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Publié le 31 Janvier 2017

#Crif - Dîner du Crif Auvergne Rhône-Alpes : discours de Nicole Bornstein

Retrouvez l'intégralité du discours prononcé par Nicole Bornstein, Présidente du Crif Auvergne Rhône-Alpes, lors du dîner du 26 janvier.
Chers amis…
 
Puisqu’il n’est pas encore trop tard en cette fin janvier, je tiens en préambule, malgré toutes nos inquiétudes et nos incertitudes à adresser à chacun d’entre vous mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année.
Je veux également remercier tous nos invités présents ce soir pour leur fidélité à ce rendez-vous annuel depuis bientôt 20 ans. 
Ce dîner n’est pas un dîner mondain, comme il m’est arrivé de l’entendre…ou de le lire ! 
Non, c’est un dîner Républicain, en un lieu certes très agréable, un moment d’échanges entre des citoyens juifs de la région et la République. 
Monsieur le Garde des sceaux, Monsieur le Ministre, merci d’avoir accepté notre invitation, d’avoir donné de votre temps en cette période politiquement agitée !
Bienvenue parmi nous.
Oui Mr le ministre, vous êtes ici bienvenu parce que vous êtes le représentant de la République, cette république telle que nous la concevons. Une République qui permet l’alternance, parce que la démocratie est l’un de ses attributs, comme le sont aussi le pluralisme et la laïcité. 
 Une République qui fait vivre la liberté, avec dans sa devise la fraternité et l’égalité. 
Bref, la République des droits de l’homme et des citoyens telle que voulue par ses fondateurs, et non celle qui conduit à l’indifférenciation. 
Vous savez combien les juifs sont attachés à cette République. 
Mais soyons vigilants, les ennemis de cette république, et pour nous c’est un signe qui ne trompe pas, ceux de l’extrême droite la considèrent comme un régime gangréné par les juifs, ceux de l’extrême gauche la voient sous l’emprise du capitalisme international, naturellement juif, et pour les islamistes radicaux elle est bien sûr sioniste, ce nouveau marqueur de l’antisémitisme, tant d’extrême droite que d’extrême gauche.
 
Monsieur le Ministre, vous êtes aussi le bienvenu car vous êtes le Ministre de la justice.
Or pour le judaïsme, la justice est une valeur fondamentale et parmi la multitude de versets de la bible ou du talmud qui y font référence, j’en retiendrai un du Talmud et qui dit : « Le monde se maintient par trois piliers la vérité, la justice, et la concorde. »
 
Après ses paroles de bienvenue, je ne peux pas, je ne veux pas commencer mon propos, cette année encore malheureusement, sans rendre hommage à toutes les victimes des attentats de l’année 2016, et elles sont si nombreuses... ! Morts, blessés, familles traumatisées à jamais…
Aux policiers de Magnanville, assassinés parce que policiers Français
Aux victimes de Nice du 14 juillet, visées parce que célébrant dans la fête la tradition républicaine de la France
Au père Hamel, égorgé parce que Français chrétien
Aux victimes des incessantes attaques au couteau, en Israël
A toutes les victimes en Europe et de par le monde, dont beaucoup musulmanes, fauchées par des voitures, des camions béliers, des bombes humaines, des kalachnikovs, toutes ces cibles anonymes assassinées par la folie haineuse de barbares habités par leur idéologie, et qui méprisent la vie… !
 
Depuis janvier 2015, l’atmosphère de nos villes a malheureusement changé : patrouilles de soldats, policiers qui déambulent dans nos rues, nos gares, nos aéroports…, fouilles aux portes de certains magasins, des salles de spectacles, et même des musées ou des bibliothèques municipales...
Et aussi tout ce que nous ne voyons pas : la police et la justice aux aguets, les écoutes, le renseignement...…certes un peu de gêne, mais aussi certainement des résultats : des attentats évités !
 J’en profite ce soir pour adresser tous nos plus vifs remerciements à tous ceux qui, dans notre région veillent, sans relâche, à notre sécurité. 
Je ne les nommerai pas, ils se reconnaîtront ! et je vous demanderai de tous les applaudir… !
Grace à ces nombreux engagements, on peut également se féliciter de la baisse significative en 2016 des actes racistes et antisémites. 
Si les chiffres officiels de l’année 2016 ne sont pas encore publiés, fin décembre, la baisse annoncée était de : 61% pour les actes antisémites, et de 52% pour les actes anti musulmans.
Nous pouvons nous en féliciter, c’est incontestable, mais sans pour autant perdre de vue que tous les actes antisémites et racistes, loin s’en faut, ne sont pas déclarés.
 N’oublions pas non plus que 49% des actes racistes sont des actes antisémites alors que les juifs ne représentent eux qu’à peine 1% de la population.   
Par ailleurs, ne passons pas sous silence toutes les théories racistes abjectes et négationnistes qui fourmillent sur les réseaux sociaux, voir même sur des forums de jeu vidéo, et ne se comptabilisent pas. 
C’est pourtant là un thermomètre des plus alarmants quant aux messages qui menacent nos démocraties, comme l’est la déferlante des théories complotistes qui pollue les discours, les pensées et submerge notre société. 
Et que dire des discours antisystèmes de tous bords dont on peut craindre que pour certains la démocratie et ses valeurs soient dans la cible… ?
Cependant, depuis la mise en place par notre gouvernement et son ancien premier ministre Manuel Valls, de la plateforme de la DILCRA avec à sa tête Monsieur Gilles Clavreul, un travail considérable de lutte contre le racisme et l’antisémitisme est accompli et nous tenons ici à les en remercier particulièrement.
 Tous les efforts, notamment celui de bien nommer les choses, en coordination en particulier avec le Ministère de l’éducation Nationale dont je salue la Ministre, Chère Najat, sont conjugués pour lutter contre ce fléau qui aujourd’hui mine notre société.
Dans la baisse des actes antisémites, nous devons aussi ne pas manquer de saluer le rôle bénéfique de ceux des musulmans au sein d’associations ou dans le monde culturel et religieux qui s’opposent frontalement à l’islamisme radical.
Un autre motif d’inquiétude pour nous, Monsieur le Ministre, les actions incessantes du mouvement BDS, « boycott désinvestissement sanction », dont le fer de lance est l’extrême gauche associée à l’islamisme radical, sous diverses appellations, ainsi qu’à certains membres de l’extrême droite.
Leur but poursuivi en France est je cite : « refuser d’acheter ou de consommer les produits et les services de l’économie israélienne. Refuser de participer à toute action culturelle ou sportive promue en France »
Ne nous y trompons pas ! En cherchant à isoler, étouffer économiquement, sportivement, intellectuellement Israël, il ne s’agit ni plus ni moins que de le délégitimer. Omar Bargouti, fondateur du BDS, n’a d’ailleurs jamais dissimulé ses objectifs : la disparition pure et simple d’Israël en tant qu’Etat juif….
Parmi ses justificatifs, le BDS concentre sa propagande sur l’occupation ayant suivi la guerre de 1967. Or le BDS n’est que la suite du mouvement de boycott initié dans les pays arabes avant même la naissance de l’état d’Israël et donc, bien entendu, avant la date de cette « dite occupation ! »
Pour mieux susciter l’intérêt de son mouvement, le BDS se dit s’attaquer spécifiquement aux produits fabriqués dans les territoires « dits occupés »… Dans la réalité, tous les produits sont concernés.
Pour attirer les militants se disant défenseurs de causes humanistes, le mouvement BDS colle sur Israël l’étiquette de l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid.
 
Mais posons-nous les bonnes questions !
En Israël, la population arabe représente 20% de la population israélienne et vote avec tous les citoyens israéliens. Des élus siègent à la Knesset et font entendre leur voix.
En Israël, C’est un juge arabe qui présidait le tribunal et qui a condamné et envoyé en prison un chef d’état Israélien pour harcèlement sexuel...à juste titre
En Israël 300.000 enfants arabes sont scolarisés dans les écoles israéliennes et le fondateur du BDS lui-même est diplômé de l’université de Tel-aviv.
En Israël, les moyens de transports, toutes les plages, même pour les femmes revêtues de burkini, sont librement accessibles à tous.
En Israël, l’accès à la santé et aux hôpitaux ne fait l’objet d’aucune discrimination et médecins juifs et arabes y travaillent de concert avec un profil de carrière équivalent..!
En Israël, les relations sexuelles sont parfaitement libres, qu’elles soient mixtes ou pas, qu’elles soient hétéro ou homosexuelles.
Dès lors, comment ose-t-on comparer cette démocratie au régime de l’apartheid ?
 
En vérité, le mouvement BDS regroupe ces mêmes militants que l’on voyait ces dernières années défiler dans les rues de Lyon et d’ailleurs, avec des mots haineux à la bouche envers Israël et les juifs, et qui aujourd’hui, cachés derrière le masque pseudo pacifique d’humanisme continuent de se regrouper quand ils le peuvent, ici et là, les Samedi, partout en France.
Mais interrogeons-nous ? :
Pourquoi ces militants des causes humanitaires sont-ils restés muets et paralysés lors des massacres en Syrie qu’ils soient commis par Bachar El Hassad ou par les islamistes de Daesch ?
Pourquoi ne les a-t-on pas entendus ou vus pendant les massacres des populations chrétiennes ?
Pourquoi n’ont-ils pas embrassé les autres causes des conflits territoriaux du monde arabe ou d’ailleurs avec les dizaines de milliers de morts par attentats ou guerres ?
Ce qui les motive, ces partisans du BDS, malgré leur dénégation, ce n’est pas tant la cause des palestiniens qui n’est qu’un prétexte, mais la désignation sous-jacente du juif comme ennemi.
-Qu’y participent des militants d’extrême droite, c’est dans l’ordre des choses !
-Que les islamistes radicaux s’en donnent à cœur joie, rien d’étonnant !
-Quant à l’extrême gauche, elle est dans la ligne de ses pères de la fin du 19iè siècle, ceux pour lesquels le juif était symbole du capitalisme et auquel J Jaurès s’était opposé lors de l’affaire Dreyfus, et qu’on retrouve dans le stalinisme, le premier à substituer dans sa terminologie « juif » par «  sioniste » !
Leurs émules actuelles ont bien retenu la leçon !
Quant à ceux qui suivent, pour des raisons humanitaires, on peut comprendre ceux qui les désignent comme « idiots utiles ».
 
Dans notre région, en dehors des actions BDS dans les supermarchés, pharmacies ou magasins de produits de beauté on a assisté à des tentatives de boycott culturel et sportif.
Ainsi, à l’occasion à nouveau de la Biennale de la Danse, dont la directrice avait invité le ballet Israélien de Roy Assaf à se produire dans trois villes de la Métropole, une tentative de boycott a été organisée. Elle fut finalement déboutée par les maires de ces trois villes. S’appuyant sur l’arrêt de la cour de cassation du 30 octobre 2015, faisant suite à la circulaire Alliot Marie de 2010 sur la discrimination, Monsieur Delpuesch Préfet de région, a empêché cette opération de Boycott par la publication d’un arrêté préfectoral.
Qu’il en soit ici remercié.
Malheureusement, malgré cet arrêt de la cour de cassation, les appels au boycott et les opérations coups de poings continuent.
Une municipalité de la région, Clermont Ferrand, a même voté un vœu en sa faveur.
 
D’aucuns me diront, mais pourquoi accorder tant de place dans ce propos au BDS ? Après tout, ce sujet  ne concerne qu’Israël ! 
Mais parce qu’enfin, quand va-t-on prendre conscience de ce que le BDS et avec lui cette obsession anti israélienne qui hante une partie de notre classe politico médiatique, alimentent beaucoup des tensions communautaires, voire plus.
Faut-il rappeler Mérah qui assassina à Toulouse au nom de la cause palestinienne ?
Faut-il rappeler Couli bali à l’Hyper casher qui en fit de même ?
 
Pardonnez-moi, Monsieur le Ministre, mais je voudrais encore quelques instants revenir sur cette obsession d’Israël, qui je dois vous le dire, n’en finit pas de nous interpeller… et en particulier au niveau des instances internationales.
Certains naïfs voudraient nous faire croire qu’en réglant le conflit Israélo Palestinien, on apportera la paix dans le monde et on réglera du même coup nos problèmes intérieurs ! Malheureusement, ce conflit-là, que nous rêvons tous de régler, est bien trop souvent le « cache sexe international » de notre incapacité à faire face à d’autres périls ailleurs dans le monde. 
Et encore faudrait-il que dans ces débats la vérité, l’un de ces trois piliers du monde d’après le talmud, soit au rendez-vous…
 
- Il y a eu, le vote de l’Unesco. Par deux fois cette année, l’UNESCO a gommé l’histoire juive de Jérusalem et malheureusement la France a mêlé sa voix à cette grotesque réécriture du Passé ! La première fois nous a-t-on dit par erreur, la deuxième fois en s’abstenant… Notre France des lumières ! 
-Il y a eu la résolution 2334 du conseil de sécurité de l’ONU adoptée le 23 décembre dernier qui s’est voulue équilibrée en condamnant de concert la colonisation des territoires et les actes terroristes des palestiniens comme étant des obstacles à la paix. 
Mais par contre, cette condamnation d’Israël ne revenait ni sur les refus réitérés d’Arafat et de Mahmoud Abbas depuis camp David 2 de la moindre concession, ni sur le refus d’Abbas de reconnaître le caractère juif de l’état d’Israël.
 -Je vous épargnerai le sujet de la conférence pour la paix organisée par la France à Paris, le 15 janvier dernier, en l’absence d’Israël et des palestiniens…tant son importance a été soulignée à l’unanimité !
-Quant aux instances européennes elles n’ont, comme on le sait, aucun souci avec la croissance en Europe, la situation économique des pays du sud, le brexit, la crise des émigrés, les frontières de Schengen, la montée des populismes, et pourtant ont pour priorité la provenance des produits venant d’Israël, de Judée Samarie et du Golan, bien sûr ici dans un souci de vérité vis-à-vis des consommateurs !
Mais pourquoi les consommateurs n’ont-ils pas ce même droit pour d’autres produits venant d’autres territoires contestés dans le monde ?
Malheureusement là encore sur ce sujet, la France s’est encore tristement distinguée en faisant parti des premiers pays européens à mettre en œuvre cette proposition européenne en instant l’étiquetage des produits en provenance d’Israël.
N’y a-t- il pas, Monsieur le Ministre, une contradiction flagrante à d’une main soutenir une loi contre la discrimination, et de l’autre alimenter l’argumentaire, pour le moins discutable, de ceux qui prônent le boycott et ainsi, nourrir un climat à l’opposé de ce que beaucoup ont convenu d’appeler le « Vivre ensemble » 
Mais ce « Vivre ensemble », pilier Concorde dans le Talmud, le CRIF ARA aime à croire qu’il est possible et essaie de le promouvoir par des actes.
Ainsi, avons-nous organisé à Lyon une journée sur le « Faire ensemble pour le vivre ensemble »
Je remercie ici Monsieur G.Collomb , Président de la Métropole, et toute son équipe de nous avoir accompagnés pour l’organisation de ce colloque et d’avoir mis à notre disposition l’amphithéâtre de l’Hôtel de la Métropole.
Plus d’une dizaine d’associations de divers horizons ont pu mettre en lumière leurs actions et montrer, témoignages à l’appui, comment par le biais du soutien scolaire, du dialogue interreligieux, du sport, de la cuisine et de la danse, des liens et des dialogues pouvaient se nouer. 
Monsieur Clavreul, Président de la DILCRA, Georges Kepenekian premier adjoint à la ville de Lyon et Madame la Ministre Hélène Geoffroy, secrétaire d’état à la Ville, nous ont fait l’honneur d’introduire et de conclure cette journée.
Dans le cadre du plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme que la DILCRA a signé avec la Mairie de Vaulx en Vélin, le CRIF ARA a obtenu qu’une soirée du Festival annuel de jazz soit dédiée à la musique Kletzmer. L’objectif était de montrer comment juifs émigrés et noirs américains avaient pu associer leurs difficultés et rebondir ensemble dans la création musicale.
 Une petite pierre à l’édifice contre ceux qui cherchent à surfer sur la compétition des mémoires !...
Le travail de mémoire avec des élèves de toutes origines, dont certains provenant de quartiers dits difficiles, participe aussi à ce vivre ensemble.
Le CRIF ARA est partie prenante dans la promotion de voyages d’élèves de certains collèges ou lycées professionnels sur des lieux de mémoire, et notamment au mémorial de la maison d’Izieu. 
Je salue ici Madame Baya, l’équipe enseignante de l’ORT et Monsieur Hubert Boulet du Souvenir Français qui tous, à leur niveau, se sont investis pour cette action. 
Nous espérons poursuivre cette année dans cette voie et notamment, avec d’autres lieux de mémoire comme le Chambon sur Lignon ou le camp des milles. Je me tourne d’ailleurs vers Monsieur le Président du CRCM, Cher Benaissa, et Monsieur le recteur de la grande mosquée de Lyon pour qu’enfin nous l’organisions avec des jeunes et leurs familles…car, de mon point de vue, c’est aussi dans les familles que cela se joue !
 
Lyon pendant la guerre a été un lieu de refuge notamment pour grand nombre de juifs, et un haut lieu de résistance. De ce fait, ce fut aussi un lieu où la répression Vichyste et nazi a fait de nombreuses victimes.
Lyon et les communes environnantes honorent chaque année ces victimes. 
Très régulièrement, et nous en remercions Madame la rectrice de l’académie et ses collaborateurs, des élèves y participent et font avec leurs enseignants un travail préparatoire à l’occasion de ces commémorations. C’est notamment le cas rue Ste Catherine où parmi les 84 juifs raflés en février 1943 se trouvaient le Père de Robert Badinter, votre illustre prédécesseur, Monsieur le Ministre, Place Vendôme.
Nous remercions les équipes municipales et les équipes pédagogiques qui permettent à ces commémorations d’être une mémoire vivante contribuant, maillon par maillon, à construire une chaîne entre les générations. 
Le troisième pilier dont parle le Talmud est celui de la justice.
Nous l’avons déjà évoqué lorsque nous avons abordé le BDS avec l’arrêté de la cour de cassation
Ici à Lyon, nous pouvons constater l’excellence de nos relations avec les autorités judiciaires, notamment pour le suivi des actes antisémites initié, après la loi Perben, par Monsieur le Procureur Jean-olivier Viout et poursuivi avec Madame La Procureur Générale Madame Moisson…
Nous nous félicitons aussi que Lyon soit la première ville en région, à avoir signé une convention entre la Cour d’appel et le Mémorial de la shoah.
L’objet de cette convention est la proposition de stages de 2 jours d’apprentissage sur un lieu de mémoire comme outil judiciaire en alternative aux poursuites pour des actes en lien avec le racisme, l’antisémitisme et toutes formes de discrimination.
 
Mais je voudrais surtout rendre hommage à la justice de notre pays, car ils ne sont pas si nombreux les pays où le droit est le même pour tous, le faible comme le puissant, où l’état de droit prévaut !
La France, comme Israël, en font partie.
Ici un ministre a été condamné, comme là-bas.
Ici, on peut condamner un policier qui, même dans des conditions difficiles, a dépassé sa mission, comme là-bas un soldat vient d’être condamné pour avoir aussi dans des conditions périlleuses dépassé sa mission !
 
Si vous me le permettez, Monsieur le Ministre, je profiterai de votre présence parmi nous pour vous adresser quelques interrogations qui, en matière de justice, intéressent nombre de nos concitoyens.
Pourquoi le mouvement salafiste n’est –il pas considéré comme une secte au même titre que le sont les témoins de Jéhovah et l’église de scientologie ?
Notre arsenal juridique dont relèvent les djihadistes, voir les familles de djihadistes avec des enfants déjà radicalisés, de retour de Syrie, d’Irak ou d’ailleurs, est-il adapté pour garantir notre sécurité ?
Alors qu’il a été facile de promulguer une loi à l’encontre des sites internet qui, de façon déguisée, s’opposent à l’avortement, pourquoi est-il si difficile de lutter contre les sites de haine négationnistes, antisionistes, racistes qui fleurissent sous la protection de la liberté d’expression ?
La préservation d’une justice rigoureuse est un devoir dans une démocratie et nous devons être prêts à la défendre si par malheur la vague populiste tant à la mode, en Europe et ailleurs, venait à déferler dans notre pays… !
 
 
Monsieur le ministre, je sais que vous n’en avez pas encore eu le temps, mais je suis sûre que vous ne manquerez pas de regarder la couverture de notre plaquette annuelle. Vous verrez alors que le palais de justice de Lyon y figure en première place ce qui n’est bien sûr pas un hasard !... Un clin d’œil à votre venue 
Mais aussi, un rappel que ce lieu fut le théâtre du procès Barbie, premier procès en France pour crime contre l’humanité.
 Nous nous apprêtons cette année à en commémorer les 30 ans et je remercie d’ores et déjà tous ceux qui s’investissent activement à nos côtés pour l’organisation de cet évènement, et en particulier, Monsieur le Procureur Jean Olivier Viout, alors procureur pendant ce procès. 
Sans en parler trop en détail ce soir, nous avons tous à l’esprit et non sans une certaine angoisse les échéances qui se présentent à nous ces prochains mois. 
Après tous les rebondissements politiques et géo stratégiques que nous avons connus en 2016, notre plus grande certitude reste l’incertitude. 
C’est pourquoi je souhaite livrer à votre réflexion, en guise d’hommage, des paroles, oh combien, d’actualité prononcées par trois des plus grandes figures politiques et morales du siècle dernier, qui nous ont quittés cette année, à quelques semaines d’intervalle.
 Avec eux, des témoignages disparaissent à jamais, des voix s’éteignent, mais leur sagesse peut continuer de nous éclairer face à un avenir qui risque de s’assombrir. 
Emre Kertejz, juif hongrois, survivant d’Auschwitz, prix Nobel de littérature qui a écrit « dans les sociétés totalitaires, le consentement au meurtre va de pair avec le renoncement à la vérité. »
Elie Wiesel, né en Roumanie, survivant des camps de la mort, prix Nobel de la paix qui a dit « ceux qui ne connaissent pas leur histoire s’exposent à ce qu’elle recommence. »
Shimon Pères, né en Pologne, infatigable artisan pour la paix en Israël, prix Nobel de la paix qui a dit 
« Aujourd’hui l’égalité des droits, c’est le droit pour chacun d’être différent, celui qui opte pour la discrimination a perdu. »
 
Je vous remercie