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Publié le 25 Mars 2019

Crif - La Commission pour les relations avec les musulmans a reçu deux invités de marque pour "une conférence à deux voix"

La commission pour les relations avec les musulmans a reçu, mardi 12 mars deux invités, un musulman et un juif, pour une « conférence à deux voix » sur le thème « Violence et religions »

Ghaleb Bencheikh est une personnalité très connue de l’Islam de France. Il a reçu une formation scientifique mais aussi une formation philosophique et théologique. Il anime l’émission « Islam » sur France 2 le dimanche matin, depuis près de 20 ans mais aussi l’émission « Questions d’islam » sur France Culture. Islamologue, déjà auteur d’une dizaine d’ouvrages, sa compétence vient de recevoir une consécration méritée avec sa nomination comme président de la « Fondation de l’Islam de France ». Enfin, c’est un infatigable militant du dialogue interreligieux, il préside en particulier la branche française de la Conférence Mondiale des religions pour la paix.

Pour lui, l’islam (religion) comme l’Islam (civilisation) vivent plusieurs crises. Il faut absolument « désacraliser la violence qui ne peut être commandée par la transcendance ». Il ne suffit pas de dire que « l’islam est une religion de paix et d’amour », lorsqu’on a vu exhumer des traités de polémologie très anciens. A propos de l’accusation récurrente relative aux passages belligènes dans la révélation coranique, il faut relativiser leur nombre (environ 70 versets sur plus de 6000). En ce qui concerne les relations interreligieuses, il juge non fondée historiquement l’opposition « judéo-chrétiens » d’un côté et musulmans de l’autre. Il mentionne aussi Meïr Ben Acher, professeur à l’Université de Jérusalem, dont l’étude du Coran a démontré qu’il n’y est pas commandé de « tuer les juifs ».

Hervé-élie Bokobza a reçu une formation supérieure rabbinique en France et aux Etats-Unis et a publié quatre ouvrages en hébreu consacrés au Talmud et aux Sages d’Israël. Il est enseignant auprès de plusieurs centres d’études juives, chrétiennes et universitaires, et s’investit beaucoup dans le dialogue interreligieux. Le rapport du peuple juif aux autres nations est un fil rouge dans son travail, avec en particulier deux ouvrages, « Israël-Palestine, la paix à la lumière de la Torah », et « L’autre, l’image de l’étranger dans le Judaïsme ». Il vient de publier un nouveau livre, « De la violence juive », aux éditions Saint-Léger, où il s’interroge sur ce qui pourrait justifier la violence si on faisait une lecture littérale de la Torah.

Il nous a rappelé la tradition juive de modération, le Maharal de Prague ayant dit « Toute vérité est au centre ». Ce n’est pas le texte qui fait la violence, mais le lecteur. La Halakha, qui permet d’interpréter les textes en vue de leur application, est une méthode d’approche intellectuelle unique, qui guide et évite la lecture purement littérale de la Torah. Par ailleurs, la destruction du Royaume juif antique, et donc la disparition du Sanhédrin chargé d’appliquer les lois religieuses, rendent impossible l’application des lois de la Torah qui ont un lien avec la violence. La tradition juive interdit aussi la reconstruction humaine du Temple, qui est appelée par certains courants extrémistes.

Une assistance particulièrement nombreuse a écouté cette double présentation, qui a été suivie d’un débat. Le président du Crif, Francis Kalifat et son directeur Robert Ejnes étaient également présents.

Jean Corcos, Président délégué de la commission