Bruno Halioua

Président de la Commission Souvenir du Crif

Blog du Crif - Le jour où Jean Ferrat a vu son père porter l'étoile jaune

09 Juin 2020 | 1156 vue(s)
Catégorie(s) :
France
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#BlogDuCrif - Devoir de mémoire
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20 Septembre 2017
Catégorie : France

Il y a 76 ans, le 15 décembre 1941, 69 hommes ont été fusillés au Fort du Mont Valérien à Suresnes, dans les Hauts de Seine par les autorités d’occupations allemandes. Ces hommes, français et étrangers, furent arrêtés par les forces de polices françaises de la Préfecture de police du département de la Seine (à l’époque).

Je vais vous raconter l’histoire de Moritz Singer, mon oncle, le frère de ma mère, un de ces fusillés.

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

"The strength of a Nation always lies in the the way it looks at its History and and its ability to teach it to future generations".

 

"La force d’une Nation réside toujours dans le regard qu’elle sait porter sur son histoire et sa capacité à l’enseigner aux générations suivantes."

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Portrait de Gil Taïeb
Nous sommes debout
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03 Avril 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

Francis Kalifat, the Crif President gave a speech at the annual Crif's dinner 2017. 

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Il y a 80 ans, le 7 juin 1942, la législation instaurant l'étoile jaune était mise en place. À cette occasion, découvrez 4 articles sur la façon dont Serge Gainsbourg, Jean Ferrat, Sacha Distel et Marcel Gotlib ont vécu le port de l'étoile jaune.

Ces articles sont proposés par Bruno Halioua, et issus de son livre «Leur Seconde Guerre Mondiale», (édition Buchet Chastel - 2020). Dans ce livre, il s'intéresse à la façon dont certaines personnes célèbres ont vécu les événements marquants de la Seconde Guerre Mondiale.

Le jour où Jean Ferrat a vu son père porter l'étoile jaune : "Marqué ! Comme une bête !"

 

Le soir du 6 juin 1942, le jeune Jean Tenenbaum  âgé de 11 ans  qui habite avec ses parents à Versailles assiste impuissant à l’arrivée de son père avec son paquet d’étoiles jaunes qu’il est obligé coudre sur ses vêtements, son pardessus et sa veste. Celui qui deviendra célèbre sous le nom de Jean Ferrat est révolté par cette mesure injuste qui stigmatise son père aux yeux des autres « Marqué ! Comme une bête ! Mais ce que l'on ne savait pas, c'est que c'était comme une bête qui part à l'abattoir »

Jean Ferrat n’est pas astreint à porter l’étoile jaune car sa mère n’est pas Juive. Il avait appris deux ans auparavant à l’occasion du recensement des Juifs la judéité de son père Mnacha Tenenbaum installé en France depuis plus de trente cinq ans et qui avait toujours voulu ardemment s’intégrer dans la société française. Jean Tenenbaum avait subitement son altérité «J’ai appris que je n'étais pas comme les autres!».

Le futur chanteur engagé rappellera par la suite son ressenti face à cette injustice. « Ce fut d'abord une blessure, ensuite une révolte ». Comme la majorité des Juifs le père de Jean Ferrat avait obéit docilement à cette législation car il avait considèré qu’il était très important d’être en conformité avec les lois en vigueur dans le pays qu'il avait choisi sans se douter des conséquences tragiques de sa démarche. Par la suite, Jean Ferrat reprochera à son père son excès d’optimisme « Contrairement à d'autres qui voient le mal partout, il ne le voyait nulle part et c'est cela d'ailleurs qui a causé sa perte ».  

Quelques semaines plus tard , le père de Jean Ferrat sera arrêté puis déporté le 30 septembre 1942 tandis que le jeune Jean Ferrat et son frère seront obligé de se cacher à Perrier, une commune du Puy-de-Dôme puis à Font-Romeu, dans les Pyrénées-Orientales. Comme la majorité des Juifs déportés, Mnacha Tenenbaum n’est jamais revenu.  Jean Ferrat restera toute sa vie marquée par la mort de son « Ce manque, cette absence reste indélébile. La mort de mon père a certainement été un des éléments clés de ma création future ».

Il évoquera en 1963 la Shoah dans sa chanson Nuit et brouillard mais il a fallu attendre 1991 pour qu’il rappelle dans une chanson le drame douloureux de la perte de son père Nul ne guérit de son enfance, dans laquelle il chante : « Celui qui vient à disparaître. Pourquoi l'a-t-on quitté des yeux ? On fait un signe à la fenêtre sans savoir que c'est un adieu ».

Jean Ferrat a également évoqué cette période douloureuse de son enfance et les conséquences qu’elle a entrainé sur son engagement de chanteur : « On porte son enfance toute sa vie. Je ne suis pas un cas unique, mais cette période a été très dramatique pour ma famille, pour moi et pour la France aussi. Il y a une partie de moi qui est devenue adulte très vite ».

 

Dr Bruno Halioua, Président de la Commission Souvenirs du Crif

Cet article est extrait de « Leur Seconde Guerre Mondiale », le prochain livre de Bruno Halioua. (A paraître édition Buchet Chastel en octobre 2020). Dans ce livre, Bruno Halioua s'intéresse à la façon dont certaines personnes célèbres ont vécu les événements marquants de la Seconde Guerre Mondiale.