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Publié le 26 Février 2010

Trois questions à Gérard Israël

Le CRIF organise en Israël en coopération avec le Service national de la Conférence des Evêques de France pour les relations avec le judaïsme, un colloque inédit entre Juifs et Chrétiens.



Cette rencontre qui se tiendra mardi 16 mars à Jérusalem, et mercredi 17 mars à Tibériade (voir programme ci-dessous) se penchera sur les possibilités d’expression religieuse des différentes communautés de la région et mettra en relief les multiples facettes de la relation entre Chrétiens et Juifs, de la compréhension affermie aux implications religieuses du conflit avec les palestiniens.
Israël au cœur de la réconciliation entre Juifs et Chrétiens ? L’élan est donné ; la tâche reste immense. Le Patriarcat latin de Jérusalem et le Grand rabbin de France Gilles Bernheim ont encouragé l’initiative du CRIF
Le philosophe Gérard Israël préside la commission du CRIF chargée des relations avec l’Eglise catholique et le monde chrétien. Il est l’instigateur du colloque et l’un des principaux rédacteurs du programme. Comme les membres de sa commission, il est un acteur majeur du dialogue avec les Chrétiens en France. Un dialogue exemplaire qui n’a pas mis la lumière sous le boisseau et interroge en continu cette relation solide, apaisée, mais vulnérable.
1-Vous organisez en Israël les 16 et 17 mars prochain, dans le cadre de la commission du CRIF chargée des relations avec l’Eglise et le monde chrétien un colloque inédit « Chrétiens et Juifs, rencontre à Jérusalem ».
Qu’est ce qui a motivé votre réflexion dans le choix d’Israël ?



L’Etat d’Israël exerce aujourd’hui son autorité sur la plus grande partie de la Terre Sainte. Ainsi Jérusalem, en particulier a un rôle essentiel à jouer dans le rapprochement interreligieux qui est manifeste depuis Vatican II et que les Eglises protestantes souhaitent également.
Il existe déjà en Israël nombre d’institutions chrétiennes qui approfondissent, par l’étude de l’hébreu, de la Loi et des prophètes, du talmud et même de la cabale, toutes les dimensions de la tradition judaïque. (Institut Albert Decoutray ; écoles d’Abou Ghosh et tant d’autres).
Il convient de tirer les conséquences de cette situation.
Israël peut devenir la plaque tournante des relations entre les religions juive et chrétiennes.
Le colloque « Chrétiens et juifs, rencontre à Jérusalem » a pour finalité de révéler l’idée que les chrétiens ont toute leur place en Israël, sur une terre qui est spirituellement le lieu de leur naissance.



2-La question des lieux saints a crispé les relations entre les communautés chrétiennes et les gouvernants successifs d’Israël. Demeure t-elle aussi prégnante ?
La politique israélienne des Lieux Saints est raisonnable..L’accès en est garanti à tous et cela malgré les difficultés liées aux questions de sécurité.
Les questions de gestion administratives ne sont pas très importantes, bien que des améliorations soient toujours possibles.



3- Contrairement à la France, la Shoah n’a pas impulsé le rapprochement judéo-chrétien. En Israël, sur quoi, sur qui, repose t-il ?



La Shoah a été le facteur déclenchant d’une nouvelle approche chrétienne de la relation entre juifs et chrétiens. Même si le processus a été relativement long (Vingt ans se sont écoulés entre la fin de la guerre et Vatican II), ce qui s’est passé obsède littéralement, pourrait-on dire, la conscience chrétienne. Et l’Eglise catholique considère que la Shoah a été « l’évènement le plus important du XX° siècle » et qu’il convient que les chrétiens fassent « téchouvah » (mot hébreu signifiant « repentance ») même si le massacre des juifs d’Europe relève d’une mentalité athéiste sans relation avec le christianisme ; bien que, hélas, certains chrétiens dévoyés en ont été directement responsables.



Le colloque montrera, nous l’espérons, que, sous tous ces rapports, un processus de « réconciliation » est en cours, (pour reprendre une formulation du pape Benoît XVI lors de son voyage en Israël).
En réalité, il s’agit bien d’aboutir à une réconciliation et pas seulement de souligner l’importance d’un héritage commun, voire d’une filiation entre les deux religions.
Oserais-je dire que l’Eglise catholique est, de nos jours, le meilleur soutien moral de l’Etat d’Israël ?



Propos recueillis par Stéphanie Dassa



Programme



Mardi 16 mars à Jérusalem, la Maison de Belgique (Université hébraïque de Jérusalem Givat Ram)



9h30 : Introduction Richard Prasquier, président du CRIF
10h00 : « L’Eglise et le dialogue interreligieux »
Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo, Vicaire patriarcal pour Israël, Nazareth (représente Mgr Fouad Twal, Patriarche latin de Jérusalem)
10h30 : « La vie des communautés chrétiennes en Israël.
Pratiques et attentes. La question des Lieux Saints »
Custode Père Pierbattista Pizzaballa.
11h00 :Témoignage de chrétiens vivant en Israël
Frère Louis Marie
11h30 : « La Jérusalem d’en bas et la Jérusalem d’en haut selon les sources traditionnelles juives»
Rabbin Rivon Krygier
12h00 : « Révélations et pèlerinages. »
Jean-Marie Allafort, journaliste
14h00 : « La Judée et les Juifs sous la domination romaine »
Mireille Hadas-Lebel, historienne
14h30 : « Les Chrétiens d’Israël et des territoires palestiniens.
Société, culture, traditions »
Catherine Dupeyron, journaliste
15h 00 : « La société israélienne et son expression religieuse »
Rabbin Daniel Epstein



Mercredi 17 mars à Tibériade à la Domus Galilaeae (lieu dédié aux rencontres judéo-chrétiennes, selon le vœu du Pape Jean-Paul II)
9h00 : Accueil par le Père Rino Rossi, directeur de la Domus Galilaeae
Chorale des néocatéchumènes de la Domus Galilaeae
9h30 : « Histoire et théologie ; sens et valeur »
Père Michel Remaud, Institut Albert Decourtray d’études juives et de littérature hébraïque.
10h00 : « Le vivre-ensemble »
Père Shouffani, curé de Nazareth, directeur du séminaire Saint Joseph.
10h30 : Témoignage d’un jeune arabe israélien de son voyage à Auschwitz
11h00 : « La signification religieuse du Retour »
Armand Abecassis, philosophe
11h30 : « Les minorités en Israël et le processus de paix au Moyen-Orient »
Baheej Mansour, directeur de la division des affaires religieuses, ministère des Affaires Etrangères israélien
14h00 : « La compréhension mutuelle prônée par Nostra Aetate ainsi que par les églises protestantes (Document Eglise et Israël de la Communion ecclésiale de Leuenberg) »
Père Patrick Desbois, directeur du Service National de la Conférence des Evêques de France pour les Relations avec le Judaïsme
Révérende Pétra Heldt, directrice de l’Ecumenical Theological Research Fraternity in Israel
15h00 : « Les enseignements de la relation judéo-chrétienne en France »
Père Jean Dujardin, Prêtre de l’Oratoire, ancien secrétaire du comité episcopal pour les Relations avec le Judaïsme
Pasteur Florence Taubmann, présidente de l’Amitié judéo-chrétienne de France Gérard Israël, président de la Commission du CRIF pour les Relations avec l’Eglise Catholique et le monde chrétien.
16h00 : Conclusions des travaux
Gérard Israël, président de la Commission du CRIF pour les Relations avec l’Eglise Catholique et le monde chrétien
Mgr Jérôme Beau, Evêque auxiliaire de Paris, directeur du Collège des Bernardins
Message du Cardinal Philippe Barbarin, Primat des Gaules
Message du Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim



Inscription obligatoire : evenement@crif.org
Photo : D.R.