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Publié le 14 Décembre 2011

En Italie, les femmes manifestent pour ne pas être oubliées

20.000 Italiennes ont manifesté dimanche à Rome. Pour être respectées, pour ne plus être exploitées, pour faire progresser la société.



Elles ont redescendues dans la rue dimanche. La journée était grise et douce dans toute la Péninsule, mais à Rome surtout, où les femmes de "Se non ora, quando" (Si ce n’est pas maintenant, quand ?) étaient plus de 20.000 sur la Piazza del Popolo. Chants, danses, happenings et aussi pas mal de discours, plus des "témoignages" pour redire ce qui avait été déjà dit lors de la grande mobilisation du 13 février (un million de personnes): les femmes existent ; les femmes sont mal représentées et mal rémunérées ; les femmes sont une grande ressource. Le tout accompagné d’une revendication de dignité avec ce slogan : "Nous voulons un pays qui respecte les femmes". Et pour être respectées les représentantes des femmes ont égrené les tristes records italiens :



- les femmes ici ont des salaires de 30% inférieurs aux hommes
- elles travaillent plus que les autres femmes européennes, déjà surexploitées
- plus de 800.000 d’entre-elles ont été licenciées ou contraintes à démissionner parce qu’elles étaient enceintes.



"Honte, Honte", scandent les manifestantes. On ne notait cependant aucune agressivité contre le gouvernement Monti, alors qu’en février dernier, Silvio Berlusconi, alors Premier ministre, en avait pris pour son grade : il faut dire que le scandale des escort-girls et autres prostituées emmenées au domicile milanais du Premier ministre par de complaisants complices battait alors son plein…



La mobilisation a été cette fois aussi transversale, comme il se doit pour un mouvement qui vient de la société civile. On notait la présence active de la metteure en scène Cristina Comencini, de la députée de droite Giulia Buongiorno et de la militante homo du Parti démocrate Paola Concia, plus la secrétaire générale du plus grand syndicat italien, la CGIL, Susanna Camusso. Pour leur première manif de l’ère post Berlusconi, les femmes ont donc lancé un message original : "On ne manifeste pas toujours pour protester. Cette fois nous avons manifesté pour construire". Le destinataire du message, le Président du Conseil Mario Monti, a surement apprécié.



(Article de Marcelle Padovani, correspondante du Nouvelobs à Rome)



Photo : D.R.



Source : le Nouvel Observateur