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Publié le 22 Janvier 2014

71e anniversaire des rafles du vieux port du centre-ville et de l’opéra de Marseille – 23 et 24 janvier 1943

Dimanche 19 janvier 2014, à Marseille, devant un public très nombreux à l’appel du CRIF Marseille Provence, du Consistoire, du FSJU et des associations de déportés, Denise Toros-Marter, une des dernières rescapées d’Auschwitz, Présidente de l’Amicale des Déportés d’Auschwitz rappelle son effroi  et ses peurs lors de sa vie au camp. Caroline Pozmentier, adjointe au Maire et co-Présidente de l’AFMA avec Albert Barbouth, rend un hommage émouvant à son amie Ida Palombo, décédée en mai 2013. Elle fut  Présidente de l’AFMA, déportée, seule rescapée de sa famille et nous a laissé le « Mur des Noms », symbole de l’identité des déportés de Marseille.

 

Albert Barbouth, quant à lui, évoque la mémoire de notre ami disparu Victor Algazy, échappé miraculeux des forces de loi françaises. « Vendredi soir 22 janvier 1943, les escaliers bruissent du martèlement des bottes de la police française. On  frappe à la porte, vos papiers», racontait Victor Algazy, caché ensuite par une famille arménienne jusqu’à la fin de la guerre. Plus de 781 juifs de Marseille seront interpellés et raflés à leur domicile ou dans la rue, durant ces terribles journées.

 

« Zakhor, souviens-toi et rappelle-toi », c’est par ces mots que William Labi, Président du Directoire du Consistoire nous interpelle. Élie Benarroch, Président du FSJU évoque Vladimir Yankelevitch lorsqu’il dit : « le temps qui passe n’atténue en rien la colossale hécatombe, au contraire, il ne cesse d’en aviver l’horreur ».

 

Michèle Teboul, Présidente du CRIF Marseille Provence, a la voix ferme et offensive : « Nous savons que cette tragédie qu’est la Shoah est une tragédie humaine … le massacre des Juifs d’Europe est et restera le massacre des juifs d’Europe … Concernant l’interdiction d’un soi-disant spectacle, il nous faut agir avec force et détermination pour que chaque citoyen de ce pays qui est le nôtre, chaque professeur de nos écoles, chaque bénévole de nos associations, chaque représentant des cultes qui cohabitent dans nos cités, chaque militant des partis qui font notre démocratie comprenne et sente au plus intime de lui-même la responsabilité et la grave faute qu’il aurait à encourager et même seulement à détourner les yeux face à ce retour vers un passé de cris et de fureurs. »

 

Le public ne s’y trompe pas : ces mots martelés avec force et conviction retiennent son attention et son approbation. Parmi les différentes  interventions, notons celles de :

Me Allégrini, Adjoint au Maire : « les dérives d’un nouvel antisémitisme via internet nous inquiètent…et Marseille doit à tous ses enfants l’espoir d’un avenir partagé…» ;

Eugène Caselli, Président de la Communauté Urbaine MPM : « Le pire est à venir…l’homme peut recommencer, rester vigilant ne suffit plus, nous ne devons pas céder un pouce du terrain… »;

Avi Assouly, député, représentant Michel Vauzelle, Président du Conseil régional PACA : « le monde nous envie Marseille-Espérance... Nos armes sont la Justice, les paroles, les débats publics… l’intervention du  Ministre Manuel Valls dans le combat contre l’antisémitisme est à l’honneur de la France… »

Lisette Narducci, Maire du 2e secteur, Vice-Présidente du Conseil Général, représentant le Président Jean Noël Guerini, rend hommage aux « Justes de France » et insiste sur « la nécessité des voyages de collégiens à Auschwitz-Birkenau… »

Marie-Arlette Carlotti,  Ministre déléguée aux Personnes Handicapés s’ exprime ainsi : « Il y a 71 ans l’Humanité s’est craquelée…L’oubli est une négation, nous devons nous souvenir des victimes et des bourreaux …nous ne devons pas céder aux sirènes de la méfiance ni au communautarisme…l’État est intervenu dans l’affaire Mbala, c’est l’honneur de la république, ces mêmes jeunes qui étaient patriotes et résistants pendant la guerre ont construit ensuite une société solidaire, la base de la république, il faut aujourd’hui  nous adresser aux jeunes générations et leur parler ».

 

Après le dépôt de la gerbe traditionnelle devant la stèle des déportés par les jeunes des mouvements, le Grand Rabbin de Marseille Rav Ohana entame les prières à la mémoire des disparus, Iskhor et le Kaddish. Pas de faste cette année, comme l’an dernier à l’occasion du 70e anniversaire des rafles, qui s’était déroulé en présence  du  Ministre délégué auprès du  Ministre de la Défense, Chargé des Anciens Combattants Kader Arif, mais une commémoration empreinte d’émotion retenue et de sentiments concordants suite à certaines dérives antisémites et négationnistes. 

 

Toutes les interventions ont été écoutées dans un silence religieux par un public venu en masse témoigner de sa solidarité envers les disparus de la Shoah, mais pas seulement. Cette année, tout particulièrement, cette cérémonie fut aussi l’occasion pour les anonymes, les Présidents d’associations et les élus parlementaires, de s’interroger sur la montée de l’antisémitisme, et sur la fascination qu’exerce un supposé humoriste sur une frange de la population française, et les dangers qu’il représente.

 

Edith Janowski-Bismuth

Responsable Communication

CRIF Marseille Provence