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… Pourquoi a-t-on nié si longtemps le caractère antisémite de l'affaire ?
Alexandre Arcady : La police, bernée par Fofana, a d'abord considéré que c'était un acte «simplement» crapuleux. Je connais les policiers qui ont mené l'enquête : cela les hante encore. Il y avait le contexte : c'était après les émeutes de l'été 2005, il y avait eu la fausse alerte à l'agression antisémite f par la jeune fille du RER et dans le souci de ne pas jeter de l'huile sur le feu et «stigmatiser» une communauté, les autorités ne voulaient pas parler d'antisémitisme…
… Ressentez-vous, tous les deux, un antisémitisme, en France ?
Pascal Elbé : Je trouve la France dans une situation alarmante. Les chiffres des actes antisémites sont consternants et sur cette question en Europe, nous sommes en tête de gondole… Tout le débat sur l'affaire Dieudonné a montré la gravité de la situation. On a laissé dire, des années ce prédicateur qui prône la mort des juifs et encore on a débattu sur «sa liberté de parole»… Dieudonné a créé un comité de soutien pour la libération de Fofana, c'est dire… Et là, sur ce film qui ne raconte pas autre chose que l'histoire d'un gamin qui s'est fait torturer et le silence assourdissant des 500 familles de la cité qui l'ont entendu hurler sa souffrance 24 jours durant sans rien dire, on trouve encore sur les réseaux sociaux des gens qui viennent faire des commentaires nauséabonds.
Alexandre Arcady : C'est un fait l'antisémitisme est là. On a raté l'intégration de toute une population immigrée et cet échec-là on ne veut pas le reconnaître. Nous sommes dans une situation de fracture absolue. «Liberté de parole» : ça suffit de laisser dire les choses, à un moment, il faut s'exprimer et dire «non». Quand on s'attaque aux Juifs, on s'attaque à soi-même. C'est toute la France qui est malade.
Pascal Elbé: Et j'ajouterai : quand on dit «que l'affaire Halimi c'est juste le fait de crétins», je dis non. Ce sont des crétins, des barbares qui n'ont aucun respect de la vie — ils n'ont d'ailleurs jamais exprimé le moindre regret. Mais ils ne sont pas que ça : ils sont le monstrueux produit d'un nuage toxique, d'une idéologie toxique qu'on a laissée se répandre sur nous, sans rien dire… Lire l’intégralité.