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Published on 16 June 2020

Monde - Coronavirus : l’Europe rouvre ses frontières, l’épidémie rebondit en Chine

L’Espagne a annoncé dimanche qu’elle avançait au 21 juin la réouverture de ses frontières avec les pays de l’Union européenne.

Publié le 14 juin dans Le Monde

La pandémie a fait au moins 431 193 morts et infecté plus de 7,8 millions de personnes dans le monde, selon un bilan établi par l’Agence France-Presse (AFP) à partir de sources officielles, dimanche 14 juin. Les Etats-Unis sont le pays le plus touché avec 115 586 décès. Suivent le Brésil avec 42 720 morts, le Royaume-Uni (41 698 morts), l’Italie (34 345) et la France (29 407).

Alors que la Chine a enregistré dimanche un rebond des nouveaux cas de Covid-19, renforçant les craintes de résurgence de la pandémie dans le pays où elle a démarré fin 2019, plusieurs pays d’Europe s’apprêtent à rouvrir leurs frontières après avoir constaté un recul de la maladie.

57 nouveaux cas en Chine, confinement de zones résidentielles à Pékin

Selon les autorités chinoises, 57 nouveaux cas confirmés de contamination au coronavirus ont été recensés dans le pays entre samedi et dimanche, dont 36 liés à un marché de gros à Pékin – le plus haut chiffre quotidien depuis avril.

Avec l’apparition de ce nouveau foyer de contamination dans le marché de Xinfadi, qui fournit la capitale en produits frais, les autorités ont pris de nombreuses mesures pour contenir l’épidémie. Vingt-quatre centres de test ont été ouverts et plus de 10 000 personnes ont été testées localement. Les autorités ont l’intention de tester 46 000 habitants des quartiers entourant le marché, ainsi que ceux y travaillant, et se lancent à la recherche de ceux qui s’y sont rendus récemment.

Onze zones résidentielles des environs ont, par ailleurs, été placées en confinement et une partie du marché bouclée par des policiers masqués. Un porte-parole de Pékin, Xu Hejian, a affirmé dimanche à la presse que Pékin entrait dans « une période exceptionnelle ».

Les frontières rouvrent en Europe

Ce regain d’inquiétude en Chine intervient alors qu’en Europe, où la maladie est en net recul, l’Allemagne, la Belgique, la France et la Grèce rétablissent, lundi matin, la libre circulation avec tous les pays de l’Union européenne (UE). L’Autriche fera de même lundi, à minuit. Athènes, dont l’économie repose en grande partie sur le tourisme, va même plus loin et invite les voyageurs de plusieurs régions hors UE – comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, la Corée du Sud, la Chine.

Le retour à la libre de circulation à l’intérieur du Vieux Continent se fait en ordre dispersé. L’Italie avait rouvert ses frontières à tous les voyageurs dès le 3 juin. Autre pays pressé de sauver sa saison touristique, la Croatie a rouvert ses frontières dès jeudi, tout comme la Pologne, accessible pour tous les citoyens européens depuis samedi.

De nombreux pays ont choisi la « stratégie de l’oignon », en s’ouvrant à leurs voisins d’abord avant d’élargir le périmètre. Nombre d’entre eux (Hongrie, Bulgarie, Autriche, République tchèque, Slovaquie, Lettonie…) maintiennent des restrictions pour les voyageurs en provenance des destinations européennes, où le taux d’infection est encore jugé trop élevé. Chaque pays a composé sa liste, plus ou moins longue, de zones à risque. La France, où Emmanuel Macron a annoncé la réouverture des frontières avec les pays de l’UE dès le 15 juin, a prévenu qu’elle appliquerait « la réciprocité » aux pays imposant des restrictions à ses ressortissants.

En Espagne, le gouvernement, qui avait jusqu’ici donné la date du 1er juillet, a décidé de lever « les contrôles aux frontières avec tous les Etats membres [de l’UE] le 21 juin », date à laquelle sera levé l’état d’alerte dans le pays, a déclaré, dimanche, le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, lors d’une allocution télévisée. Après discussion avec le Portugal, la décision a, en revanche, été prise de « maintenir les contrôles à la frontière terrestre avec le Portugal jusqu’au 30 juin » inclus, a ajouté M. Sanchez. Le Portugal attendra, lui, le 1er juillet pour accueillir les touristes.

Accord européen pour un éventuel vaccin

L’Union européenne a sécurisé samedi son approvisionnement en vaccins contre le Covid-19 en concluant un accord avec le groupe pharmaceutique AstraZeneca qui garantit la fourniture de 300 millions de doses. L’accord a été négocié par l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et l’Italie. Il prévoit l’approvisionnement de l’ensemble des pays membres de l’UE, ainsi que d’autres pays européens volontaires, dès qu’un vaccin contre le Covid-19 sera découvert.

La mise au point d’un vaccin pourrait être achevée avec succès d’ici à la fin de l’année, selon des sources gouvernementales allemandes. La Commission européenne avait défendu vendredi auprès des pays de l’UE l’idée de se regrouper pour garantir un accès privilégié à un futur vaccin. Elle plaidait notamment pour la mise en place de contrats d’achats anticipés, un principe accepté par les Etats membres, même si la santé reste une compétence nationale.

La situation empire en Amérique latine

L’épicentre de la pandémie se trouve désormais en Amérique latine. Avec un total de 42 720 morts recensés samedi soir, le Brésil est le deuxième pays le plus endeuillé par le Covid-19, derrière les Etats-Unis. La situation empire aussi dans des pays comme le Mexique et le Chili, cependant qu’au Honduras le système hospitalier est « au bord de l’effondrement », a averti le professeur Marco Tulio Medina, de l’Université nationale.


Accusés d’avoir mal géré la crise sanitaire ou d’agir à contretemps, des gouvernements se retrouvent sur le banc des accusés un peu partout dans le monde. C’est notamment le cas au Chili, où le ministre de la santé, Jaime Mañalich, a démissionné samedi après une semaine de polémique sur la hausse du nombre des cas de Covid-19 et la méthodologie de comptage. Alors que le Chili totalisait, samedi, 3 101 décès depuis début mars, les chiffres transmis à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) faisaient état, eux, de plus de 5 000 morts liés au Covid-19, selon le Centre d’enquête journalistique.

Rebond de la mortalité en Iran

Téhéran a annoncé, dimanche, que le Covid-19 avait fait plus de 100 morts en vingt-quatre heures en Iran, ce qui n’était plus arrivé depuis deux mois. Les autorités sanitaires ont recensé 107 nouveaux décès dus au SARS-CoV-2 entre samedi midi et dimanche à la mi-journée, a déclaré Sima Sadat Lari, porte-parole du ministère de la santé, ce qui porte le bilan de l’épidémie à 8 837 morts en Iran, qui est de loin le pays du Moyen-Orient le plus touché par la pandémie.

« Il est très douloureux pour nous d’annoncer ce nombre à trois chiffres », a déclaré Mme Lari lors d’une conférence de presse télévisée. Depuis début mai, les chiffres officiels traduisent une tendance de hausse des nouveaux cas. Jusque-là, les autorités ont affirmé que cette augmentation était le résultat d’une intensification du dépistage et que cela ne traduisait aucune détérioration de la situation sanitaire.

En Inde, inquiétudes face à une pénurie de lits

L’Inde a enregistré plus de 300 000 cas confirmés de Covid-19, lequel a fait près de 9 000 morts. A New Delhi, mégapole de 20 millions d’habitants, plus d’un millier de nouveaux cas sont enregistrés quotidiennement. Le rythme des décès est tel que, dans les morgues, les corps s’entassent et le personnel des cimetières et des crématoriums n’arrive pas à suivre.

Les médias indiens font état de nombreuses personnes décédées après avoir été refusées par les hôpitaux. Sur les réseaux sociaux, des familles ont raconté comment un lit d’hôpital leur avait été refusé ; d’autres ont affirmé avoir déboursé une petite fortune pour obtenir une place. Le gouvernement local estime avoir besoin d’au moins 80 000 lits d’ici la fin juillet. Il a prévenu qu’en cas de nécessité des hôtels et des salles de mariage seront transformés en hôpitaux. Actuellement, les hôpitaux publics comptent 8 505 lits destinés aux personnes souffrant du virus et 1 441 au sein des établissements privés. Des spécialistes s’interrogent sur la capacité de la ville à faire face à la pandémie, notamment le peu de tests effectués.

Nouveau comptage du nombre de morts en Russie

La Russie a enregistré 2 712 morts liées au coronavirus en avril, soit plus du double des décès recensés auparavant, selon des statistiques basées sur une nouvelle méthode de comptage et publiées samedi par l’agence publique Rosstat.

Les chiffres officiels montraient jusqu’à présent que 1 152 personnes étaient mortes en Russie du Covid-19 en avril. Les autorités russes avaient précisé que ce bilan ne prenait en compte que les cas où le Covid-19 était établi comme cause principale du décès. Mais le ministère russe de la santé a annoncé, fin mai, qu’il allait revoir ses méthodes de comptage en suivant les recommandations de l’OMS, qui plaide pour une comptabilisation des causes annexes ou des cas suspects.