Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le Billet de Richard Prasquier - Comment Erdogan a-t-il été réélu ?

06 June 2023 | 187 vue(s)
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Actualité

Dans une interview donné à Patrick Perotto de L'Est Républicain, je suis revenu sur l’un des défis des années à venir : combattre les idées de haine qui se répandent sur internet

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

Voici le discours que j'ai prononcé après le vote de l'assemblée générale du Crif.

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

Là-bas, la crainte d'une menace russe est la principale raison qui exacerbe les passions identitaires.

 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Des 27 avril au 10 juin 2016, se tiendront les journées nationales des Mémoires de la traite de l’esclavage et de l’abolition.  Souvenons-nous.

Nouvelle erreur de casting - Au lendemain de l'émission Dialogues Citoyens, retour sur Marwen Belkaid, un invité pas comme les autres.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

Réaction à la célébration du 20ème anniversaire de la mort de François Mitterand

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Opinion

Fausses rumeurs, photos ou vidéos truquées… les fausses informations, ou fake news, inondent le net. La désinformation va parfois plus loin, prenant la forme de théories à l’apparence scientifique.

L'exposition CHAGALL, LISSITZKY, MALÉVITCH...L'AVANT-GARDE RUSSE À VITEBSK (1918-1922) est à découvrir juqu'au 16 juillet 2018 au Centre Pompidou.

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La modestie n’étant pas son fort, Recep Tayyip Erdoğan doit aujourd’hui se croire le maître du monde.

Après un séisme qui a entrainé 60 000 morts et détruit un million de logements en raison des carences dans les secours et les constructions, liées à la corruption, on disait que c’en était fini de Erdogan. La controverse a été bloquée et les critiques condamnés à de lourdes amendes.  

Erdoğan n’a pas été accusé d’avoir bourré les urnes. Mais avant le vote, il a truqué le scrutin.

Ses partisans verrouillaient les sources d’information et la justice aux ordres : le simple motif d’irrespect a permis d’incarcérer un rival gênant, le Maire d’Istanbul…

 

Outre la corruption et les atteintes aux droits de l’Homme, la politique économique plombe le bilan de Erdoğan. Il a, certes, multiplié le produit intérieur brut (PIB) de la Turquie par cinq, une augmentation portée par les constructions. Le déficit commercial s’est creusé, la monnaie a plongé et l’inflation a explosé, 100 % l’an dernier. 

En réaction, Erdoğan a baissé les taux d’intérêt, suivant le Coran qui déteste l’usure, plutôt que la doctrine économique la plus communément acceptée. Cela a conduit l’économie au bord du gouffre, d’autant plus qu’avant les élections, il a ouvert les vannes en augmentant les salaires des fonctionnaires et maquillé la chute de la monnaie en vendant massivement les réserves d’or et de devises de la banque centrale.

Mais une majorité de Turcs a néanmoins voté pour Erdogan ; au vu d’un bilan pareil, c’est une surprise pour la majorité des observateurs occidentaux.

 

Les leçons de cette surprise ne s’appliquent pas uniquement à la Turquie. En voici quelques-unes…

 

1. On peut penser que certains commentateurs, à force de discuter avec des intellectuels turcs qui sont presque tous des opposants au régime, ont été victimes de ce que les spécialistes appellent un biais de confirmation et le commun des mortels la tendance à prendre ses désirs pour des réalités.

 

2. Si l’inflation est massive, tout le monde n’en souffre pas autant. On pense aux classes moyennes des grandes villes étranglées par la hausse des coûts. Mais il y a les autres. Il y a ceux qui, vivant dans les campagnes assez loin des circuits économiques internationaux sont peu impactés tant que la production de nourriture est préservée.

À l’inverse il y a dans les villes ceux qui ont un accès facile aux devises étrangères et qui bénéficient de la chute de la monnaie turque : c’est le cas des proches du pouvoir, c’est le cas des proches de l’industrie exportatrice, et notamment du tourisme. C’est le cas enfin de la très importante diaspora turque dont les avoirs en devises prennent une importance particulière dans leur pays d’origine, qui provient souvent des régions anatoliennes et qui a massivement voté Erdoğan, notamment en Allemagne et en France.

 

3. Le sentiment religieux conservateur n’a pas été entamé par la révolution kémaliste dans une grande partie de la population qui voit en Erdoğan le héros qui a remis les valeurs traditionnelles à leur place, et accessoirement en son rival Kemal Kılıçdaroğlu un hérétique car il fait partie de la communauté alévie…

 

4. Il y a le nationalisme dont Erdoğan joue de façon virtuose, et ses rivaux souvent ne sont d’ailleurs pas en reste avec lui. La palette est large en Turquie : il y a l’espace turcophone, la grandeur du califat, la haine de la Grèce, la négation du génocide arménien, le conflit avec les Kurdes, si besoin la défense de la Palestine et toujours sous-jacente l’hostilité aux États-Unis et à l’Europe. Il pourrait y avoir la défense des Ouïghours, mais il ne faut pas fâcher Xi Jinping. Erdoğan pourrait ressusciter le conflit historique avec la Russie, mais il est aujourd’hui le meilleur ami de Poutine, contre qui il a été au bord de la guerre il y a quelques années.

 

5. Il y a enfin l’habileté politique de Erdoğan qui fait que beaucoup de Turcs ont voté pour lui par orgueil, fiers de l’entendre insulter des dirigeants étrangers, ou de le voir apparaître incontournable sur la scène internationale.

 

Il sert de béquille à la Russie pour violer l’embargo, tout en étant un membre de l’OTAN. Il livre par ailleurs des drones à l’Ukraine, se pose en humaniste auprès des Africains, en présentant un accord sur les céréales qui fait croire à tort que c’est l’Occident qui entrave les livraisons par ses sanctions contre la Russie et en intermédiaire obligé d’un futur accord de paix.

 

Il bloque l’adhésion de la Suède à l’OTAN et lui réclame la livraison d’opposants politiques, laisse planer des menaces sur l’importante base militaire d’İncirlik, attaque les populations kurdes impunément et va peut-être de nouveau utiliser les quatre millions de réfugiés syriens comme une arme de chantage contre l’Europe.

 

S’il compte renflouer les caisses de l’État qu’il a vidées, ce n’est pas par le développement économique ou par une politique monétaire orthodoxe (encore que certains économistes pensent qu’il sera obligé à un renversement de doctrine et qu’il en fera porter la responsabilité sur ses ennemis) mais par la voie politique, par sa capacité de nuisance qui rend la Turquie trop grande pour tomber, et aussi par le soutien des États riches. Ses liens avec le Qatar, économiques et idéologiques, sont très étroits

 

Quant à Israël, après la glaciation qui a suivi l’arraisonnement du navire Mavi Marmara, les relations ont repris et les Israéliens ont été au premier rang des secours après le séisme, mais ils savent à quoi s’en tenir.

Erdoğan ne les aime pas, il héberge les services du Hamas et son idéologie se nourrit en partie des Frères Musulmans. Mais sa conscience aiguë et pragmatique des rapports de force peut en faire pour Israël un partenaire utile. 

 

Richard Prasquier, Président d'honneur du Crif

 

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