Actualités
|
Publié le 3 Novembre 2020

Crif - Vienne, attaquée

Hier soir, le terrorisme frappait Vienne en plein cœur. Ces attaques islamistes ont plongé la capitale autrichienne si vivante dans l'obscurité. Le Crif adresse ses condoléances aux familles des victimes et toute sa solidarité aux Autrichiens.

Le mot du Crif

Le coeur de la capitale autrichienne, si vivante, a été touché par le terrorisme et plongé dans l'obscurité. 

Une série d’attaques s'est déroulée près d’une importante synagogue et de l’Opéra de la capitale autrichienne dans la soirée du lundi 2 novembre. Quatre personnes ont perdu la vie et plusieurs ont été blessées. L’assaillant tué par la police est un sympathisant de l’EI, assure le ministre de l’intérieur autrichien.

Le Crif adresse ses pensées émues aux familles des victimes et sa pleine solidarité aux Autrichiens.

Quatre personnes, ainsi que l’un des auteurs de l’attaque, ont été tuées et quatorze autres blessées, dont sept grièvement, lundi 2 novembre au soir, lors de fusillades à Vienne, la capitale autrichienne. La police locale a évoqué sur Twitter une série d’attaques dans six rues du centre historique, près d’une importante synagogue et de l’Opéra.

Les enquêteurs tentent de déterminer s’il n’y a eu qu’un seul assaillant, alors « que les tirs ont eu lieu en différents endroits », a souligné le ministre de l’intérieur.

L’homme abattu par les forces de l’ordre était un sympathisant de l’organisation Etat islamique (EI), a rapporté mardi matin le ministre de l’intérieur autrichien, Karl Nehammer. « C’est une personne radicalisée qui se sentait proche de l’EI », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. L’assassin avait 20 ans et était d’origine nord-macédonienne. Il avait un casier judiciaire pour activités terroristes, a fait savoir le ministère de l’intérieur. L’homme avait été condamné en avril 2019 à vingt-deux mois de prison pour avoir tenté de rejoindre la Syrie. Il avait été libéré en décembre. 

« Il s’agit clairement d’un attentat islamiste », a déclaré le chancelier conservateur Sebastian Kurz lors d’une courte allocution. « Nous voyons souvent l’Autriche comme un îlot de paix, mais notre monde est tout autre chose que sûr », a-t-il expliqué en parlant d’un « combat entre la civilisation et la barbarie ». « Nos ennemis ne sont pas d’une religion particulière, nos ennemis sont les terroristes et les extrémistes. Nous n’allons pas tomber dans leur piège et diviser notre société », a-t-il ajouté. Les Autrichiens sont invités à respecter une minute de silence à midi.

 

Des contrôles à la frontière tchèque

Les fusillades ont éclaté en tout début de soirée, à quelques heures de l’entrée en vigueur d’un reconfinement pour lutter contre la pandémie de Covid-19. De nombreuses personnes étaient alors présentes en terrasse pour profiter de cette dernière nuit à l’extérieur.

Les motifs de ces fusillades ne sont, pour l’heure, pas connus. « A ce stade, il n’est pas possible de dire si la synagogue était visée », a réagi sur Twitter Oskar Deutsch, le président de la Commaunauté israélite de Vienne (IKG).

Des policiers et des soldats ont été mobilisés pour protéger les bâtiments importants de la capitale, et les enfants ont été dispensés d’école mardi. Sur son compte Twitter, la police viennoise a demandé aux habitants de rester chez eux, de se protéger et de ne pas prendre les transports en commun.

En réaction à cette attaque, la République tchèque a lancé des contrôles à la frontière avec l’Autriche. « La police mène des contrôles des véhicules et des passagers aux postes-frontières avec l’Autriche, une mesure préventive à la suite de l’attaque terroriste à Vienne », a précisé la police tchèque sur Twitter. Vienne se trouve à une centaine de kilomètres de la frontière tchèque. Par ailleurs, l’Allemagne a décidé de renforcer ses contrôles aux frontières avec l’Autriche.

« Nous ne céderons rien »

Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, a condamné « une attaque terroriste répugnante ». « Nous ne nous laisserons jamais intimider par le terrorisme et nous combattrons ces attaques avec tous nos moyens », a-t-il écrit sur Twitter, disant ses pensées pour « les victimes, les blessés et leurs proches ».

Cette attaque a ému toute l’Europe. Ainsi, le président du Conseil européen, Charles Michel, a fait savoir que « l’Europe condamnait avec force cet acte lâche qui viole la vie et nos valeurs humaines ». Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, s’est dite « choquée et attristée ». « L’Europe est totalement solidaire de l’Autriche. Nous sommes plus forts que la haine et la terreur », a-t-elle écrit sur Twitter. « Nous ne devons pas céder à la haine qui cherche à diviser nos sociétés », a, de son côté, déclaré le ministère des affaires étrangères allemand.

Emmanuel Macron a, pour sa part, ajouté que les Français « [partageaient] le choc et la peine du peuple autrichien frappé ce soir par un attentat au cœur de sa capitale, Vienne. Après la France [avec la décapitation d’un enseignant, Samuel Paty, par un islamiste, puis l’attaque à Nice quelques jours plus tard], c’est un pays ami qui est attaqué. C’est notre Europe. Nos ennemis doivent savoir à qui ils ont affaire. Nous ne céderons rien. »

L’Elysée a précisé que M. Macron s’était entretenu dans la soirée avec le chancelier autrichien, à qui il a « exprimé sa totale solidarité, son soutien et proposé l’aide de la France si nécessaire ».

« Nos pensés accompagnent les Autrichiens – nous sommes à vos côtés pour combattre la terreur », a écrit le premier ministre britannique, Boris Johnson, sur Twitter. « Le terrorisme islamiste est notre ennemi commun », lutter contre lui est « notre combat commun », a affirmé de son côté la chancelière allemande, Angela Merkel, selon un Tweet de son porte-parole, exprimant également à l’Autriche sa « solidarité ».

« Il n’y a pas de place pour la haine et la violence dans notre maison européenne commune », a écrit le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, sur Twitter, en italien et en allemand, tandis que le ministre des affaires étrangères italien, Luigi Di Maio, a tweeté que « l’Europe [devait] réagir » après cette « lâche attaque ».

Le président russe, Vladimir Poutine, a « fermement condamné ce crime cruel et cynique, confirmant une fois de plus la nature inhumaine du terrorisme, et s’est dit persuadé que les forces de la terreur ne réussiront à intimider personne, ni à semer la discorde entre les personnes de différentes confessions », a rapporté le Kremlin dans un communiqué.

Un pays épargné

Cette nouvelle attaque, dans une ville où la criminalité est habituellement très faible, intervient dans un climat très tendu en Europe. En France, trois personnes ont été tuées jeudi dans une attaque au couteau à la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice (Alpes-Maritimes) par un jeune Tunisien récemment arrivé en Europe.

 

L’Autriche avait été jusqu’ici été relativement épargnée par la vague d’attentats islamistes survenue en Europe ces dernières années.

En mars 2018, un jeune homme, sympathisant islamiste selon la police, avait attaqué au couteau un membre des forces de l’ordre devant l’ambassade d’Iran à Vienne avant d’être abattu. En juin 2017, un homme né en Tunisie avait tué un couple âgé à Linz. Il avait expliqué avoir voulu faire un exemple, car il se sentait discriminé en tant qu’étranger et musulman.

Les attentats au bilan le plus lourd en Autriche ont fait chaque fois quatre morts : l’attaque du groupe palestinien Abou Nidal contre le comptoir de la compagnie aérienne israélienne El Al à l’aéroport de Vienne (1985), la bombe artisanale posée par le néonazi Franz Fuchs à Oberwart visant la communauté rom (1995), et les lettres piégées envoyées par le même Fuchs (1993-1997).

 

Maintenance

Le site du Crif est actuellement en maintenance