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Publié le 28 Novembre 2011

La convention Nationale du CRIF, par Roger Cukierman

Cette convention a été une remarquable réussite par la qualité de l’organisation, le nombre de présents, plus de 1.000, et la qualité des intervenants. Le public a activement participé aux débats grâce à l’affichage sur écrans géants des SMS émanant de l’auditoire, et aux interventions orales.




Et ces débats ont été passionnants. J’ai retenu, outre le discours de BHL, l’intervention du Grand Rabbin Bernheim. Lorsqu’il a évoqué la nécessité de faire mieux participer les femmes aux offices religieux, en leur permettant de voir et d’entendre mieux, ce fut un tonnerre d’applaudissements, hommes et femmes réunis; de même lorsqu’il a évoqué le sort des femmes divorcées, des agunot, (Un mariage sur deux se termine par un divorce), ou lorsqu’il a évoqué la nécessité d’améliorer le dialogue avec tous les Juifs comme avec les non Juifs. Cet esprit d’ouverture a aussi été affiché par le vice président du Consistoire Elie Korchia qui a pourtant dû affronter un auditoire très critique de l’excessive rigidité des autorités religieuses face aux demandes de conversion des conjoints et enfants issus de couples mixtes.



Dov Maimon a cité le faible nombre de Juifs de France qui viennent dans les synagogues de toutes obédiences à Kipour : 150.000 seulement soit nettement moins du tiers de la population juive. Je remarque que le nombre de Juifs français qui passent leurs vacances en Israël est même supérieur. Plusieurs orateurs ont souligné la nécessité de faire plus de place aux jeunes et aux femmes dans les institutions juives. Il faudrait faire abstraction des considérations de vanité, et faire progresser le sens de l’intérêt commun dans un environnement où nous sommes minuscules face à un monde de plus en plus hostile. D’autant que comme l’a mentionné Dominique Moïsi toute la population juive mondiale - 13 millions de personnes - équivaut en Chine à une simple erreur de virgule.



Au cours du débat sur le Moyen Orient, droite et gauche se sont affrontés, tous affirmant néanmoins leur amour pour l’Etat d’Israël. Le journaliste Claude Askolovitch est allé jusqu’à accuser le droite israélienne d’être le camp de la guerre, la gauche étant évidemment le camp de la paix, ce que Clément Weill Reynal et Michel Gurfinkiel, et la salle, ont vigoureusement contesté. A propos de l’évolution inquiétante du printemps arabe vers un hiver islamiste, Frédéric Encel a distillé une pointe d’optimisme en estimant que les Islamistes ne sont pas nécessairement plus dangereux pour Israël. A preuve : les guerres menées contre Israël ont toujours été le fait d’états arabes laïcs et non d’islamistes, si on excepte le Hamas et le Hezbollah. J’ai noté aussi parmi les points de vue originaux celui d’Alexandre Adler qui pense que le gouvernement israélien devrait être plus compréhensif à l’égard des autorités turques.



Les débats ont été malheureusement marqués par l’annonce du décès du Grand Rabbin de Paris qui a plongé l’assistance dans la tristesse. David Messas était un saint homme, aimé de tous, un guide pour beaucoup, et pour moi un ami. Il a supporté pendant quatre ans, avec un courage exemplaire sa maladie, continuant d’exercer ses fonctions jusqu’au dernier instant. Il a toujours fait preuve en toutes circonstances d’une grande humanité. Dès son arrivée au Grand Rabbinat de Paris face à un environnement professionnel parfois difficile, il a su montrer une grande sérénité, une hauteur de vue, et une immense gentillesse. Il mérite largement les hommages qui lui ont été rendus de toutes parts.



Photo : D.R.
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