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Publié le 15 Décembre 2011

UNESCO : un lever de drapeau palestinien surréaliste et préoccupant, par Hélène Keller-Lind

Le 13 décembre dans l'enceinte de l'UNESCO à Paris, haut lieu de la paix par l'éducation, « la Palestine » qui n'existe pas devenait le 195ème État accueilli au sein de cette organisation onusienne. Mahmoud Abbas, son Président qui n'a pas été réélu dans les règles depuis des années, a tenu un discours double. D'une part des propos « peace and love » totalement décalés par rapport à la réalité, d'autre part quelques coups de griffes anti-israéliens les démentant aussitôt.



Cérémonie surréaliste et déconnectée



Le lever du drapeau palestinien, accompagné de l'hymne palestinien, sur le terrain entourant les bâtiments de l'UNESCO à Paris et sur fond de Tour Eiffel, a été accueilli avec enthousiasme par les nombreux invités qui l'ont suivi sur grand écran dans l'auditorium de l'organisation culturelle onusienne. Une cérémonie qui s'est déroulée, côté palestinien, en présence de Mahmoud Abbas, flanqué du ministre des Affaires étrangères palestinien, Riad Maliki, de Saëb Erekat, négociateur de paix qui ne négocie plus, et du Délégué palestinien à l'UNESCO et, côté UNESCO, de sa Directrice générale, Irina Bokova, accompagnée de la Présidente de la Conférence générale de l’UNESCO, Katalin Bogyay, et de la Présidente du Conseil exécutif de l’Organisation, Alissandra Cummins. Participation soulignant l'importance de cette admission, votée en octobre dernier, par la France y compris. On se souvient que les États-Unis et le Canada, entre autres, avaient voté contre. Les États-Unis ayant, de ce fait, supprimé tout paiement à l'UNESCO, compte tenu des accords entre l'Autorité palestinienne et le Hamas, organisation terroriste.



De plus, « la Palestine » n'a aucune existence réelle et la demande d'admission au Conseil de Sécurité présentée par Mahmoud Abbas à New York qui fit alors un discours particulièrement agressif envers Israël n'a pas été acceptée à ce jour. Admettre un « pays » qui n'en est pas un a donc un côté assez surréaliste...Israël, par la voix de son ambassadeur auprès de l'UNESCO, Nimrod Barkan, qualifiait d'ailleurs cette admission de « science-fiction »...



Sans compter qu'il n'y a pas eu d'élections palestiniennes depuis des lustres et que les deux gouvernements palestiniens de facto, que ce soit celui de l'Autorité palestinienne ou celui du Hamas, ne sont donc pas en place légalement.



Mais rien de cela ne fut dit lors de la cérémonie qui suivit dans le grand auditorium. Ce nouveau membre étant accueilli chaleureusement par les trois dirigeantes de l'UNESCO qui voulurent voir dans cette admission un espoir de paix. Irina Bokova évoquant même un avenir fait de « manuels scolaires communs » israéliens et palestiniens racontant une même histoire... En effet, il ne faudrait pas perdre de vue ce qu'est l'UNESCO. La raison d'être de cette organisation onusienne est de parvenir à la paix grâce à l'éducation et la culture. Dans son discours Mahmous Abbas abonda bien entendu dans ce sens, parlant de « la culture, de l'art et de la recherche palestiniens, » survivant en dépit de la Nakba et de l'exil. Les qualités de son « Etat » étant, selon lui, entre autres, « un esprit d'ouverture, la tolérance, la justice, une volonté de paix équitable, la démocratie, une culture de paix, le respect du statut de la femme... »



Des affirmations tellement décalées par rapport à la réalité que cela en aurait eu un côté comique si cela n'avait été tragique. En effet, quelques jours plus tôt, le 5 décembre, à Washington, le Prix Nobel de la Paix, Elie Wiesel, présentait avec des militants des Droits de l'Homme américains, un ouvrage de Palestinian Media Watch, une ONG observatoire des médias palestiniens. Une toute autre histoire y est racontée : on y voit comment l'Autorité palestinienne cultive systématiquement et quotidiennement une culture de la haine, non seulement d'Israël mais aussi des Juifs, les diabolise, nie la Shoah quand les Israéliens ne sont pas comparés aux nazis, entre autres principes qui auraient dû rendre impossible l'admission palestinienne au sein de l'UNESCO. Quant au statut des femmes et la liberté d'expression sous gestion palestinienne, sans même parler de celle du Hamas, même l'UNESCO émet quelques doutes, comme on le voyait dans des panneaux exposés détaillant son action « en Palestine, » grâce à des subventions conséquentes versées par des pays membres.



Changement de ton...



Dans la foulée de ces déclarations vides de sens Mahmoud Abbas donnait une conférence de presse dans l'enceinte de l'UNESCO. Son discours changea alors quelque peu. En effet, s'il redisait sa satisfaction de ce premier pas vers une reconnaissance par la communauté internationale, démarche qu'il entend poursuivre grâce à d'autres organisations onusiennes non spécifiées, à des moments opportuns non précisés, il qualifiait la fermeture de la rampe des Maghrébins « d'acte de vandalisme de la part des Israéliens...un danger suivi par notre ambassadeur auprès de l'UNESCO, la Jordanie et l'Égypte..». Cette passerelle de bois, qui surplombe une partie du Mur des Lamentations, mène au Mont du Temple et est réservée aux non-musulmans et aux forces de l'ordre. Elle avait déjà due être reconstruite temporairement en 2004 et aujourd'hui sa fermeture et sa reconstruction ont été décidées par divers organismes officiels israéliens sur les recommandations de l'ingénieur en chef et des services des pompiers de Jérusalem pour des raisons impératives de sécurité. Mais l'Autorité palestinienne, ainsi que les pays cités par Mahmoud Abbas, parlent de menaces israéliennes contre la Mosquée Al-Aksa et brandissent la menace d'émeutes dans le monde musulman. On mesure à quel point on est loin, dans la réalité, des discours officiels « peace and love » édifiants...



Il faut noter qu'alors que Mahmoud Abbas fustigeait ainsi Israël un cabinet restreint de huit ministres israéliens décidait, dans un souci d'apaisement, de ne pas démolir cette passerelle devenue dangereuse pour la reconstruire mais d'en réparer les portions qui mettent l'ensemble en danger, ce qui devrait permettre sa réouverture sous peu. Par ailleurs, il faut aussi souligner qu'il y a quinze jours le Premier ministre israélien avait demandé à la municipalité de Jérusalem se surseoir à cette fermeture et sa démolition avait donc été retardée. Ce que Mahmoud Abbas ne pouvait ignorer.



Autre moment étonnant : selon Mahmoud Abbas l'accord avec le Hamas ne peut justifier un refus d'admission à l'ONU étant donné qu'il estime que ce mouvement terroriste, gouvernement de facto dans la Bande de Gaza d'où des roquettes continuent à être tirées sur les populations civiles du sud d'Israël, en ce moment même, n'est ni plus ni moins qu'une « opposition, » au même titre que « l'opposition israélienne qui préconise parfois la destruction de la Palestine. » Comparaison stupéfiante.



Le dirigeant palestinien réitéra, bien entendu, ce qu'il dit maintenant depuis des lustres, à savoir qu'il ne reprendrait aucune négociation sans arrêt des constructions qualifiées de colonisation. Concernant de futures élections palestiniennes, il devrait y en avoir en mai prochain, selon lui, sauf s'il y a des obstacles à leur tenue. Histoire connue...



Et, toujours au chapitre des déclarations variant en fonction de son auditoire, il laissait planer le doute sur une éventuelle demande de statut d’État non membre déposée auprès, cette fois, non plus au Conseil de Sécurité, mais à l'Assemblée générale de l'ONU. Une solution préconisée par le Président français qui rencontrait le jour même, un Président qualifié « d'ami proche. » D'ailleurs, selon Mahmoud Abbas, il n'est pas acquis que la France vote contre la demande présentée au Conseil de Sécurité, comme in pourrait le croire, tout étant en cours de négociation.



Photo : D.R.