Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - La brisure de la coque. Ou une transmission éthique du dire dans l’œuvre de Levinas, par Claude Bochurberg

20 July 2022 | 84 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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La brisure de la coque. Ou une transmission éthique du dire dans l’œuvre de Levinas, par Claude Bochurberg (*)

 

Admirateur fervent de Levinas, Claude Bochurberg, dans ce petit livre, nous présente un auteur certes difficile d’accès, « rugueux » même, mais essentiel pour comprendre le sens profond du judaïsme : « un état intérieur, une disposition de l’âme, une dimension de l’esprit ». Dans sa préface, Marc-Alain Ouaknin parle « d’un remarquable ouvrage que l’on reçoit comme une poignée de mains », « d’un livre traversé par un souffle inspiré ». La brisure de la coque, c’est en fait la brisure de la coque de l’ego, qui fait dire à Levinas que, tout compte fait, c’est l’Autre, notre prochain, qui compte avant tout.

Blaise Pascal affirmait : « Le moi est haïssable ». La tradition hébraïque, déjà, énonçait : « Bitoul hé ani » à savoir l’annulation du moi.

Et Levinas, à travers ses écrits et dans la pure tradition hébraïque, nous invite à « briser notre noyau dur, si égotiquement humain et cela même dans des conditions extrêmes où l’on est atteint par la douleur et par la souffrance.

On peut résumer la pensée altruiste de Levinas par ces mots : « Positivement, nous dirons que dès lors qu’autrui me regarde, j’en suis responsable, sans même avoir à prendre de responsabilités à son égard ; sa responsabilité m’incombe ». Un altruisme qui va jusqu’à la volonté de disparaître ou de mourir pour l’Autre alors que cet Autre n’a que faire de moi.

L’ouvrage est parsemé de citations. De Levinas, bien entendu, mais aussi de Pascal, Spinoza, Freud, Sartre, Hillel l’ancien, Isaac Louria, Catherine Chalier, Marc-Alain Ouaknin, Adorno, Jacques Rolland, Damasio, Gadamer, André Comte Sponville, Judith Brouste, André Neher, Alexandre Safran, Philippe Nemo, Maurice Blanchot, Roland Barthes, Lacan, Benny Levy ou encore Gilles Bernheim.

S’il convient, nous dit Bochurberg, de lire Levinas, il faut aussi le relire et le relire encore pour être sûr d’en avoir extrait la substantifique moelle.

Un petit livre, mais quel souffle !!

 

Jean-Pierre Allali

(*) CD Éditions. Mars 2022. Préface de Marc-Alain Ouaknin. 106 pages.   18 €.