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Publié le 18 Octobre 2017

Crif/Mémoire - Trois questions à Eliane Yadan, enfant cachée, interrogée par Johana Tuil

Eliane Yadan était une enfant cachée par Aline et Marcel Salagnad pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, elle a accepté de se confier à nous.

Quel souvenir gardez-vous de la guerre ?

Que du bonheur… Je sais, c’est difficile à croire et à entendre. Mais pendant la guerre, j’ai été très heureuse. J’étais cachée avec mon cousin. On jouait, on riait, et on était chéri par “Maman Lolo” et “Papa Lolo”. Nous célébrions toutes les fêtes catholiques ; ma préférée était Pâques, nous nous amusions à chercher les oeufs dans le jardin. Le dimanche, on allait à l’église. Et j’adorais ça. Je connaissais toutes les prières par coeur.

Parlez-moi de vos retrouvailles avec vos parents biologiques.

Je suis née le 1er septembre 1939, et j’ai été confiée à cette famille d’accueil de 1941 à 1945. J’ai toujours su que “Maman Lolo” et “Papa Lolo” n’étaient pas mes vrais parents. On m’avait dit que mes parents biologiques étaient en Grèce, mais j’ignorais le reste. A la fin de la guerre, j’étais prévenue : mes parents biologiques viendraient me chercher. La première rencontre fut douloureuse, déchirante même. Je ne voulais pas quitter ceux qui m’avaient tant aimée pendant ces années. Mais plus le temps passait, mieux j’apprenais à connaître mes parents biologiques. Rapidement s’installa une relation fusionnelle avec eux, surtout avec ma mère. Je refusais de passer du temps loin d’eux. J’étais “leur petite Eliane”. Mais je n’ai bien sûr jamais oublié ceux qui m’ont sauvée : le 4 novembre 2004, Yad Vashem a décerné à Aline et Marcel Salagnad le titre de Juste parmi les Nations.

Pouvez-vous m’expliquer votre rapport au judaïsme - des retrouvailles avec vos parents à aujourd’hui ?

Au départ, c’était un véritable rejet. Je refusais de croire et d’admettre que j’étais Juive. J’en avais même honte. Mais le jour de ma Bat-Mitzvah, quelque chose a changé. Je ne me suis jamais autant sentie Juive que ce jour là. Peu à peu, j’ai appris à être Juive et surtout, je m’y suis accrochée. Tellement accrochée qu’aujourd’hui je suis l’une des plus croyantes de ma famille. Mes parents m’ont transmis l’honneur d’appartenir à cette communauté. C’est pourquoi la transmission de l’Histoire m’est particulièrement vitale : depuis quelques années, j’interviens régulièrement dans des écoles (laïques et juives). Et je suis certaine que mon investissement n’est pas vain : ma petite-fille sera, à terme, mon porte-parole, la mémoire étant une responsabilité intergénérationnelle qui nous unie.

Vous trouverez tous les détails de son histoire ici : http://bit.ly/2tFxxGz

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