Actualités
|
Publié le 22 Novembre 2011

Égypte : les affrontements se poursuivent

Pour la troisième journée consécutive, lundi 21 novembre 2011, les habitants du Caire affrontaient, les forces de l'ordre du Conseil suprême des forces armées (CSFA), le pouvoir militaire censé préparer une transition démocratique après la chute d'Hosni Moubarak, en février dernier, et qui est de plus en plus contesté.




Après de premiers affrontements samedi, les heurts se poursuivent lundi 21 novembre. Les violences ont fait 22 morts et plus de 1750 blessés au Caire et dans d'autres provinces d'Égypte. Le bilan, qui faisait précédemment état de 33 morts, a été revu à la baisse. Près de 3000 manifestants s'opposent encore aux forces antiémeutes du pouvoir à coups de lancers de pierres. Les militaires rétorquent en utilisant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Parmi les victimes recensées ces derniers jours, plusieurs d'entre elles ont succombé à des tirs à balles réelles.



Pour protester face à la réaction de son gouvernement, le ministre égyptien de la Culture, Emad Abou Ghazi, a présenté lundi 21 novembresa démission. Le Chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a pour sa part appellé au calme tout en exprimant «sa grande inquiétude». La France s'est-elle déclarée «vivement préoccupée» par la situation. Même son de cloche pour le ministre des Affaires étrangères britannique, William Hague, qui a tenu à dire qu'il fallait «rester optimiste sur le printemps arabe, en dépit des nombreux conflits et difficultés tout au long de la route». Autre conséquence de ces heurts : la Bourse du Caire a chuté de 4 %.



Ces scènes de violence ne sont pas sans évoquer les événements qui se sont déroulés il y a neuf mois. Et pour cause : les jeunes Égyptiens craignent qu'on ne soit en train de leur voler leur révolution, et demandent au CSFA que le pouvoir soit transmis aux civils. «Tant que l'armée sera encore au pouvoir, la révolution ne sera pas terminée», scande l'un des protestataires. «Nous n'aurions pas dû quitter les rues. Nous avons servi le pouvoir aux militaires sur un plateau d'argent», déclare un autre manifestant, avant d'ajouter : «Les révolutionnaires sont partis trop tôt.»



Vers une deuxième révolution ?



Les élections législatives doivent débuter le 28 novembre et se dérouleront sur trois jours, avec le 14 décembre et le 3 janvier pour une première réunion de la chambre des députés au mois de mars. Trop long pour les civils, qui réclament aussi la tenue de l'élection présidentielle dans la foulée. Pour sa part, le Conseil militaire a réaffirmé dans un communiqué que le transfert de pouvoir aurait lieu après l'élection présidentielle prévue pour la fin 2012 au plus tôt, alors que les manifestants voudraient que ce soit fait dès le mois d'avril. Quant aux affrontements de ce week-end, le pouvoir militaire a remercié la police d'avoir faire preuve de «retenue».



Ce nouveau mouvement de contestation, que certains considèrent déjà comme une «deuxième révolution», a débuté jeudi avec un «sit-in» pacifique. Plusieurs milliers d'Égyptiens s'étaient rassemblés sur l'emblématique place Tahrir, berceau de la révolution menée 9 mois plus tôt, afin d'exprimer leur mécontentement face à l'armée qui, en plus de retarder le calendrier transitionnel, a aussi autorisé des anciens membres du parti de Moubarak à se présenter aux élections.



Une grande manifestation s'est déroulée dans la foulée, vendredi, où toutes les forces politiques du pays, Frères musulmans en tête, étaient présentes. La situation a dérapé le lendemain, lorsque la police a utilisé la force pour déloger les protestataires encore présents sur place. Dès lors, le mouvement s'est propagé à d'autres villes égyptiennes, dont Alexandrie et Suez.



Photo : D.R.



Source : le Figaro du 22 novembre 2011