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Publié le 21 Novembre 2011

Les juifs de France en deuil d'un Grand Rabbin «ouvert et chaleureux»

Le Grand rabbin de Paris, David Messas, décédé dimanche 20 novembre 2011 à l'âge de 77 ans, était un "homme de tolérance" de l'avis unanime des responsables religieux et laïques juifs, qui ont appris la nouvelle lors de la Convention nationale du CRIF.




Cette première convention du Conseil représentatif des organisations juives de France a réuni à Paris près de 1000 personnes lors de débats autour du thème "Demain, les Juifs de France", où participaient des philosophes, politologues, chercheurs ou écrivains de renom.



Beaucoup ont exprimé une "très vive émotion" à l'annonce de la disparition de David Messas, issu d'une prestigieuse lignée de rabbins, né à Meknès (Maroc) le 15 juillet 1934, élu Grand rabbin de Paris en 1994 et réélu à l'unanimité en 2001.



Cette lignée de rabbins et de grands rabbins est caractérisée par l’action au sein de la Communauté à laquelle elle est dévouée.



Cette disparition est une réelle perte pour la Communauté juive parisienne tant cette personnalité était hors norme par la densité de l’héritage dont elle était porteuse, indiquait-on dimanche dans la communauté.



Sa dépouille a été transférée dans la nuit en Israël où est enterrée sa famille. Son père, Shalom Messas, avait été Grand rabbin de Meknès et de Jérusalem. Il a été enterré lundi matin au cimetière de Givat Shaul à Jérusalem.



Après une maîtrise de philosophie, David Messas, diplômé du Grand rabbinat d'Israël, avait notamment dirigé l'Ecole Maimonide de Boulogne-Billancourt (1968/1984). Il avait ensuite été rabbin de la communauté des Algérois de la synagogue Berith Shalom à Paris (1984-1989).



Grand rabbin de la Communauté israélite de Genève, de 1989 à 1995, il avait été élu Grand rabbin de Paris en 1994, et réélu sept ans plus tard.



"Tout en étant inscrit dans une tradition orthodoxe, David Messas à toujours tenu un discours d'ouverture dans la communauté juive française", a déclaré à l'AFP David Revcolevschi, trésorier du Consistoire de Paris, peu après l'annonce de son décès. C'était un homme généreux, chaleureux, d'une belle prestance".



Le Grand rabbin de France Gilles Bernheim, visiblement ému, a "tenu à souligner la très grande dignité d'un homme qui, malade depuis plus de quatre ans, ne s'est jamais plaint, n'a jamais décliné aucun de ses responsabilités".



"Il a toujours voulu épargner ses proches, ses amis, les personnes avec qui il travaillait", a encore déclaré Gilles Bernheim à l'AFP, ajoutant qu'il allait accompagner la dépouille de David Messas à Jérusalem.



"La communauté juive est aujourd'hui en deuil, a pour sa part déclaré Joël Mergui, président du Consistoire, qui a annoncé une soirée de prières. C'était mon associé dans la vie quotidienne, un homme d'une grande tolérance", a ajouté Joël Mergui, également originaire de Meknès.



"Le Rav David Messas à été pendant de très nombreuses années le guide spirituel, l'âme et la colonne vertébrale de la communauté juive de Paris qui pleure aujourd'hui une disparition qui laissera un vide immense pour tous ceux qui l'ont connu", indique un communiqué du Consistoire.



"Son action et son rayonnement ont largement dépassé les frontières de Paris et de la France. Il a porté avec une énergie de chaque instant les projets, les réalisations, les préoccupations, les joies et les peines de notre communauté, de nous tous".



"Sa sagesse, son savoir et son courage resteront un exemple gravé pour toujours dans le cœur de la communauté juive avec lequel il a vibré jusqu'aux derniers instants".



Richard Prasquier, président du CRIF, organisateur de la première convention nationale du CRIF, a témoigné de "son immense tristesse".



Le Premier ministre François Fillon a exprimé dimanche sa "grande tristesse" après la mort du Grand rabbin de Paris, David Messas, un "homme de foi et de culture" ayant "oeuvré à la préservation de la tradition et à la construction de l'avenir du judaïsme".



"C'est avec une grande tristesse" que M. Fillon a appris ce décès, souligne Matignon dans un communiqué, en précisant que le chef du gouvernement adresse "ses sincères condoléances" à sa famille "et à l'ensemble de la communauté juive".



"Issu d'une grande lignée de rabbins, cet homme de foi et de culture, artisan du dialogue entre les religions et les communautés", "a su tout au long de sa vie et à travers son enseignement oeuvrer à la préservation de la tradition et à la construction de l'avenir du judaïsme à Paris et au-delà", est-il écrit.



Le ministre de l'Intérieur chargé des Cultes, Claude Guéant, a tenu dans un communiqué à "saluer la mémoire de cette figure de la communauté juive de France, homme de foi et de culture" et a "rendu hommage à son travail inlassable au service de la communauté juive de Paris".



David Messas était également Chevalier de la Légion d'honneur, Officier de l'Ordre national du Mérite et Chevalier des Palmes académiques.



Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a fait part dans un communiqué de son "immense tristesse et une grande émotion" après le décès de ce "grand ami des musulmans de France". Le CFCM a aussi tenu à "exprimer sa compassion et sa solidarité avec l'ensemble de la communauté juive de France".



Le président du Rassemblement des Musulmans de France (pro-Maroc), Anouar Kbibech, a également salué la mémoire du Grand rabbin qui "a oeuvré sans relâche pour le rapprochement entre juifs et musulmans en France".



"Son action et son rayonnement, qui ont largement dépassé les frontières de la France, ont été récompensés par de nombreuses décorations, et notamment par l'une des plus hautes distinctions du Royaume du Maroc" (Grand Officier du Ouissam Alaouite, décerné par le roi du Maroc), a ajouté Anouar Kbibech.



Photo : D.R.



Source : European Jewish Press