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Publié le 23 Novembre 2011

David Messas, «l'âme de la communauté juive de Paris»

Le grand rabbin de Paris, David Messas, a été inhumé à Jérusalem, lundi 21 novembre 2011, au lendemain de sa mort, à Paris, dimanche, à l'âge de 77 ans. Plusieurs centaines de personnes, dont deux ministres israéliens, membres du parti orthodoxe sépharade Shass et des personnalités françaises et israéliennes du judaïsme, ont assisté aux funérailles.




Issu d'une lignée de rabbins originaires du Maroc, il était né à Meknès en 1934 et avait trois enfants. Fils de l'ancien grand rabbin sépharade de Jérusalem, Shalom Messas, autorité internationale en matière juridique, David Messas, formé au séminaire rabbinique de Paris et au grand rabbinat d'Israël était également diplômé de philosophie et de psychologie. Considéré comme un pédagogue et un homme charismatique, il a longtemps dirigé l'Ecole Maïmonide de Boulogne-Billancourt (Hauts de Seine), l'un des premiers établissements scolaires juifs ouverts en France. Il fut de 1989 à 1995 grand rabbin de la communauté israélite de Genève, avant d'être élu grand rabbin de Paris en 1994 contre le rabbin Alain Goldman. Il avait été réélu à ce poste 2001, puis en 2008, malgré son état de santé. Aucun adversaire ne s'était alors présenté contre lui. Paris et l'Ile de France accueillent les deux-tiers de la communauté juive de France évaluée à quelque 600 000 personnes. Défenseur d'un judaïsme orthodoxe et conservateur, le rabbin Messas s'est efforcé de faire revenir une partie des fidèles juifs à la tradition, développant notamment les cours de Talmud Torah. En 2010, il avait créé un début de polémique dans la communauté juive en jugeant "non conforme à la loi juive" la prestation de l'artiste yiddisch Talila ; face aux protestations, la chanteuse s'était finalement produite devant une communauté juive de la région parisienne.



De nombreuses personnalités politiques et religieuses ont rendu hommage au rabbin Messas. Dans son éloge funèbre, le grand rabbin ashkénaze d'Israël, Yona Metzger, a déploré "une perte immense pour le judaïsme français". Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, présent à Jérusalem a déclaré : "Je ressens une grande tristesse. Il offrait une image d'un judaïsme ouvert, chaleureux et souriant". David Messas a été pendant de très nombreuses années le guide spirituel, l'âme et la colonne vertébrale de la communauté juive de Paris" et "son action et son rayonnement ont largement dépassé les frontières de Paris et de la France", a souligné le consistoire. "Par sa connaissance pointue et intransigeante de l'esprit des lois halakhiques [lois juives], il a été le garant pendant 17 ans des services religieux du Consistoire de Paris, dont il a protégé -par son nom et sa conscience- l'esprit religieux au service de l'ensemble de la communauté", écrit Joël Mergui, président du consistoire central, qui a rendu hommage à un homme "d'une grande tolérance".



Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a exprimé "sa tristesse après le décès d'un grand ami des musulmans de France". Tout comme le ministre de l'intérieur, en charge de des cultes, le premier ministre, François Fillon, a rendu hommage au "charisme et aux connaissances" du rabbin Messas, "conscience de la communauté juive de Paris, artisan du dialogue entre les religions et les communautés". François Hollande, candidat PS à la présidentielle, a salué "un homme de grande culture et de convictions, qui savait être un lien entre la République et les valeurs du judaïsme qu'il portait avec passion".



Photo : D.R.



Source : le Monde du 22 novembre 2011
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