Yonathan Arfi

Président du Crif, un militant juif et citoyen

Discours du président du Crif lors de l'inauguration d’une plaque en hommage à Théo Klein, ancien président du Crif

26 Juin 2025 | 135 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Par un enchaînement de hasards, notre bloggueuse Sophie, plus habituée aux sujets de cyber-sécurité et de contre-terrorisme, s'est retrouvée les mains dans la pâte (à pizza). Et ça lui a donné quelques idées plutôt gourmandes... Elle les partage avec vous à travers ces chroniques culinaires !

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaëla ! Sur ce blog, Raphaëla vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

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Antisémitisme

Il est des livres, comme une sève puissante, comme un volcan en éruption, comme le monde à portée de la main, comme la vie, qui remue de l’intérieur, qui secoue de l’intérieur et qui donne majestueusement à donner. Il est des livres que l'on veut lire et que l'on doit lire absolument.

 

Par Marc Lévy, avocat de la LICRA dans le procès de Reynald Leykens et délégué du Crif en Israel

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"The strength of a Nation always lies in the the way it looks at its History and and its ability to teach it to future generations".

 

"La force d’une Nation réside toujours dans le regard qu’elle sait porter sur son histoire et sa capacité à l’enseigner aux générations suivantes."

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

« Séparation du Crif et de l’Etat » : voici la dernière nouveauté de la « cause palestinienne ». Amalgamant à tout va Israël, sa politique, les juifs, et les institutions françaises, ces pantins ont appelé à un rassemblement samedi dernier, avec des slogans antisémites et anti républicains.

Malgré la mobilisation de personnalités politiques (Nathalie Kosciuzko-Morizet, Claude Goasguen et Anne Hidalgo), associatives (le Président du Crif Francis Kalifat a notamment écrit au Préfet et au Premier Ministre), et de nombreux internautes, la Préfecture de Paris a décidé d’autoriser ce rassemblement, sous haute protection policière.

Nous nous sommes rendus sur place.

 

 
"La culture est ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers", déclarait André Malraux. C'est pour toutes ses vertus que la culture est grande et qu'elle reste et doit rester un rempart contre l'obscurantisme, le racisme, l'antisémitisme et l'homophobie. De chaque création artistique doit jaillir une lumière. C'est à cela que doit aspirer chacun de ceux qui ont le bonheur de pouvoir créer ou d'interpréter une oeuvre. 

 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Il y a 11 ans, un jeune juif du nom dIIlan Halimi, était enlevé, torturé et assassiné.

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Crédit photo : ©Alain Azria

 

Une cérémonie d’hommage à Théo Klein, figure majeure du judaïsme français et ancien président du Crif, s’est tenue le mardi 25 juin 2025 à Paris. À cette occasion, une plaque a été dévoilée au 94, rue d’Hauteville, dans le 10e arrondissement de Paris, lieu de naissance de Théo Klein, à l’initiative de la Ville de Paris, en présence de nombreuses personnalités.

 

Paris, le 25 juin 2025,

 

Madame l’adjointe au Maire de Paris, chère Laurence Patrice,

Madame la Maire du 10ème arrondissement, chère Alexandra Cordebard

Chers membres de la famille de Théo Klein,

Monsieur le Président de l’ECUJE, cher Yves Rouas,

Chers amis,

C’est avec beaucoup d’honneur et une certaine gravité que commande l'époque que je m’adresse à vous pour honorer la mémoire de Théo Klein. Car oui, honorer Théo Klein en 2025, c'est bien plus qu'un hommage : c’est se demander sans cesse ce que le Théo Klein éclaireur de la Résistance ou le Théo Klein politique de la présidence du Crif, aurait pensé de nos temps incertains.

Vous le savez comme moi, sous nos yeux, l'antisémitisme, les haines, le populisme déferlent dans notre pays, et pendant ce temps, certains détournent le regard, d'autres relativisent, beaucoup se taisent.

Théo Klein, lui, ne s'est jamais tu.

À l’heure où certains s’attribuent abusivement le titre d’ « Insoumis », j’aime penser que Théo Klein était, lui, animé d’un véritable esprit d’insoumission. Théo Klein, l’insoumis ! Car Théo était d’abord, précisément, un homme libre, capable de nager à contre-courant. Libre parce qu'il avait regardé l'Histoire en face. Résistant au plus jeune âge, il avait pris le risque de l’engagement quand la France pliait sous la botte nazie. Cette leçon-là, il ne l'a jamais oubliée : face à la haine, on ne négocie pas, on ne compose pas, on résiste.

Quand il prend la tête du Crif en 1983, Théo Klein hérite d'une institution déjà solide mais encore méconnue. Il en a fait une force politique non partisane qui fait immédiatement du Crif un interlocuteur incontournable des pouvoirs publics et de la société civile.

En 1985, Théo commet deux actes révolutionnaires qui marquent à jamais son mandat. D'abord, il invite le Premier ministre Laurent Fabius à dîner. Ce sera le premier dîner du Crif.

Ce dîner du Crif, devenu tradition républicaine, c'est son coup de génie politique. Il institutionnalise notre légitimité. Il grave dans le marbre le fait que la voix juive a toute sa place dans la symphonie de la République.

Mais la même année, Théo Klein se retrouve face à un défi autrement plus délicat : des carmélites s'installent dans l'enceinte du camp d'Auschwitz-Birkenau. C’est l'affaire du Carmel d'Auschwitz ! Là où d'autres auraient cherché les compromis, les arrangements, les demi-mesures, Théo Klein dit non. Non à cette instrumentalisation de la mémoire et de l’histoire. Non à cette christianisation de la Shoah. Auschwitz-Birkenau est le plus grand cimetière juif d’Europe et s’il est aussi un lieu d’étude il reste pour beaucoup un lieu de recueillement.

Ce combat contre le Carmel d'Auschwitz mené avec les cardinaux français Decourtray et Lustiger, c'est Théo Klein dans toute sa grandeur : l'homme qui refuse les fausses conciliations, qui n'accepte pas qu'on détourne la mémoire de la Shoah.

Ainsi, Théo nous a appris à ne jamais céder sur l'essentiel.

Aucune contradiction ne l’habitait dans ses choix : il était français et avait risqué sa vie pour la France. Il était aussi Israélien, par choix et parce que comme il le disait lui-même il se sentait autant chez lui à Jérusalem qu’à Paris, défendant des deux côtés de la Méditerranée un engagement pour le dialogue et la paix.

Aujourd’hui, nous honorons sa mémoire et nous espérons être à la hauteur pour poursuivre son combat. Avec ses méthodes : le dialogue ferme, l'exigence républicaine, la défense sans concession de nos valeurs.

Théo Klein avait une conviction : l'antisémitisme n'est jamais un accident de l'Histoire. C'est un symptôme. Le symptôme d'une démocratie qui faiblit, d'une République qui vacille. Dès les années 1980, il l'avait compris : défendre les Juifs, c'est défendre la République elle-même.

Le Crif d'aujourd'hui, c'est l'héritier direct de sa vision. Quand nous dénonçons l'antisémitisme, c'est aussi sa voix qui porte. Quand nous exigeons des actes concrets contre la haine, c'est aussi son esprit de résistance qui nous anime.

Car l'antisémitisme n'est pas notre problème, ou plutôt ne devrait pas l’être. C'est le problème de la France. C'est le problème de la République tout entière.
Cette plaque que nous inaugurons aujourd'hui dans Paris, elle n'est pas qu'un hommage au passé. C'est un défi lancé au présent. Théo Klein nous a montré le chemin. À nous de le suivre.

Je voudrais pour conclure partager une note plus personnelle : mes origines en Afrique du Nord sont éloignées de celles de Théo en Alsace. Et pourtant, l’Histoire m’a projeté, à quelques décennies d’écart, dans ses pas : membre comme lui des Éclaireurs Israélites, Président comme lui de l’Union des Étudiants juifs de France. Et aujourd’hui président comme lui du Crif.

Ainsi, si je n’ai pu que le croiser à quelques reprises dans mon existence, je chemine symboliquement avec lui tout au long de mon parcours car nous partageons, je le crois, l’essentiel : l’idéal d’une France où la condition des Juifs serait préservée des menaces, où l’on peut être fièrement juif, viscéralement républicain et résolument sioniste, sans complexe ni renoncement.

Cette France-là, Théo Klein y croyait. Moi aussi, j'y crois. Nous y croyons tous. Mais, demain, comme hier, elle ne tombera pas du ciel. Elle se construira, elle se conquerra, elle se défendra.

Alors aujourd'hui, devant cette plaque, prenons un engagement : l'engagement de parler vrai même quand ça dérange, l'engagement de défendre nos valeurs même quand le vent souffle contraire.

À la fois espiègle et exigeant, Théo Klein nous regarde.

Ne le décevons pas.

Merci.

 

Yonathan Arfi, président du Crif