Lu dans la presse
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Publié le 21 Avril 2021

France - Affaire Sarah Halimi: la communauté juive, désemparée, va poursuivre le combat

Un nouveau rassemblement devrait avoir lieu dimanche à Paris en l’honneur de cette sexagénaire juive défenestrée en 2017.

Publié le 20 avril dans Le Figaro

Il n’y aura pas de procès dans l’affaire Sarah Halimi, mais sans doute une évolution de la loi. «Maigre consolation», soupirent les représentants de la communauté juive. «La réalité, c’est qu’il n’y aura pas de justice pour Sarah Halimi, déplore Francis Kalifat, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). L’émotion, la sidération, mais aussi une certaine colère sont toujours là, face à une décision qui dit le droit sans rendre justice.»

Pour «clamer (leur) détermination à poursuivre le combat» pour la mémoire de cette sexagénaire juive défenestrée en 2017, le grand rabbin de France, les présidents du Crif, du Consistoire et du Fonds social juif unifié appellent à un rassemblement dimanche sur le parvis des Droits de l’homme, à Paris.

Il avait fallu un bras de fer de dix mois entre le parquet de Paris et la juge d’instruction pour que le caractère antisémite du meurtre de Sarah Halimi, torturée aux cris d’«Allah akbar», soit finalement retenu. «Ce qui nous marque, poursuit Francis Kalifat, c’est aussi que cet arrêt de la Cour de cassation (confirmant l’irresponsabilité pénale du meurtrier, NDLR) s’inscrit dans cette difficulté qu’a notre société à nommer le mal lorsqu’il s’agit d’une victime juive».

«Dans un contexte où les meurtres, attentats et actes antisémites se sont multipliés depuis plus de vingt ans, cette décision envoie un signal désastreux, renchérit Anne-Sophie Sebban-Bécache, directrice de l’American Jewish Committee France. Au-delà des militants antiracistes, tous ceux qui se font une haute idée de la justice attendaient beaucoup de ce procès, de ce qu’il pourrait envoyer comme message à la société.»

«Une recrudescence d’appels de gens affolés»

Ce combat contre le racisme et l’antisémitisme, «on aimerait que ce soit celui de tous, insiste Noémie Madar, présidente de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). Être sincèrement antiraciste, c’est savoir que, lorsqu’une femme juive est assassinée parce que juive, c’est l’ensemble de la République qui est attaquée».

Pour l’auteur de bandes dessinées Joann Sfar, cette affaire est «un déclic». «Je n’ai jamais vu mes coreligionnaires ainsi, écrit-il sur Facebook. Ce que j’entends, ce n’est pas l’émotion, la rage ou le chagrin. C’est le sentiment qu’il n’y a plus rien à faire. La plupart ne vont pas partir. Mais ils savent qu’ils courent, davantage que les autres citoyens, le risque de retrouver leur gosse avec une balle dans la tête ou leurs aïeux jetés par une fenêtre.»

Le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) observe «une recrudescence d’appels de gens affolés qui ne se sentent plus en confiance en France, raconte Sammy Ghozlan, son président. Certains cherchent à quitter la France».

"Nous devons continuer le combat contre la haine des juifs, cette bouffée délirante aiguë multiséculaire qui a connu de nombreux variants" Me Mario Stasi, président de la Licra

La pétition de la Licra «en mémoire de Sarah Halimi» a déjà recueilli plus de 12 000 signatures. «Personne ne viendra expliquer la mécanique antisémite qui a tenu la main de son bourreau islamiste, regrette Me Mario Stasi, président de la Licra. Nous devons continuer le combat contre la haine des juifs, cette bouffée délirante aiguë multiséculaire qui a connu de nombreux variants, mais qui produit toujours les mêmes effets.»

Afin que «nul n’ignore le martyre de cette victime de l’antisémitisme et qu’à jamais résonne son histoire dans l’esprit des passants», la Licra demande à la Mairie de Paris «que la rue où Sarah Halimi a été assassinée porte désormais son nom». Francis Kalifat veut «aller plus loin» : «Donnons aussi son nom à cette future loi ! Ce serait une façon de lui rendre un tout petit peu justice».