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Publié le 17 Juillet 2017

Cérémonie de commémoration de la rafle du Vel d'Hiv à Bordeaux

Hier, dimanche 16 juillet 2017, s'est déroulée à Bordeaux la cérémonie de commémoration de la rafle du Vel d’Hiv en présence d'Albert Roche, Président du CRIF Sud Ouest Aquitaine. Plus de 200 personnes y ont assisté.

Extrait du discours d'Albert Roche, Président du CRIF Sud Ouest Aquitaine :

"En ce 16 juillet 2016, nous sommes réunis pour le 75 ème anniversaire de la rafle du Vélodrome d’hiver ;

Cette journée nous invite à repenser la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs de France et tout particulièrement, dans la plus grande rafle organisée, les 16 et 17 juillet 1942 par la police française aux ordres du Maréchal Pétain et du tristement célèbre René Bousquet.

Plus de 13 000 juifs, hommes, femmes, enfants, vieillards, les uns valides, les autres malades, furent ainsi raflés et envoyés comme des bestiaux, à la promesse d’une mort certaine, parfois en cours de route, la plupart à leur arrivée au camp de la mort.

Les mots sont, et seront toujours trop faibles pour qualifier l’horreur ordinaire, la terreur silencieuse, et l’effroi d’une mort imminente, qu’aucune transcendance n’a pu enrayer.

Au silence du ciel, répondait alors, le silence de la terre, celui des bourreaux et celui des victimes.

Ce silence assourdissant sur le génocide en cours, fut également celui des chancelleries qui ne surent ou ne purent, ou peut être ne voulurent pas intervenir dans la lente agonie d’une solution finale, largement présagée dans le livre programme d’Adolphe Hitler, publié en France dès 1925.

La véritable question de notre temps et des temps qui viennent est celle du silence, car comme le dit Paul Auster, le silence oblitère tout.

Ne pas dire pour ne pas déranger, ne pas dire pour ne pas vexer, ne pas dire par précaution, par souci de l’autre, ou par peur d’occuper l’espace physique et psychique, ne pas dire pour éviter l’exagération, ou pour se mettre à l’abri des faussaires.

Ne pas dire, voilà bien le symptôme d’une maladie moderne où nous ont conduit certains nostalgiques d’une politique de discrimination, là ou nous conduisent également certains irresponsables, qui, sous couvert d’humour et du droit à l’expression libre, mettent en doute le passé, nient et renient l’Histoire patiemment écrite par de vrais historiens.

Ces officines nauséabondes sont une offense à la mémoire des disparus, morts pour rien, si le mot rien convient à la condition juive.

Il est également une injure vivante aux quelques survivants qui ont sauté des trains, qui se sont échappés par miracle ou par volonté farouche de survivre.

Oui, à n’y prendre garde, le silence oblitère tout.

75 ans après la tragédie et la forfaiture de l’Etat français, reconnue officiellement par le Président de la République Jacques Chirac, en 1995, 75 ans après, le silence n’est plus acceptable.

Comme le dit le Talmud, « le temps est venu », Higuya€ Zman. Le temps est venu de considérer comme politiquement, non le silence, mais le dire et le témoignage.

Il en va tout d’abord de la transmission aux générations futures."