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Publié le 11 Octobre 2011

Les sbires d'Assad en France

A Paris, la communauté syrienne se mobilise pour obtenir le départ du président Bachar Al-Assad, responsable, selon l'ONU, de plus de 2900 morts depuis le début de la mobilisation à la mi-mars. A ses risques et périls.




La révolution syrienne se joue aussi à Paris. La seule Ile-de-France compte plus de 5000 ressortissants du pays - et 25 000 dans l'Hexagone -, en particulier des ingénieurs. Comme Rabie Alhayek, 35 ans, en France depuis sept ans. Membre de l'association de soutien à la révolte syrienne, Souria Houria, il se mobilise depuis le 15 mars une fois par semaine contre "la dictature" afin de "sensibiliser l'opinion française", confie Alhayek. Qui ajoute: "Je veux contribuer à l'unification de l'opposition."



Justement, le Conseil national syrien (CNS) a été fondé le 2 octobre dernier à Istanbul (Turquie). Composé de la majorité des forces d'opposition au régime en place depuis onze ans, il rassemble plusieurs sensibilités politiques, des libéraux aux Frères musulmans. "C'est une très bonne chose", estime Shevan Amhani, un membre de l'association Souria Houria âgé de 31 ans. Cet responsable d'exploitation dans une société de transports, en France depuis onze ans, envoie, lui, de l'argent aux manifestants sur place. "J'ai mon propre réseau et des amis qui récupèrent mes sous là-bas", confie-t-il.



"On va vous couper la tête"



Récolter des fonds de solidarité et financer la mobilisation, c'est aussi le but d'Ayham Haddad, le président de la nouvelle Alliance syrienne pour la démocratie, une formation indépendante du CNS. Médecin exilé aux Etats-Unis depuis presque vingt ans et désormais "révolutionnaire à plein temps", il voyage ces jours-ci en Europe pour se faire connaître. Il ouvre, le 10 octobre, un bureau à Paris. Confiant, il espère que Bachar Al-Assad se retirera du pouvoir au plus vite "pour que les Syriens puissent se sentir libres comme en France".



Mais même sur les bords de la Seine, une manifestation peut mal tourner. Le 26 août dernier, une trentaine de personnes battent le pavé sur la place du Châtelet lorsque neuf militants du régime en place, portant le drapeau à la gloire du président syrien, viennent les rejoindre. Des insultes verbales volent. "Ils criaient: "On va vous couper la tête"", se rappelle Rabie Alhayek. Certains manifestants reçoivent des coups. "J'ai été mis à terre et on a voulu me piétiner", souligne Shevan Amhani, présent lors du rassemblement.



Quittant le commissariat où il a porté plainte, Shevan Amhani rentre ensuite chez lui, un peu après minuit, avec deux de ses camarades. Sur leur chemin, ils croisent un groupe pro-Assad: " Près de quinze personnes sont arrivés en voiture, témoigne Shevan Amhani. Certains nous ont tapés avec des battes de base-ball."



Intimidations par mail



Pour les victimes, les agresseurs feraient partie du clan Al-Jabaan, belle-famille du frère du président Al-Assad. Entretiennent-ils des rapports avec l'ambassade de Syrie, voire les services de renseignement? Selon l'avocate des victimes, Maître Seve Aïdine, "ce serait probable". Mais elle n'en est pas encore certaine: "Je n'ai pas encore eu accès au dossier, explique-t-elle. La police judiciaire du 9e arrondissement de Paris n'a pas transmis le dossier de l'enquête préliminaire au parquet."



En attendant, la mobilisation se poursuit pour les membres de Souria Houria. Chaque samedi, place du Châtelet. "Nous faisons attention, nous nous déplaçons toujours à deux ou à trois", glisse Rabie Alhayek. Craignent-ils encore des attaques? "Quelques camarades ont été filés plusieurs fois en voiture jusqu'à leur domicile." D'autres ont reçu des intimidations par mail. "Des anonymes m'ont envoyé des insultes, glisse Shevan Amhani. On me disait que j'étais un traître, que j'étais payé par l'Arabie Saoudite, puis par Israël ou par Sarkozy." Une de ses amies, raconte l'opposant, a reçu des messages similaires, avec des détails sur sa vie privée: ""Comment vont tes deux chats?" Elle en a effectivement deux. Comment ont-ils su?"



Photo : D.R.



Source : l’Express