - Frédéric Potier : "J'appelle les arbitres à continuer courageusement" d'arrêter les matchs

Le Président du Crif Francis Kalifat a réagi sur Twitter aux propos de Noël le Graet. Il a rappelé que l'homophobie devait être combattu au même titre que l'antisémitisme et le racisme. Il a souligné qu'il n'y avait aucune hiérarchie entre les haines et que celles-ci devaient être traitées selon leurs spécificités propres.

Publié le 11 septembre sur FranceInfo

Pour Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, la réaction du président de la Fédération française de foot "n'est pas à la hauteur".

"Il faut arrêter cette tolérance, ce laxisme qui a prévalu pendant des années et des années dans les stades de foot", déclare Frédéric Potier, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, mercredi 11 septembre sur franceinfo, après la décision du président de la Fédération française de football Noël Le Graët de ne plus arrêter les matchs pour homophobie.

Franceinfo : Noël Le Graët veut bien arrêter les matchs pour racisme mais pas pour homophobie. Qu'en pensez-vous ?
 
Frédéric Potier : Je trouve que cette réaction n'est pas à la hauteur des enjeux. Nous sommes de nombreux partenaires à essayer de faire reculer la haine dans les stades, que ce soit le racisme ou l'antisémitisme ou l'homophobie. D'ailleurs, il n'y a pas de hiérarchie à avoir entre ces différents fléaux. Et donc avec les associations on essaie de sensibiliser, on essaie d'expliquer, on essaie de convaincre et là, ces déclarations, je vous avoue qu'elles déçoivent.

Y a-t-il une distinction entre le racisme et l'homophobie dans la loi ?

Non, absolument pas, le Code pénal retient des faits d'incitation à la haine, à la violence, des injures publiques ou privées. Il ne fait pas de distinguo entre les deux. Il réprime de manière aussi ferme et aussi précise l'ensemble de ces manifestations de haine. Il n'y a absolument pas de raison d'arrêter des matchs pour des cris de singe par exemple alors qu'il faudrait les laisser se poursuivre pour des slogans homophobes. Et au-delà de cet aspect juridique, je pense qu'il y a un aspect éducatif. Moi qui vais dans le stade avec mon fils de 7 ans, je ne veux pas qu'il puisse entendre ce genre de choses. Il sait très bien lire, il comprend ce qu'il est marqué sur les banderoles. Je ne vois pas en quoi insulter des adversaires, des supporters adverses permettrait à une équipe de mieux jouer.

Certains supporters opposent que les insultes sont "l'esprit du foot". Que répondez-vous ?

C'est ça le problème, c'est qu'on ne se rend pas compte qu'un certain nombre d'insultes sont vraiment dégradantes, humiliantes, pour des personnes LGBT, pour des supportrices, pour des femmes. Et moi je pense qu'on peut avoir un peu une prise de conscience de ces propos-là. Il n'y a pas de raison qu'on puisse faire ça dans un stade de foot. J'observe quand même que dans d'autres stades, de handball, de basket, de meeting d'athlétisme, ce ne sont pas des choses qu'on entend, ce ne sont pas des choses qu'on voit. Je ne vois pas en quoi ces choses-là, il faudrait les banaliser. Au contraire, non, il faut expliquer, il faut rappeler que par exemple le taux de suicide des jeunes LGBT est 4 à 5 fois supérieur [à celui des jeunes hétérosexuels]. Il faut rappeler aussi que parmi les supporters, les joueurs, les entraîneurs, il y a des personnes LGBT. Et donc je pense qu'il faut le prendre en compte, il faut arrêter cette tolérance, ce laxisme qui a prévalu pendant des années et des années dans les stades de foot.

Si c'est la loi, est-ce que cela signifie que les arbitres doivent désobéir à leur patron Noël Le Graët ?

J'observe aussi que les arbitres doivent appliquer un règlement et que le règlement, notamment inspiré par les règles de la Fifa, prévoit l'interruption des matchs, donc moi je ne suis pas à la place des arbitres. C'est à eux de se prononcer en fonction du contexte, en fonction de ce qu'ils entendent, de ce qu'ils voient. Et moi je les appelle à continuer courageusement ce qu'ils ont entrepris depuis le début de cet été. Je les appelle à appliquer le règlement et les règles qui sont prévues par les instances fédérales.