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Publié le 9 Mars 2017

#Crif - La Commission d’Etudes Politiques du Crif a reçu Monsieur Jean Marie Guenois, Rédacteur en Chef au Figaro

La Commission d’Etudes Politiques du CRIF (Professeur Raoul GHOZLAN) a reçu Monsieur Jean Marie GUENOIS, Rédacteur en Chef et chroniqueur religieux au Figaro, pour parler de « la Religion au cœur de l’Election Présidentielle ».

Il a été rappelé que Jean Marie Guenois a été à Rome et au Vatican pendant de nombreuses années.Il a dirigé une agence de presse dédiée au Vatican, il a collaboré pendant 10 ans au quotidien La Croix, il a présenté une émission télévisée le dimanche produite par le Jour du Seigneur et le journal La Croix, et maintenant anime l’émission sur la chaine K.T.O.Enfin il a publié chez JC Lattes un livre sur Benoit XVI : « le Pape qui ne devait pas être élu » et sur le pape François « jusqu’où ira le pape François ? »

Plus récemment, il apublié dans le Figaro une très belle interview du Grand Rabbin de France Haïm Korsia, et un compte rendu du diner du CRIF.

 

Il a rappelé l’extrême sensibilité du sujet de la laïcité en France et donc dans la campagne électorale avec une anecdote sur la commémoration - en 2005 - de la loi de 1905 : Jacques CHIRAC, alors Président de la République avait donné des consignes internes précises pour minimiser cette commémoration.

 

Aujourd’hui, l’essentiel du problème de la laïcité - et donc de l’actuelle campagne présidentielle- est lié à l’Islam, qui est lui-même lié à l’immigration, avec la problématique sous-jacente du colonialisme. Cela fonde une dynamique qui remet en question l’identité françaisemais aussi des fondamentaux que l’on pensait acquis : égalité Homme-Femme, liberté de la conscience, démocratie. Quant auxattentats revendiqués au nom de l’islam, ils bousculent la question de la violence et de la sécurité.

 

Mais un silence avait fini par s’imposer sur ces sujets. En parler vous faisait immédiatement accuser de faire le jeu du Front National ou de renouer avec la logique néocolonialiste. Par exemple, lors de la première réunion de l’instance de dialogue avec l’Islam, I, de « radicalisation » pour ne pas indisposer les invités musulmans. Il aura fallu attendre les morts des attentats pour que le Ministère de l’Intérieur fixe le problème de la radicalisation comme thème de la seconde réunion en mars 2016.

 

Il faut aussi signaler le dernier ouvrage de Jean Birnbaum , rédacteur en chef du supplément littéraire du journal le Monde, dans lequel il dénonce la complicité intellectuelle entre une certaine gauche intellectuelle et l’Islam (l’Islamo-gauchisme) : « un silence religieux » (Seuil). Ce livre a fait date car il osé nommer le tabou qui empêchait bon nombre d’intellectuels de penser des nouveaux problèmes posés notamment par certains musulmans au nom de l’islam..Il a rappelé aussi le courage de Pascal Bruckner et de son combat contre le CCIF (ardent défenseur de la lutte contre l’islamophobie)

 

Enfin, l’assassinat du Père Hamel en juillet 2016 a constitué un électrochoc dans la conscience des Français.

 

La campagne des primaires, à droite comme à gauche, puis la campagne présidentielle s’est donc ouverte dans un climat nouveau sur le thème de la laïcité, beaucoup plus libéré.

 

La gauche a fait de François Fillon son épouvantail en l’accusant, à la fin de l’année 2016, d’être un « catholique » et de devoir son statut de finaliste de la primaire à un vote massif des catholiques. Ce qui n’est pas exact, selon Jean-Marie Guénois car ces croyants « cathos » votent comme des citoyens et non comme des religieux. A gauche, « la laïcité », suite à la poussée du choc des attentats,est devenue un débat plus ouvert sur l’islam. Le tabou est donc maintenant tombé : il est possible de parler rationnellement des questions posées par l’islam sans être taxé de faire le jeu du Front National.

 

Ce qui amène au constat suivant : comme jamais dans une campagne présidentielle – et avant le surgissement des « affaires » qui couvre aujourd’hui le débat – la question de l’attitude des candidats et des programmes, face à l’islam, a été nettement posée.

 

C’est ainsi que le mot d’ordre quant à l’application de la loi de 1905 face à l’islam, chez tous les candidats, est « fermeté »

Les candidats de droite et d’extrême droite, Fillon et Le Pen, ajoutent au mot « fermeté » celui « d’intransigeance ». Les candidats, Benoit Hamon et Emmanuel Macron collent au mot « fermeté » celui « d’accommodement » selon les situations, notamment sur le voile.

 

J M Guenois a rappelé que les musulmans votent en général à gauche pour 80% d’entre eux. Pour ce qui est du vote pour le Front National il,l a noté que les contrefeux institutionnels émis par des religieux (Conférence des Evêques, Consistoire…), « ne votez pas FN » n’avaient pas d’influences réelles car les croyants en France sont largement émancipés des recommandations politiques des instances religieuses, et qu’ils votaient en citoyens.

 

Enfin il a insisté sur un phénomène beaucoup plus puissant à terme pour la société française que le choc des attentats commis au nom de l’islam : celui  de la normalisation de l’islam en France qui va devenir, à moyen terme, la religion la plus pratiquée en France compte tenu de l’effondrement lent de la pratique catholique.

 

Même si la culture française sera toujours dominée par la philosophie des Lumières, et donc par la laïcité et par un inconscient très marqué par le catholicisme, l’islam par sa revendication constante à l’expression publique de sa religiosité va devenir le sujet religieux numéro 1 de la société française. Et sur les questions de laïcité, tout sera pensé et décidé avant tout, en fonction de lui.