Yonathan Arfi

Président du Crif, un militant juif et citoyen

Discours du président du Crif lors de l'inauguration d’une plaque en hommage à Théo Klein, ancien président du Crif

26 Juin 2025 | 136 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Francis Kalifat a bien connu Robert Castel, durant les dernières années de sa vie. Ce fut une très belle rencontre, il garde en mémoire de beaux souvenirs. Francis Kalifat était présent à son enterrement. 

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Antisémitisme

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

J'ai été interviewé par Marc-Olivier Fogiel et Eléanor Douet, sur RTL, lundi 30 mai 2016, à la suite de mon élection à la Présidence du Crif.

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Portrait de Jean Pierre Allali
LECTURES
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24 Mai 2016
Catégorie : France, Antisémitisme

Malka Marcovich et Jean-Marie Dubois publient un ouvrage original sur un thème peu exploré jusqu'ici:la contribution de la société des transports parisiens à l'organisation de la déportation des Juifs de France aux heures sombres de l'Occupation nazie

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

Là-bas, la crainte d'une menace russe est la principale raison qui exacerbe les passions identitaires.

 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Deux historiens français l’ont fait et publient ce mois d’avril en collection Que Sais-je Les 100 mots de la Shoah.

"La Place de la République ne vous appartient pas".

Dimanche dernier, des militants du Collectif Anti Boycott se sont rendu face à une manifestation BDS.

Quel est donc ce mouvement qui s'est vu offrir une tribune hier au journal télévisé de France 2 ?

Lundi 11 janvier, à Marseille, un jeune turc de 15 ans attaquait à la machette un enseignant juif portant une kippa. Une affaire qui devait provoquer une grande émotion, et qui a inspiré à Jérôme Fenoglio, le directeur du journal « Le Monde », un éditorial remarquable. En voici un extrait : « Ce mal, il faut le considérer pour ce qu’il est : le produit des noces mortelles entre djihadisme et antisémitisme. Le terrorisme fondamentaliste (…) reprend tous les stéréotypes du vieil antisémitisme européen, accommodé à la sauce de l’heure, mélange de théories du complot importées du Moyen-Orient et transportées par Internet ».

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Crédit photo : ©Alain Azria

 

Une cérémonie d’hommage à Théo Klein, figure majeure du judaïsme français et ancien président du Crif, s’est tenue le mardi 25 juin 2025 à Paris. À cette occasion, une plaque a été dévoilée au 94, rue d’Hauteville, dans le 10e arrondissement de Paris, lieu de naissance de Théo Klein, à l’initiative de la Ville de Paris, en présence de nombreuses personnalités.

 

Paris, le 25 juin 2025,

 

Madame l’adjointe au Maire de Paris, chère Laurence Patrice,

Madame la Maire du 10ème arrondissement, chère Alexandra Cordebard

Chers membres de la famille de Théo Klein,

Monsieur le Président de l’ECUJE, cher Yves Rouas,

Chers amis,

C’est avec beaucoup d’honneur et une certaine gravité que commande l'époque que je m’adresse à vous pour honorer la mémoire de Théo Klein. Car oui, honorer Théo Klein en 2025, c'est bien plus qu'un hommage : c’est se demander sans cesse ce que le Théo Klein éclaireur de la Résistance ou le Théo Klein politique de la présidence du Crif, aurait pensé de nos temps incertains.

Vous le savez comme moi, sous nos yeux, l'antisémitisme, les haines, le populisme déferlent dans notre pays, et pendant ce temps, certains détournent le regard, d'autres relativisent, beaucoup se taisent.

Théo Klein, lui, ne s'est jamais tu.

À l’heure où certains s’attribuent abusivement le titre d’ « Insoumis », j’aime penser que Théo Klein était, lui, animé d’un véritable esprit d’insoumission. Théo Klein, l’insoumis ! Car Théo était d’abord, précisément, un homme libre, capable de nager à contre-courant. Libre parce qu'il avait regardé l'Histoire en face. Résistant au plus jeune âge, il avait pris le risque de l’engagement quand la France pliait sous la botte nazie. Cette leçon-là, il ne l'a jamais oubliée : face à la haine, on ne négocie pas, on ne compose pas, on résiste.

Quand il prend la tête du Crif en 1983, Théo Klein hérite d'une institution déjà solide mais encore méconnue. Il en a fait une force politique non partisane qui fait immédiatement du Crif un interlocuteur incontournable des pouvoirs publics et de la société civile.

En 1985, Théo commet deux actes révolutionnaires qui marquent à jamais son mandat. D'abord, il invite le Premier ministre Laurent Fabius à dîner. Ce sera le premier dîner du Crif.

Ce dîner du Crif, devenu tradition républicaine, c'est son coup de génie politique. Il institutionnalise notre légitimité. Il grave dans le marbre le fait que la voix juive a toute sa place dans la symphonie de la République.

Mais la même année, Théo Klein se retrouve face à un défi autrement plus délicat : des carmélites s'installent dans l'enceinte du camp d'Auschwitz-Birkenau. C’est l'affaire du Carmel d'Auschwitz ! Là où d'autres auraient cherché les compromis, les arrangements, les demi-mesures, Théo Klein dit non. Non à cette instrumentalisation de la mémoire et de l’histoire. Non à cette christianisation de la Shoah. Auschwitz-Birkenau est le plus grand cimetière juif d’Europe et s’il est aussi un lieu d’étude il reste pour beaucoup un lieu de recueillement.

Ce combat contre le Carmel d'Auschwitz mené avec les cardinaux français Decourtray et Lustiger, c'est Théo Klein dans toute sa grandeur : l'homme qui refuse les fausses conciliations, qui n'accepte pas qu'on détourne la mémoire de la Shoah.

Ainsi, Théo nous a appris à ne jamais céder sur l'essentiel.

Aucune contradiction ne l’habitait dans ses choix : il était français et avait risqué sa vie pour la France. Il était aussi Israélien, par choix et parce que comme il le disait lui-même il se sentait autant chez lui à Jérusalem qu’à Paris, défendant des deux côtés de la Méditerranée un engagement pour le dialogue et la paix.

Aujourd’hui, nous honorons sa mémoire et nous espérons être à la hauteur pour poursuivre son combat. Avec ses méthodes : le dialogue ferme, l'exigence républicaine, la défense sans concession de nos valeurs.

Théo Klein avait une conviction : l'antisémitisme n'est jamais un accident de l'Histoire. C'est un symptôme. Le symptôme d'une démocratie qui faiblit, d'une République qui vacille. Dès les années 1980, il l'avait compris : défendre les Juifs, c'est défendre la République elle-même.

Le Crif d'aujourd'hui, c'est l'héritier direct de sa vision. Quand nous dénonçons l'antisémitisme, c'est aussi sa voix qui porte. Quand nous exigeons des actes concrets contre la haine, c'est aussi son esprit de résistance qui nous anime.

Car l'antisémitisme n'est pas notre problème, ou plutôt ne devrait pas l’être. C'est le problème de la France. C'est le problème de la République tout entière.
Cette plaque que nous inaugurons aujourd'hui dans Paris, elle n'est pas qu'un hommage au passé. C'est un défi lancé au présent. Théo Klein nous a montré le chemin. À nous de le suivre.

Je voudrais pour conclure partager une note plus personnelle : mes origines en Afrique du Nord sont éloignées de celles de Théo en Alsace. Et pourtant, l’Histoire m’a projeté, à quelques décennies d’écart, dans ses pas : membre comme lui des Éclaireurs Israélites, Président comme lui de l’Union des Étudiants juifs de France. Et aujourd’hui président comme lui du Crif.

Ainsi, si je n’ai pu que le croiser à quelques reprises dans mon existence, je chemine symboliquement avec lui tout au long de mon parcours car nous partageons, je le crois, l’essentiel : l’idéal d’une France où la condition des Juifs serait préservée des menaces, où l’on peut être fièrement juif, viscéralement républicain et résolument sioniste, sans complexe ni renoncement.

Cette France-là, Théo Klein y croyait. Moi aussi, j'y crois. Nous y croyons tous. Mais, demain, comme hier, elle ne tombera pas du ciel. Elle se construira, elle se conquerra, elle se défendra.

Alors aujourd'hui, devant cette plaque, prenons un engagement : l'engagement de parler vrai même quand ça dérange, l'engagement de défendre nos valeurs même quand le vent souffle contraire.

À la fois espiègle et exigeant, Théo Klein nous regarde.

Ne le décevons pas.

Merci.

 

Yonathan Arfi, président du Crif