Actualités
|
Publié le 9 Novembre 2018

Crif/Internet - Pour bloquer un site haineux, la justice assigne les principaux fournisseurs d’accès

Au Tribunal de grande instance, le Crif - par les voix de Marc Knobel, son directeur d’études et de Me David-Olivier Kaminski, son avocat -, ont demandé l’arrêt d’un site néonazi, raciste, antisémite et homophobe. France Inter rend compte de l’audience.

Publié le 9 novembre sur le site de France Inter

Le site, intitulé "Démocratie participative" échappe à toutes les poursuites judiciaires : son hébergeur est anonyme, caché derrière des sociétés américaines qui refusent de coopérer avec les autorités françaises. Pas d’autre choix, donc, que de tenter en quelque sorte de couper le robinet, en empêchant sa mise en ligne en France.

Car ce site déverse depuis deux ans des propos orduriers envers les noirs, les arabes, les homosexuels. Des caricatures de juifs au nez crochu. Des montages photo glorifiant Hitler. L'auteur serait un français exilé au Japon, un pays qui n’a pas d’accord d’extradition avec la France. 

Le parquet veut pourtant arriver à tarir ce torrent de haine qui cible toutes les minorités, ainsi que des personnes physiques : le fils de Carla Bruni et Raphael Enthoven, un avocat, une humoriste star de Youtube, ou encore Marc Knobel, historien et membre du Crif :

"J'ai écrit un article pour parler de la Tunisie et du jour au lendemain j'ai vu que l'on me traitait de 'sale juif' avec une photo de moi avec une étoile jaune collée sur le côté droit."

"À la barre j'ai montré l'étoile jaune de mon père parce qu'il la portait quand il avait 11 ans et demi, explique Marc Knobel. Je n'aurais jamais pensé que je doive la montrer et qu'on m'en collerait une, virtuelle celle-là, pas une vraie. J'ai montré l'étoile jaune de mon père parce que ça a un sens et ça porte sens de traumatismes profonds en réalité."

Face à ces victimes et à la dizaine d’associations (Licra, Mrap, SOS Racisme, SOS Homophobie, Ligue des droits de l’homme) présentes pour soutenir la demande du parquet, les fournisseurs d’accès ont assuré qu’ils bloqueraient le site, si la justice le leur ordonne, le 27 novembre prochain. 

Ils ont cependant expliqué ne pas être, au regard de la loi, responsables d’un contenu dont ils ne sont pas les hébergeurs. "On fournit juste l'accès, comme EDF avec l'électricité" a expliqué l'avocat d'Orange. 

Le filtrage, qui prendrait 15 jours à mettre en place, n’a rien d’une solution miracle : le site resterait accessible depuis l’étranger, et pourrait également renaître rapidement en France, sous un autre nom. 

Un combat sans fin ? Sans doute, mais qu'il est impossible de ne pas mener.