Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Robert Badinter

15 Février 2024 | 113 vue(s)
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France

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

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Actualité

Donald Trump est un excentrique narcissique qui au cours de sa campagne électorale a fait du mensonge une arme redoutable.

Réflexion d’un professeur d’histoire-géographie sur l’abstention de la France au vote de la résolution adoptée par le comité du patrimoine mondial de l’Unesco niant tous liens entre les Juifs et les lieux saints de Jérusalem.

Vendredi 21 octobre j'étais l'invité témoin du journal de Radio J peu après le vote abérrant à l'Unesco d'une résolution sur Jérusalem

FOR JERUSALEM NO VOICE MUST MISS
FOR JERUSALEM NONE OF US CAN REMAIN SILENT

POUR JERUSALEM PAS UNE VOIX NE DOIT MANQUER
POUR JERUSALEM AUCUN D’ENTRE NOUS NE PEUT SE TAIRE
 

 

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Portrait de Jean Pierre Allali
ADIEU SHIMON
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29 Septembre 2016
Catégorie : Actualité

L'ancien président de l'État d'Israël, mon ami Shimon Peres, prix Nobel de la Paix 1994 est mort dans la nuit du 28 septembre 2016. Il avait 93 ans.

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Il est peut être temps de poser à ceux qui relaient les théories du complot - en particulier sur les réseaux sociaux - des questions déstabilisantes.

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Opinion

Par Chloé Blum

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Robert Badinter rejoindra bientôt Simone Veil au Panthéon. Avec Jean Monnet, ils seront les seules personnalités politiques de l’après guerre à avoir cet honneur. Une femme et un homme qui avaient la France et la justice chevillées au corps et qui proclamaient leur judéité sans réticence mais sans ostentation.

Il faut avoir vu l’émotion de Robert Badinter parlant de ses attentes au Lutetia à la recherche de son père déporté ou du Kaddish qu’il prononça en sa mémoire à Sobibor, où son père avait été gazé après avoir été arrêté en 1943 à Lyon par les agents de Barbie, au siège de l’UGIF dans la rue Sainte Catherine, un autre 9 février. « Je rêvais, je rêve toujours à mon père comme à un Juste, au sens le plus fort que les juifs donnent à ce mot. Sa mort m'était une blessure secrète, toujours à vif. Elle était le signe de l'injustice, toujours présente ».  

 La lutte contre l’injustice fut le moteur de la vie de Robert Badinter, 

Son père, qui avait changé son prénom Samuel en Simon à son arrivée en France, était un patriote convaincu. Son monde s’est effondré après la défaite inattendue, vite suivie du Statut des Juifs et de la spoliation de son entreprise de fourrure. Sa mère, Chiffra, née Rosenberg, devenue Charlotte, vénérait l’école française où elle avait réussi le certificat d’études. Elle s’était cachée avec ses deux fils près de Chambéry. Les Allemands remplacèrent la nonchalante occupation italienne, la Milice traquait les Juifs et son chef s’appelait Touvier, mais Robert Badinter a insisté sur le fait que dans la population de ce petit village de Cognin où chacun avait compris que Mme Charlotte Rosier et ses deux garçons étaient Juifs, personne n’a parlé.

Des « gens bien ». 

Ce ne fut pas le cas  pour son oncle maternel, assassiné à Auschwitz comme d’autres membres de la famille, après avoir été dénoncé par une voisine désireuse de mettre la main sur ses meubles.  

Robert Badinter a laissé un merveilleux témoignage sur sa grand-mère maternelle. Idiss. Venue de son shtetl bessarabien, restée analphabète, elle ne vivait que pour l’amour des siens et était stupéfaite de la liberté des Juifs en France. Mais elle mourut en 1942  dans un Paris où l’antisémitisme était devenu bien pire que dans sa jeunesse tsariste.

 

D’autres plus compétents que moi ont qualifié de capitale l’oeuvre de Robert Badinter comme Ministre de la Justice puis Président du Conseil Constitutionnel, sans compter son rôle à la tête d’organisations internationales, notamment lors de la guerre dans l’ex- Yougoslavie. Outre l’abolition de la peine de mort qu’il a beaucoup contribué plus tard à faire inscrire dans la Constitution, par un vote quasi-unanime du Congrès, il y a eu des lois sur la dépénalisation de l’homosexualité, sur les droits des victimes, sans parler des réformes des Codes. il avait été un avocat et un professeur de droit exceptionnel, mais aussi un historien, qui avec son épouse a fait  revivre la grande figure  de Condorcet.. Ayant, comme Simone Veil, la démagogie en horreur, Robert Badinter est devenu aussi une icône, après avoir, comme elle, été dénigré et même haï. En Allemagne, ils ont la bande à Baader, en France, nous avons la bande à Badinter, disait le célèbre général Bigeard. 

Il répugnait, a-t-il dit, à montrer ses plaies en public. A la commémoration annuelle de la rafle de la rue Sainte Catherine, il vient mais reste presque toujours silencieux.  Il a assisté en journaliste au procès Eichmann et, à une époque où celui-ci était attaqué, il a fortement défendu le principe de l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité. Non pas tant pour punir des hommes qui sont alors des vieillards  ( il soutiendra une libération anticipée de Papon, suscitant une réplique de Serge Klarsfeld), mais pour marquer clairement où est le mal. Ministre, il a contribué à l’extradition et au procès de Barbie, mais n’a pas voulu s’impliquer personnellement contre l’homme responsable de la mort de son père.

Plaidant contre Faurisson, Badinter l’appelle « faussaire de l’histoire ». 30 ans plus tard, attaqué lui-même par Faurisson en diffamation il garde ce qualificatif dans une intervention très émouvante.

En 1992, à la commémoration du 50ème anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv, où l’avait accompagné François Mitterrand, qui venait de refuser d’y reconnaitre la responsabilité de la France au motif que l’Etat français n’était pas la République, il pique une colère célèbre face aux sifflets destinés au Président.

Plus tard, quand les relations de Mitterrand avec Bousquet seront révélées, il aura avec lui une explication dont il dira qu’elle a été pénible pour les deux amis qu’ils étaient et ne voudra pas la rendre publique. Il épluchera avec colère ce procès de 1949 qui a transformé Bousquet en innocent, tout simplement parce que à l’époque on ne s’intéressait pas au sort des Juifs pendant la guerre.

« Quand vous êtes d’un naturel passionné, disait Robert Badinter, il vaut mieux être réservé et préserver votre passion pour le moment opportun ». A la fin de sa vie, c’est avec passion qu’il s’est exprimé contre la résurgence de l’antisémitisme. Il était interloqué par la dérive de Jean-Luc Mélenchon, qu’il avait côtoyé au Sénat. On sait que les LFI sont venus à la cérémonie d’hommage malgré la demande expresse de la famille. Marine Le Pen n’a pas eu cette inélégance.

En ce qui concerne Israël, où ses amitiés s’appelaient Peres ou Rabin et pas Netanyahu, il redoutait que les attentats monstrueux du 7 octobre ne marquent un échec de la mission historique de ce pays, être pour les Juifs une protection. 

 

Espérons que ses craintes ne seront pas fondées. Elles proviennent d’un homme qui a voulu se conduire en « homme bien » et qui mérite le qualificatif de Juste qu’il avait attribué à son père. 

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif 

 

 

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