Le dîner du Crif Marseille-Provence s’est tenu mardi 16 septembre 2025 en présence de Monsieur le Préfet de région, Georges-François Leclerc, Mathias Ott, Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme etla haine anti-LGBT+ (DILCRAH), Renaud Muselier, Président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, Martine Vassal, Présidente de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence, Arthur, animateur et producteur, Denise Toros Marter, rescapée de la Shoah et de nombreuses personnalités et élus de la région. Le président du Crif, Yonathant Arfi, était également présent.
Chers Amis,
Nous sommes très honorés de vous accueillir aujourd’hui à Marseille pour le traditionnel dîner républicain du Crif Marseille Provence.
Marseille, cette ville de sel et de lumière, où la mer change de visage à chaque heure, comme pour nous rappeler que rien n’est jamais figé.
Ville-monde, marquée par les arrivées et les sauvetages, par l’exil et l’accueil.
Une ville qui porte la mémoire des rafles et celle du Camp des Milles, tout proche, où, malgré l’ombre de la nuit, la lueur de l’espérance a survécu portée par les Justes, ces femmes et ces hommes qui, au péril de leur vie, ont choisi l’honneur plutôt que la soumission.
Marseille c’est une âme, une histoire, où le souffle de la liberté rejoint celui de la fraternité.
Monsieur le Préfet,
Votre présence nous honore, car vous incarnez cette France qui puise sa force dans la fidélité à ses valeurs, et cette République qui ne tremble pas lorsqu’elle défend avec courage et dignité ses principes.
Ce qui nous rassemble ce soir n’est pas une simple tradition, ce dîner n’est pas une mondanité : c’est une convocation de la République devant son miroir, une halte de conscience.
Un moment pour dire que la promesse républicaine nous oblige encore, et que la haine, sous toutes ses formes, n’a pas droit de cité dans notre pays.
Alors ce soir, en ces heures où l’histoire s’accélère, où les certitudes se brisent et où les repères vacillent je ne chercherai ni le confort des euphémismes, ni l’abri des formules convenues.
Il est des jours où l’histoire frappe à nos portes avec une brutalité telle qu’aucune mémoire ne suffit à nous y préparer. Le 7-Octobre fut de ceux-là.
Le 7-Octobre, à l’aube, la fête s’achevait à Nova. La musique se taisait comme une vague qui se retire. Ils dansaient encore, ils avaient vingt ans, et déjà la mort s’avançait, calant son pas sur le leur.
Puis vinrent les motos hérissées d’armes, les pick-up lancés comme des meutes, et la stupeur crevée par les rafales. Dans les kibboutzim assoupis, les portes arrachées, les maisons incendiées, des femmes violées, des hommes, des femmes et des enfants brûlés vifs.
Et l’horreur, pire encore que le crime, fut dans sa mise en scène : filmer, exhiber, glorifier la barbarie comme on vend un spectacle.
Ce sont les cris que nul n’oubliera : des mères et des pères dressés comme des murailles de chair entre la haine et leurs enfants.
Ce sont les otages arrachés à la lumière pour être engloutis dans la nuit des tunnels, où depuis plus de 700 jours ils survivent, loin des regards, prisonniers d’un enfer sans fin.
Ce jour-là, Israël a vécu un choc existentiel. Et, pour nous, Juifs de France, un séisme intérieur : l’illusion que l’Histoire avait tourné la page s’est effondrée en un jour.
Mais le 7-Octobre n’a pas seulement ensanglanté Israël ; il a aussi révélé les fractures de la communauté internationale, incapable de parler d’une seule voix face au crime antisémite.
L’Europe, née de la promesse du « plus jamais ça », est apparue hésitante, divisée, comme frappée d’amnésie.
Et c’est précisément dans ces silences et ces failles que prospère le projet du terrorisme islamiste : faire de la peur une arme, de la déshumanisation une stratégie, et du mensonge une justification.
À peine la poussière retombée, l’inversion accusatoire s’est mise en marche : le terrorisme justifié, l’État juif diabolisé, Israël accusé de « génocide » et la haine des Juifs repeinte aux couleurs de la cause.
Or, confondre la tragédie de la guerre, ses bavures, ses deuils, ses fautes et la détresse des populations civiles que nul ne nie et que nous partageons tous, avec l’élément intentionnel du crime et la volonté d’exterminer un peuple, c’est falsifier le droit.
Le droit n’est pas un slogan : c’est une digue, un rempart !
Alors ne cédons pas à la profanation des mots : ce mot de « génocide », lancé comme une arme souille la mémoire de l’irréparable en profanant la mémoire des vrais génocides, à commencer par la Shoah.
Au cœur d’un monde saturé de tyrannies et de régimes autoritaires, la haine de l’État Juif est devenue le moteur exclusif de certaines mobilisations.
Et elle suffit à remplir les rues, quand d’autres tragédies, d’autres massacres, d’autres guerres n’arrachent qu’un silence pesant.
Qui s’indigne vraiment du sort des chrétiens d’Orient et d’Afrique ? Des femmes réduites au silence en Iran ou en Afghanistan ? Des opposants emprisonnés en Turquie ? Des exterminations en Syrie, ou des camps infligés aux Ouïghours en Chine ?
Là, silence.
Mais dès qu’il s’agit d’Israël, les ignorants se muent soudain en ardents défenseurs des droits de l’Homme, et aussitôt s’élèvent les cris, les drapeaux et les slogans.
L’instrumentalisation de la cause palestinienne est devenue l’étendard d’une certaine gauche, nourrie, attisée, organisée par La France insoumise (LFI) et ses affidés qui par clientélisme et électoralisme font commerce de la douleur et travestissent les tragédies en slogans.
Et lorsque, le premier secrétaire du Parti socialiste ose, affirmer que les Juifs doivent choisir entre fêter le nouvel an juif et l’an 1 d’un État palestinien, les accusant de semer la haine, la mort et le désespoir, il franchit une ligne rouge aussi injuste que scandaleuse.
Une essentialisation et une mise en accusation collective d’autant plus inacceptables qu’elles s’ajoutent à un climat déjà lourd de menaces.
Au fond que veulent ces Entrepreneurs de la discorde si ce n’est instrumentaliser la cause palestinienne pour mieux fracturer la République ?
Ceux qui se rendent complices, par adhésion ou par silence, portent la même responsabilité.
Au fond, les choses sont claires, aucune alliance avec un parti ouvertement antisémite ne saurait être tolérée : s’y résoudre, ce serait souscrire à un projet funeste pour l’unité nationale et préférer une victoire électorale au prix du renoncement à l’âme de la France.
Et une nouvelle blessure s’annonce le 22 septembre prochain, jour du Nouvel An juif, lorsque notre pays choisira de reconnaître un État palestinien.
Quelle étrange coïncidence, quel symbole tragique : ce jour qui devrait être consacré à la vie et au renouveau, notre pays l’associera à une décision qui blesse, qui divise et qui fragilise encore la confiance des Juifs de France.
Sans condition.
Sans libération des otages.
Sans désarmement du Hamas.
Sans réforme démocratique de l'Autorité palestinienne.
La France s’était engagée : pas de reconnaissance tant que ces conditions ne seraient pas remplies.
Aucune ne l’est.
Et pourtant, la décision est tombée.
Comme une prime offerte à la terreur. Comme un signal terrible envoyé aux Juifs de France et du monde entier : l’usage de la violence paierait, la barbarie pourrait être récompensée.
Pendant ce temps, plus de quarante-huit otages israéliens sont encore prisonniers du Hamas, depuis plus de sept cents jours. Et c’est pourtant à leurs geôliers que l’on choisit d’offrir la récompense suprême : un État.
La vérité est limpide : il suffirait que le Hamas libère les otages et dépose les armes pour que la guerre cesse.
Non, la paix ne naît pas de l’oubli. Elle ne viendra pas d’une pression injuste exercée sur le seul État démocratique du Moyen-Orient.
On ne bâtit pas l’avenir en effaçant les dynamiques de normalisation régionale, systématiquement sabotées par ceux qui refusent toute coexistence avec Israël.
Et l’on ne reconnaît pas un État en accréditant l’idée qu’on peut massacrer, violer, enlever des enfants, avoir pour unique horizon la destruction d’Israël et l’éradication du peuple juif et malgré cela prétendre à une légitimité internationale.
De la même manière, on ne proclame pas un jumelage avec une ville palestinienne en pleine tourmente.
Ce qui devrait être un signe d’ouverture, devient une fracture, une blessure de plus.
Nous sommes à Marseille, ville-monde, où le vent sait être tantôt mistral, tantôt bourrasque.
Ici, le souffle de la Méditerranée a toujours porté l’idée du vivre-ensemble, des échanges et des rencontres.
Mais ce souffle peut se transformer en tempête, lorsque l’on trahit l’équilibre fragile de la fraternité et que l’on fracture la cohésion sociale qui fait tenir une cité.
Alors je le dis avec gravité : lorsque la parole publique se montre équivoque au cœur d’une flambée antisémite historique, elle ne renforce pas le vivre-ensemble, elle l’affaiblit. Elle ne protège pas la cohésion sociale, elle la met en péril.
Mesdames et messieurs,
Notre pays connaît la bonne route. Elle est le pays de Dreyfus réhabilité, le pays des Justes, le pays de la Libération, le pays de Robert Badinter, abolissant la peine de mort au nom de la dignité humaine.
En France, patrie où le judaïsme s’est enraciné, où l’on disait jadis « heureux comme un Juif en France », un basculement s’est opéré.
L’antisémitisme n’a pas seulement ressurgi : il s’est déchaîné et jamais, depuis des décennies, les Juifs de France n’avaient connu un tel climat.
Un sentiment d’insécurité, d’inquiétude sourde, s’est peu à peu installé au sein de notre communauté, comme une ombre persistante qui assombrit l’avenir.
Nous assistons à la résurgence d’un antisémitisme décomplexé et démultiplié : nourri par les réseaux sociaux qui industrialisent la calomnie ; alimenté par l’antisionisme qui sert de paravent idéologique à la vieille haine des Juifs ; renforcé, enfin, par les complaisances de l’espace public.
Silences, ambiguïtés, équivalences qui, sous prétexte de prudence, fabriquent de l’impunité.
On dit que l’antisémitisme est un thermomètre de la société. Je dis qu’il est un poison. Il s’insinue d’abord par des mots : une insulte, une rumeur, une caricature.
Puis il se répand, goutte à goutte, dans le langage commun, jusqu’à corrompre les esprits, gangrener les rues, pénétrer les écoles et les universités.
Quand la République détourne le regard, ce poison se concentre, et finit par miner ses propres institutions.
Emmanuel Levinas rappelait que « le mythe racial hitlérien ne fit pas que persécuter un peuple il révéla que certains voulaient réduire son être à un visage enfermé, l’empêcher d’exister autrement qu’à travers la haine ».
Aujourd’hui, ce rôle est assumé par l’antisionisme : le poison a changé de visage, enfermant désormais l’existence juive dans une culpabilité collective.
Sous prétexte de défendre une cause travestie, il prétend légitimer l’antisémitisme, en menant un procès permanent qui, peu à peu, vise tout un peuple.
C’est l’inversion accusatoire poussée à son paroxysme : les victimes deviennent les bourreaux, le terrorisme se déguise en « résistance », et l’on va jusqu’à nazifier le peuple juif en comparant Israël, État refuge des rescapés de la Shoah, à ses propres bourreaux.
Martelée, relayée, tolérée, cette idée folle a nourri la haine des Juifs, la rendant plus visible, plus brutale, plus insupportable encore.
Les cibles sont nos synagogues, nos stèles, nos écoles, nos lieux de mémoire. Les victimes sont des enfants, des familles, des rabbins, des fidèles, des passants, des voyageurs.
En Europe comme à l’étranger, la haine franchit les frontières de Berlin à Madrid, de Milan à Amsterdam, de Rome à Valence ou des enfants ont été expulsés d’un avion parce que juifs.
Et la France n’est pas épargnée.
Une fillette de douze ans violée.
Des rabbins agressés.
Des synagogues attaquées.
Des lieux de mémoire vandalisés.
Des artistes et des philosophes boycottés.
L’arbre d’Ilan Halimi scié.
Un parc refusant l’entrée à des enfants israéliens.
Un colloque sur l’histoire juive française boycotté par des universitaires français.
Des étudiants juifs exclus de leurs groupes universitaires.
À Marseille, la haine s’est insinuée jusque dans nos rues, nos immeubles, nos ascenseurs : la stèle des enfants juifs de la Verdière brisée. Des femmes agressées. Des rabbins insultés Des synagogues souillées.
Rien n’a été épargné : ni la mémoire, ni le culte, ni la vie quotidienne.
Et chaque fois, le même message : l’effacement, l’intimidation, l’exclusion.
Ce ne sont pas des « faits divers ». C’est une dérive d’époque révélant une vérité glaçante : pour les auteurs de ces crimes, être juif en France, c’est être coupable de tout. Coupable d’Israël. Coupable d’un prétendu génocide. Coupable d’une prétendue famine. Coupable d’exister.
À chaque fois, le même message : vous n’avez plus votre place ici.
Et le résultat est là, terrible : jamais, on n’avait vu autant de familles juives songer à quitter la France, incapables de se projeter dans un avenir où elles seraient pleinement en sécurité, reconnues et respectées.
Car au fond le seul enjeu est là : la perspective, glaçante, d’une France qui se vide peu à peu de ses Juifs, amputant ainsi une part vivante de sa mémoire, de son histoire et de son âme républicaine.
Mais que veulent, au fond, ceux qui nous vouent leur haine ? Que nous effacions notre mémoire, que nous taisions notre lien à Israël et que nous nous excusions d’exister tels que nous sommes.
Depuis le 27 septembre 1791, date de notre émancipation, le destin des Juifs de France s’est lié à celui de la République. Ce jour-là, la France nous a tout donné comme citoyens : la dignité, l’égalité, la promesse d’un peuple désormais indivisible.
Et c’est au nom de cette promesse que nous affirmons aujourd’hui que cela suffit ! Les Juifs de France doivent pouvoir marcher la tête haute, sans peur et sans détour.
Car l’identité juive n’est pas une exception honteuse, elle est singulière et valorisante. Elle est une fidélité ancienne, une appartenance spirituelle, culturelle et historique. Elle ne se cache pas, elle se vit, elle se transmet, elle s’assume !
Comme le rappelait Raymond Aron, « Le peuple juif existe parce qu’il veut continuer d’exister, par fidélité à une histoire et à une mémoire qui dépassent les générations ».
Alors, jamais !
Jamais nous ne tairons notre mémoire.
Jamais nous ne renierons Israël, car Israël est le retour d’un peuple sur la terre qui lui a donné son nom.
Être juif, être sioniste, c’est une fidélité, l’inscription d’un peuple dans la longue durée de l’Histoire.
Oui, Israël fait partie intégrante de cette identité, comme la Judée donna son nom au judaïsme.
C’est pourquoi nous défendons l’État d’Israël : son droit imprescriptible à l’existence, son droit légitime à se défendre, son devoir sacré de libérer ses otages.
Et je veux rappeler, en écho à cette vérité, cette phrase de Golda Meir, toujours d’une brûlante actualité : « nous préférons vos condamnations à vos condoléances. »
Mesdames et messieurs,
L’autorité n’est pas un ton ; c’est une succession d’actes. L’honneur de la République, c’est d’agir.
En tant qu’avocate, je le sais : l’antidote durable, c’est un État fort et une justice ferme, impartiale.
Il faut que chaque acte antisémite, du plus banal graffiti au crime le plus odieux, soit poursuivi avec la même rigueur. Que chaque insulte, chaque profanation, chaque agression soit jugée, condamnée et sanctionnée avec la même intransigeance.
Que les peines soient réellement exécutées, que les récidives soient anticipées et connues, et que les étrangers coupables d’actes antisémites soient expulsés sans délai.
C’est pourquoi je propose la création d’une chambre pénale spécialisée, dotée de magistrats formés et de procédures accélérées.
Mais la sanction et la justice ne suffiraient à elles seules si nous ne travaillons pas, avec la même exigence, à éclairer notre jeunesse : car c’est dans l’éducation que se joue, d’âge en âge, l’avenir de la République.
Il faut enseigner, l’histoire des religions, la réalité du racisme et de l’antisémitisme, ses racines, ses ravages.
Mais aussi la contribution bimillénaire des Juifs à l’histoire de France : de Rachi à René Cassin, de Simone Veil à Albert Cohen, de Léon Blum à Pierre Mendès France et tant d’autres qui, par leur pensée, leur courage, leur art ou leur engagement, ont façonné notre histoire commune.
C’est dans cet esprit que nous avons lancé, le prix Serge Klarsfeld, premier concours d’éloquence du Crif Marseille Provence, sous l’égide de Monsieur Benoît Delaunay, Recteur de l’Académie Aix-Marseille en partenariat avec Monsieur Nicolas Bessone, Procureur de la République, Monsieur Olivier Leurent, Président du Tribunal judiciaire de Marseille, ainsi que Madame Marie-Dominique Poinsot-Pourtal, Bâtonnière de l’Ordre des Avocats.
Je suis fière d’avoir porté cette première édition, parce que je crois que la connaissance est le rempart le plus sûr face à l’ignorance, et que la parole est l’arme la plus puissante contre la haine.
C’est dans le même esprit que nous signerons très prochainement une convention de partenariat avec Aix-Marseille Université, afin d’ancrer durablement cet engagement éducatif et citoyen au cœur même du monde académique.
Monsieur le Préfet de Région, Cher Georges François Leclerc, Monsieur le Président de Région, cher Renaud Muselier, Madame la Présidente du Département et de la métropole chère Martine Vassal, Monsieur le Député Laurent Lardhit, représentant le Maire Benoit Payan, chers élus de la république
Je n’ignore rien des blessures de ce pays. Je sais les inquiétudes : insécurité, justice lente, réseaux déchaînés, tensions géopolitiques, défi migratoire, fractures sociales, instabilité politique.
En ces temps d’épreuves, votre présence, à nos côtés pour ce dîner du Crif, porte un message clair : nous ne sommes pas seuls.
Et par votre soutien indéfectible, vous ranimez en nous l’espérance, celle qui puise sa force dans la République lorsqu’elle consent à être elle-même et à protéger ses enfants.
Protéger ses enfants, c’est aussi honorer ceux qui veillent sur eux au péril de leur vie.
Ce soir, je veux redire l’honneur qui est le mien d’assurer la défense des policiers du RAID, symbole de courage et de sacrifice, et à travers eux, exprimer à l’ensemble de nos forces de l’ordre, policiers, gendarmes, militaires, notre reconnaissance la plus profonde.
Cet attachement n’est pas une formule : chaque samedi matin, dans nos synagogues, nous prions pour la République et pour votre protection.
Madame la Préfète déléguée à la sécurité, Madame Corinne Simon, j’exprime au nom de la communauté juive toute notre gratitude pour ces héros de l’ombre et de la lumière pour toutes ces femmes et ces hommes qui protègent la vie juive, nos synagogues, nos écoles, et veillent chaque jour sur nos enfants, auxquels j’associe l’ensemble des permanents et des bénévoles du Service de Protection de la Communauté Juive (SPCJ).
Mesdames et Messieurs,
Je vous demande de vous lever pour rendre hommage et ovationner ces hommes et ces femmes qui veillent sur nous, au prix parfois du plus grand des sacrifices.
Mesdames et messieurs,
Il est un moment, dans tout discours solennel, où la gravité cède la place à la chaleur humaine et il me tient à cœur d’ouvrir une parenthèse, celle de la gratitude.
Permettez-moi d’adresser un remerciement particulier à Yonathan Arfi, pour le lien étroit et confiant qu’il a su nouer avec moi, pour sa disponibilité, son écoute et son courage dans une période si difficile, où chaque mot porte le poids de notre histoire et chaque décision engage l’honneur de notre communauté.
Permettez-moi, encore, de saluer les anciens Présidents, qui, avant moi, ont porté la voix du Crif Marseille Provence avec tant de force et de conviction avec une pensée émue pour le Docteur Charles Heiselbec, disparu il y a quelques semaines, dont l’engagement restera une boussole pour nous tous.
Jocelyn Zeitoun, qui, par son énergie, sa détermination et son engagement constant, a profondément marqué la vie de notre communauté.
Et puis, il y a tous ceux qui ont accompagné ce mandat, vous, chers compagnons de route…
Clément Yana, dont la disponibilité, les conseils toujours si précieux, et l’écoute attentive ont tant compté dans les moments décisifs.
Nisso Aragones, dont le soutien indéfectible, sans faille, de chaque instant, fut un repère solide et fidèle tout au long de ce mandat.
Michèle Teboul, dont la bienveillance, l’accompagnement constant et cette manière unique de travailler à mes côtés, avec la proximité d’une sœur, ont donné à ce mandat une chaleur et une humanité particulières.
Et comment parler d’« ancien président » pour Bruno Benjamin, alors que chacun sait qu’il s’apprête à le redevenir ?
Bruno, je n’ai aucun doute : avec toi, le Crif Marseille Provence continuera de porter une voix ferme et résolue, fidèle à nos valeurs et à notre histoire.
Père Patrick Desbois, Imam Hassen Chalgoumi je vous remercie tous deux d’avoir accepté notre invitation, votre présence incarne cette fraternité si précieuse qui transcende les clivages.
Nous avons eu à cœur de mettre à l’honneur ce soir votre humanité en vous remettant la distinction du courage et de la fraternité.
Enfin, cher Arthur, c’est un vrai bonheur de t’accueillir parmi nous et te remettre la médaille du Crif Marseille Provence. En ces temps si lourds d’histoire et de menaces, à une époque où tant de personnalités ont préféré se taire, ton courage force l’admiration. Ta voix, nous rappelle que le silence ne devrait jamais être une option.
Pour ma part, ce sont trois années d’un engagement sans relâche qui s’achèveront dans quelques jours, au plus grand bonheur de ma famille, heureuse de me retrouver. Leur soutien indéfectible a été une force précieuse tout au long de cette période exigeante.
Trois années où, avec vous, membres du comité directeur, et grâce à l’engagement fidèle de Corinne et Noémie, le Crif Marseille Provence a assumé son rôle : vigie républicaine, sentinelle de la mémoire, voix ferme contre la haine.
Trois années aussi d’une formidable aventure humaine, faites de rencontres, d’amitiés et d’innombrables moments partagés au service d’une même cause : porter la mémoire de la Shoah grâce à la commission Mémoire, Éducation et Transmission, combattre l ’ant isém it isme sur tous les fronts , et accompagner les victimes avec le soutien des avocats de la commission Droit et Justice, présidée par notre dévoué vice-président Samuel Benhamou.
Ce que nous avons fait, nous l’avons fait main dans la main avec toutes les associations fédérées au sein du Crif, dont l’action remarquable et la mobilisation sans relâche incarnent cet esprit d’unité qui fait notre plus grande force.
Aux côtés des élus, des militants, des partenaires associatifs, des collectifs et des citoyens engagés.
Parce qu’il fallait le faire. Parce que si nous nous taisions, d’autres écriraient l’Histoire à notre place, et ils l’écriraient contre nous.
Mesdames et Messieurs,
Pour conclure, qu’il me soit permis d’affirmer une certitude : l’histoire nous regarde et tant qu’il restera des voix pour dire non à la haine, tant qu’il existera des consciences éveillées, il n’y aura pas de fatalité.
À nos enfants, je le dis avec toute la force de mon engagement : votre identité n’est pas négociable.
Alors, ne vous cachez jamais. Soyez fiers d’être juifs, fiers d’appartenir à ce peuple qui, à travers les siècles, a tout enduré mais toujours su se relever, avec une force intacte et une résilience inébranlable
Ce pays, la France, est le vôtre. Son histoire est aussi la vôtre. Et nul ne pourra jamais vous l’arracher.
Alors ne cédez jamais à la police des consciences, ni à la tentation de la culpabilité par appartenance.
Nous ne sommes pas seuls, nombreux sont les Justes d’aujourd’hui qui se dressent contre l’indifférence.
Et je veux croire qu’ensemble, nous saurons faire vivre la promesse républicaine : celle d’une France fidèle à sa mémoire, debout face à la haine, et toujours prête à brandir, comme un étendard, la liberté, l’égalité et la fraternité.
Je vous remercie.
Fabienne Bendayan, présidente du Crif Marseille Provence